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                                 Un tarpé pour mémé 

     

             «  Comme d’hab’, la France est à la traîne... soupire mémé Georgette.

             — De quoi tu parles, mémé ?

             — De cannabis, mon enfant.

             — ?

             — Depuis le 7 février, les Allemands peuvent, sur ordonnance médicale, se procurer du cannabis thérapeutique en pharmacie. »

             J’ouvre des yeux ronds. 

             « Du chichon chez les pharmaciens ?! J’hallucine !

             — Ça traite efficacement de nombreuses maladies : sclérose en plaque, maladie d’Alzheimer, asthme, sida, entre autres... L’IACM (Association internationale pour le cannabis médical), basée en Allemagne, se bat depuis une dizaine d’années pour obtenir cette autorisation. C’est aujourd’hui chose faite.

                     — Se soigner avec du teuch... Ça alors, ça me troue le cul !

             — Oh, ce n’est pas nouveau !  La Californie a ouvert la voie en 1996, suivie par treize états, dont Washington et l’Alaska, puis par le Canada, les Pays-Bas, l’Espagne, la Finlande... En mars 2008, Obama déclarait  officiellement : « Je ne veux pas avoir un département de justice qui persécute et arrête des usagers de marijuana médicale. »

             — Wahou ! T’imagines Sarko sortant ce genre de truc ?

             — Pas vraiment, non. Chez nous, le sujet est toujours tabou. Les publications scientifiques n’abordent pas la question, on n’en débat pas à l’Assemblée, et la France est la grande absente, aux congrès sur les cannabinoïdes.

             — Comment font les malades, alors ?

             — Comme tout le monde : ils en achètent la peau du cul à un dealer ou ils ont leur propre culture — à leurs risques et périls.

             — Et si on les chope ?

             —  Ils l’ont dans le baba.

             —  Comme de vulgaires foncedés ?  

             — Genre... Au fait, t’aurais pas un pote qui pourrait me dépanner ? J’ai encore mes douleurs ! »

     


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                                     Une cellule et un cœur

                                    

             « Enfin une bonne nouvelle ! sourit mémé Georgette.

             — Quelle nouvelle, mémé ?

             — Dans une prison du Lot-et-Garonne, deux détenus pacsés partagent la même cellule.

             — Comment ça ?

             — Ils se sont rencontrés en cabane, se sont aimés, et, en août 2008, ont demandé à être pacsés. Dans la mesure où ils partageaient une adresse commune — condition sinéquanone à cette formalité — , ça leur a été accordé. Et du coup, leur cellule est devenue un p’tit nid d’amour.

             — Des taulards heureux... On aura tout vu !

             — Ouais, et je peux te dire que ça ne plaît pas à tout le monde ! À commencer par Annie Gourgue, présidente de l'association de victimes La Mouette, à Agen. « Si on permet à ces gens une vie sexuelle épanouie, comment voulez-vous que les victimes et les familles puissent être apaisées ? », s’indigne-t-elle.

             — Sympa, la dame !

             — La loi du talion, ça s’appelle. Un reste de barbarie dont nous ne somme pas près d’être débarrassés. Pour que la morale soit sauve, le monde carcéral doit être un enfer — et de fait, il l’est.

             — T’exagères !        

             — À peine ! Dans les prisons française, on dénombre grosso-modo un suicide tous les trois jours, c’est-à-dire sept fois plus qu’en milieu libre. Une augmentation de 200% au cours des vingt dernière années... Mais pour en revenir à nos tourtereaux, souhaitons que leur exemple fasse bouger les choses !

             —  Bouger dans quel sens ?

             — « Dans une France pénitentiaire où la sexualité reste un tabou, cette union est tout un symbole, a déclaré Elsa Dujourdy, juriste à l’OIP (Observatoire international des prisons pour le Sud-Ouest). Quitte à lancer un débat miné, entre gêne morale et vraie question de société. »

             — Ce qui signifie ?

             — Qu’il y a peut-être là l’amorce d’une réflexion sur l’un des aspects le plus inhumains de la détention...

             — L’amour, tu veux dire ?

             — Ach, oui, ma fille : l’amour... Touchours l’amour ! »

     


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                            Outreau ou trop peu

     

             « Non, mais je rêve ! éclate mémé Georgette.

             — Qu’est-ce que t’as, mémé ?

             — Le juge Burgaud vient d’être « réprimandé » par le CSM.

             — Qu’est-ce que ça veut dire ?

             — Qu’on lui a appliqué la peine la plus légère que puisse subir un magistrat.

             — Pour l’affaire de pédophiles où tout le monde était innocent ?

             — Ouais, un monstrueux pataquès : dix-sept personnes en taule, des vies saccagées, un suicide, des parents privés de leurs mômes, salis publiquement, qui traîneront toute leur vie ce cauchemar poisseux... Et lui, l’artisan du désastre, on le « réprimande » !

             — T’aurais préféré qu’on le coffre ?

             — Non, mais au moins qu’on le démette de ses fonctions. Qu’il aille vendre des carottes au lieu de jouer au juge !

             — Bah, l’erreur est humaine.

