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                                              Obscénités

     

    « Je me suis toujours demandé ce qu’on apprenait, à l’école de police, dit le grand Lulu. Maintenant, je le sais.

    — Ah ? On apprend quoi ?

    — À mettre les doigts dans le cul. Si Brassens savait ça ! Lui qui chantait « Le nombril de la femme d’un flic », aujourd’hui, il chanterait  « Le fumet des doigts d’un flic » !

    — Là, t’es carrément dégueulasse !

    — Désolé, mais l’exemple vient d’en-haut. En plus, Alliot-Marie et Rachida Dati approuvent ces méthodes. Elles seraient un peu revanchardes que ça ne m’étonnerait pas. Pour une fois que c’est un mec qui est victime d’une tournante !

    —  Tu parles de l’affaire de Filippis*, je suppose ?

    — Je parle de tous les pauvres types à genoux, le froc sur les chevilles, qui se font humilier par une escouade d’abrutis hilares.

    — T’as raison, je ne voudrais pas être à leur place !

    — Et tu ne connais pas la meilleure ? Pendant ce temps-là, la Justice française — dont la même Rachida est le plus beau fleuron ! — réclame mille euros d’amende à un chanteur punk pour « obscénité » parce qu’il s’est dépoilé sur scène. »

     Moi, ça me fait marrer. Lulu pas.

    « Et de vouloir foutre des mômes de douze ans en taule, c’est pas obscène, peut-être ? explose-t-il.

    — Euh…

    — Et la brigade des stups qui envoie ses clébards renifler les collégiens, c’est pas obscène ? Et les flics qui déboulent dans une maternelle pour embarquer les mômes des sans-papiers, c’est pas obscène ? Mais qu’est-ce qui est obscène, alors ? Tu peux me le dire ?

    —  Le zizi. 

    —  Ben voyons… », soupire le grand Lulu.

    Et on voit bien qu’il a les boules.

     

    * : http://www.liberation.fr/medias/2008/11/28/un-ex-pdg-de-liberation-brutalement-interpelle-a-son-domicile_260390

     


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  •                               MA CABANE AU CANADA

     

    « Fini, dit le grand Lulu d’un air découragé.

    — Qu’est-ce qui est fini ?

    — La cabane dans les bois dont on a tous rêvé...

    — Pourquoi ?

    — Pour protéger l’environnement, soi-disant. Le décret 2007-18, qui fait suite à l’ordonnance 2005-1527, interdit la construction de cabanes, même sur son propre terrain. D’ailleurs, les caravanes, les mobil-homes, les yourtes et les tipis sont prohibés aussi... 

    —  Mais... c’est complètement nul !

    — D’autant que ça arrive, comme par hasard, en pleine crise du logement. Or, si 70% de ces habitats précaires sont des résidences secondaires, 30% sont occupés à temps plein, dont 5% par des familles sous le seuil de pauvreté. Dix mille personnes, rien que dans l’Hérault !

    —  Et qu’est-ce qui se passe, alors ? La police les vire ?

    — Exactement : six mois pour dégager, sous peine d’une astreinte de 50¤  par jour de retard. Et c’est d’autant plus absurde que les caisses d’allocations familiale, elles, versent des APL aux familles en difficulté qui louent des mobil-homes !

    — Et où vont les gens expulsés ?

    — Dans des HLM et des foyers d’accueil... quand ils en trouvent ! Ou sinon, à la rue. C’est comme ça qu’on fabrique de nouveaux SDF. Tu sais, ces SDF dont notre cher président nous avait assuré qu’aucun ne mourrait plus de froid, après son élection — et qui tombent comme des mouches, depuis début novembre. »

    Le grand Lulu pousse un profond soupir.

    « Quand je pense à mes potes écolos qui avaient choisi ce mode de vie en accord avec la nature, loin du consumérisme et de la pollution… Eux aussi, ils l’ont dans le baba ! »

     


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                        BIG PARANO

     

    «  Pauvre Sarkozy », dit le grand Lulu.

    J’ouvre des yeux ronds.

    « Tu le plains, maintenant ? Je croyais que tu le détestais !

    — Mets-toi à sa place : être changé en pelote d’épingles, ça bafoue la dignité humaine ! Il a bien fait d’attaquer en justice.

    — Tu parles des poupées Vaudou ?

    — Oui... Tu imagines le sentiment d’insécurité qu’il doit éprouver, en sachant que son image — ou toute autre information le concernant — peut être utilisée contre lui, à son insu ? Et pas par des gens qui lui veulent du bien, a priori...

    — C’est vrai que ça fout les jetons ! 

    — Remarque, Johnny Hallyday et Jamel Debbouze sont dans le même cas ...

    —  Ils ont leur poupée, eux aussi ?

    — En quelque sorte : ils sont fichés. Toutes leurs petites conneries sont répertoriées, depuis leur adolescence. Du coup, au moindre pet des travers, on peut les « épingler ». 

    — Oh, le jeu de mot foireux !

    — Quand on sait l’utilisation qui est faite de ces fichiers dans les états totalitaires — arrestations arbitraires, déportations, exterminations, épurations, génocides, et j’en passe —, là, oui, vraiment, on a les jetons. D’autant que ce genre de régime, personne n’est à l’abri…

    — Pauvre Johnny Hallyday !