             — Il y a aussi des cas où elle est inhumaine ! À aucun moment, Fabrice Burgaud n’a montré la moindre compassion envers ceux dont il a brisé l’existence. Pas un mot de regret, pas une excuse. Il est resté « droit dans ses bottes », comme dit la presse. Et pire que ça : aujourd’hui, c’est lui le martyr !

             — Comment ça ?

             — Estimant que cette « réprimande » était imméritée, il fait appel. Et toute une partie de la corporation le soutient. Il y a même, tiens-toi bien, des étudiants de l’école nationale de la magistrature qui veulent donner son nom à leur promotion ! Ils disent qu’il « porte le chapeau » des dysfonctionnements de la Justice... Note bien que, sur ce point, je ne peux pas leur donner tort. Entre les services sociaux, les assistantes maternelles et les psychologues de mes fesses, ils ont été une soixantaine à déconner. Mais bon, c’était lui le chef d’orchestre, c’était à lui de veiller au grain !

             — Pourquoi il l’a pas fait ?

             — L’ambition, ma fille, l’ambition aveugle... Dézinguer un réseau de pédophiles, en début de carrière, ça en jette, pardi, sur une carte de visite ! » 

     


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                              Mon nom est « personne »

     

             « Ben voyons ! explose mémé Georgette, le nez dans son journal.

             — Qu’est-ce que t’as, mémé ?

             — Marre des hommes politiques qui mentent comme ils respirent. Ecoute ce qu’Éric Besson a écrit à ceux qui manifestent contre le délit de solidarité : « Toute personne, particulier, bénévole, association, qui s’est limitée à accueillir, accompagner, héberger des clandestins en situation de détresse, n’est pas concernée par ce délit. En 65 années d’application de cette loi, personne en France n’a jamais été condamné pour avoir seulement accueilli, accompagné ou hébergé un étranger en situation irrégulière ».

             — Ouais, et alors ?

             — C’est des conneries. Le GISTI (groupe d’information et de soutien aux immigrés) a répertorié les condamnations prononcées depuis 1986, et il y en a un sacré paquet ! Ça va de l’amende aux peines de prison, avec ou sans sursis. Et je ne te parle pas des gardes à vue, perquisitions à domicile, mises en examen et autres joyeusetés policières ! En 2004, un chauffeur de taxi a même écopé de 
deux ans d’interdiction d’exercice de sa profession pour avoir transporté des sans-papiers, auxquels il faisait pourtant payer la course !

             — Tu déconnes ?

             — Pas du tout. Ça se passe comme ça, ma fille, au pays des droits de l’homme !

             — Mais... y a pas une loi qui oblige à aider une personne en danger ?

             — Bien sûr que si ! Mais les « étrangers en situation irrégulière » sont-ils des personnes ? That is the question...

             — ?

             — Ce ne serait ni la première, ni la dernière fois que des groupes humains perdraient ce statut ! Les Noirs, les Juifs, les anars, les pédés, les manouches, les handicapés... La notion de « personne » a toujours été très élastique, au cours de l’Histoire ! Ce sont les politicards qui la déterminent, et la flicaille suit.

             — Et nous, mémé, est-ce qu’on est considérées comme des « personnes » ?

    — Pour l’instant, ma chérie, pour l’instant... » 

                   


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                                  PUNCHING GOSSE

                                                    

             — Ils commencent sérieusement à me gonfler, ces cons ! râle mémé Georgette.

             — Qui ça, mémé ?

             — Les journalistes.

             — Qu’est-ce qu’ils t’ont encore fait ?

             — Ils montent en épingle une histoire sordide, qui n’aurait jamais dû sortir du cadre privé.

             — Laquelle ?

             — Celle de la petite Élise.

             — La gamine enlevée par sa mère ?

             — « Enlevée », tout de suite les grands mots ! Comme s’il s’agissait d’une pédophile sérial-killeuse !

             — Le père a quand même été tabassé !

             — Ouais, et la mère arrêtée, tout ça devant la môme. Ça donne envie de gerber, je te l’accorde, mais ne justifie pas le battage médiatique qu’on en fait depuis des semaines !

             — C’est de l’info !

             — Info mon cul ! Moi, j’appelle ça du ragot de bas étages. Que des parents s’arrachent leur môme comme si c’était le pompon du manège, je trouve déjà ça pitoyable. Mais que la télé, la radio, les journaux et le net s’en gargarisent jusqu’à l’overdose, c’est encore pire, à mon avis !

             — T’es marrante, toi ! Si on ne parle pas de ce genre de truc, de quoi veux-tu qu’on parle ?

             — Les sujets ne manquent pas : les injustices sociales, les lois liberticides, les expulsions, les sans-abris, les bavures policières, la Palestine, la Thaïlande, la faim dans le monde... Quant aux abrutis qui utilisent leur fille de trois ans comme punching ball, j’ai une suggestion pour les mettre d’accord une fois pour toutes : on coupe la gosse en deux et on leur en donne la moitié à chacun. Comme le roi Salomon !

             — Mais... t’es complètement folle !

             — Pourquoi ? La petite souffrirait moins, personne ne serait lésé, et en plus, ça nous ferait des vacances.

             Au secours, v’là mémé qui pète encore les plombs ! Faudrait lui interdire le journal télévisé, c’est mauvais pour son Alzheimer !

     


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