    — Il n’est pas tout seul, rassure toi : quinze millions de citoyens lui tiennent compagnie dans le fichier Edvige, vingt-trois millions dans le STIC, sans compter ceux qu’on ne connaît pas. Bref, quasiment tout le monde a sa petite fiche — sauf un certain nombre d’hommes politiques, dont, je présume, notre cher président. Lui, il a juste droit à une poupée de chiffon. C’est plus joli, plus kitch, et nettement moins dangereux !

    — Et ça bafoue moins la dignité humaine !

    — Comme tu dis.

    — Faudrait tous porter plainte, à la limite. Tu crois qu’on gagnerait ?

    — Non, mais ça serait sûrement inscrit sur nos petites fiches, et ressorti à l’occasion… On en a gazé pour moins que ça ! »


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                 Du remue-ménage dans les cimetières

     

    « Mémé, c’est quoi, une pantoufle de vair ?

    — Une sorte de charentaise.

    — Cendrillon est allée au bal en charentaises ? Tu déconnes !

    — C’est la faute à Balzac et Littré. Ils ont rectifié le texte de Perrault qui, lui, avait bien écrit « verre ».

    — Mais… pourquoi ?

    — Ces deux balourds se sont dit : « Une pantoufle de verre ? Mais c’est impossible, voyons ! Personne ne peut marcher avec un truc pareil ! », et ils ont remplacé le verre féérique par du « vair » — une fourrure d’écureuil que plus personne ne connaît. Tu imagines une princesse avec des chaussons en fourrure, toi ? Et pourquoi pas des bigoudis ? »

    On a bien rigolé, puis mémé Georgette a remarqué :

    « Sans compter que la fourrure, c’est extensible. On gagne facilement deux ou trois pointures, en forçant un peu. Donc, l’histoire tombe à l’eau.

    — C’est nul !

    — Comme tu dis. Aujourd’hui encore, on retrouve cette contre-vérité dans tous les bouquins de contes. Et je suis sûre qu’à chaque fois, Charles Perrault se retourne dans sa tombe…

    — Faut rien exagérer : une faute d’orthographe, ce n’est pas très grave !

    — Non, t’as raison. Et s’approprier l’œuvre d’un auteur tout en trahissant sa pensée, ce n’est pas grave non plus. C’est même très tendance, en ce moment, chez certains écriveurs. On met, par exemple, Voltaire dans le titre d’un livre, et hop ! aux yeux du public, il devient voltairien. Le problème, c’est que Voltaire a écrit cette phrase magnifique : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous puissiez le dire ».

    — Et alors ?

    —Je ne suis pas vraiment sûre que l’écriveur en question mette ce précepte en pratique… Pauvre Voltaire ! Encore un qui doit se retourner dans sa tombe !

    — Eh ben dis donc, il y en a, du remue-ménage dans les cimetières ! »

     


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                                       SPÉCIAL FOLKLORE 

     

             « Pourquoi tu te marres, mémé ?

    —À cause du caca clan.

    —Du quoi ?

    — Du K.K. Klan. Avec l’élection d’Obama, fallait s’attendre à ce qu’il se réveille ! Donc, dans un bled de Louisiane, une nana, bien décidée à bouffer du négro, s’inscrit au bureau de recrutement local. Je sais pas en quoi consiste leur intronisation, à ces tordus, mais apparemment, ça tient plus du bizutage estudiantin que du rituel maçonnique. Bref, la nana menace de porter plainte...

    — Et alors ?

    —  On a retrouvé son cadavre au bord d’une route, à poil et salement amoché. Allez hop ! une crapule de moins ! Tant qu’ils se tuent entre eux, ils ne font chier personne ! »

    Morte de rire, ma mémé !

    « J’en ai une autre bien bonne, continue-t-elle entre deux gloussements. Tu te rappelles l’orphelinat de l’horreur ?

    — C’est quoi, ça ? Un film gore ?

    — Meunon, un fait-divers qui a défrayé la chronique, le mois dernier. Des gamins auraient été torturés dans les caves d’un pensionnat de Jersey, entre 1960 et 1980. L’info a provoqué une émotion terrible, en Angleterre. Tous les médias y sont allés de leur scénario, avec surenchère de détails ignobles — ce qui a fait grimper l’audimat en flèche. Le top, c’est quand les enquêteurs ont découvert un crâne d’enfant, enterré dans le jardin. Du coup, la police, sous la pression de l’opinion publique, a sorti l’artillerie lourde : grues, pelleteuses, foreuses, etc. Coût de l’opération : dix millions d’euros.

    — Je vois pas ce que ça a de drôle !

    — Ben... aux dernières nouvelles, il n’y aurait eu ni morts suspectes, ni tortures. Juste quelques châtiments corporels vaguement pédophiles, dans la grande tradition des collèges britanniques.

    — Et le crâne ?

    — Tiens-toi bien : c’était une noix de coco.

    — Oh, la hooonte !

    — Honte ou pas, grâce à cette affaire, les sujets de Sa Gracieuse Majesté ont oublié la crise durant quelques semaines. Ça sert à ça, le folklore ! »

             


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