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    3 et 4 octobre 2009. Salon du livre de Gaillac, en compagnie de Maya.

    Petit détail amusant : le livre qui est à l'avant-plan, "Une princesse dans

    la classe", paru en 2007 aux éditions Glénat, lui est dédié.

     

    Gudule et Maya

    (photo : DomFelga)

     

     

     

    La maman de Maya était de la fête, elle dédicaçait "l'ange ordinaire",

    une BD étonnante avec Olivier Ka au scénario.

     

    L'ange ordinaire

     

     


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    J'ai raconté cette petite histoire en avant-propos de mon livre "Les filles mortes se ramassent au scalpel", paru en janvier* aux éditions Bragelonne. Peut-être intéressera-t-elle certains d'entre vous ? 

    (* 2009, N. Du Castor) 

     

     

                                  Les tribulations d’un manuscrit maudit

     

             Parmi les huit romans publiés dans ce recueil, il en est un dont l’histoire mérite d’être racontée. Ouvrez toutes grandes vos oreilles et écoutez, vous n’aurez pas souvent l’occasion d’en entendre de semblables !

             En 1989, Claude G., qui était mon éditeur chez Syros, passe à la concurrence — c'est-à-dire qu'il devient directeur de la collection Page Blanche  chez Gallimard. Belle promotion pour lui... et pour moi, lorsqu'il me téléphone pour me demander un texte ! Page Blanche  est une collection prestigieuse, destinée aux ados et traitant, généralement, de graves sujets de société. Tout à fait mon trip de l'époque ! Claude me dit : « Quel thème as-tu envie d'aborder ? », et moi, du tac au tac : « La maladie mentale ». Claude applaudit et me donne le feu vert. Je démarre donc sur les chapeaux de roue et, un mois plus tard, après m'être fait bien mal (je pleurais toute seule en écrivant), je lui présente : Un crâne truqué  dont je ne suis pas peu fière. L'histoire est inspirée par une mésaventure arrivée à l’une de mes copines, dans son adolescence. En gros : une gamine de 15 ans tombe amoureuse de son prof d'art plastique, Raphaël, et le drague ouvertement. Un jour, il disparaît de la circulation et elle apprend qu'il est à l'HP. Elle se persuade que c'est l'ex-femme du prof qui l'a fait enfermer pour le soustraire à ses avances et, avec l'aide de sa meilleure amie, décide de « l'enlever ». Elle se retrouve alors avec, sur les bras, une sorte de gros poupon débile qui, après l'avoir émue, lui fait horreur. Sa belle épopée a tourné au cauchemar. Elle n'aura d'autre choix que d'appeler sa mère à la rescousse pour que tout rentre dans l'ordre.

             Claude aime beaucoup ce roman, me demande un certain nombre de modifications — dont un changement de titre ; le livre s'intitulera Un peu, beaucoup, à la folie. Il m'envoie mon contrat, puis me fait rencontrer les représentants de la boîte, leur parlant élogieusement du futur livre et les mettant en contact avec l'attachée de presse de chez Denoël où je dois sortir, en même temps, Amazonie-sur-Seine. Bref, tout baigne.

             — Tu recevras tes épreuves d'ici une semaine, m'annonce-t-il. Ainsi que les projets de couverture sur lesquels travaille actuellement notre illustrateur.

             Une semaine passe ; je ne vois rien venir. Une deuxième semaine ; toujours rien. Au bout de la troisième, j'appelle pour avoir des nouvelles, et Claude, très embarrassé, me dit :

             — Heureusement que tu me téléphones car je n'osais pas le faire moi-même. Suite à la plainte d'une correctrice qui trouvait ton texte trop osé, le grand patron y a mis le nez et a crié au scandale. Il a tout arrêté. J'ai failli donner ma démission par solidarité, mais j'y ai renoncé : j'ai besoin de ce boulot, tu comprends ?

             Je pleure toutes les larmes de mon corps, récupère le manuscrit litigieux, la moitié de l'à-valoir que Gallimard est tenu de me verser, et je vais me faire pendre ailleurs.

             Enfin, quand je dis ailleurs... Où ? Qui voudra d'un texte aussi (involontairement) subversif ?

             Une chance, j'en parle autour de moi et, quelques mois plus tard, je reçois un courrier de Perrine C., auteure d'albums pour tout-petits, qui a eu vent de l'affaire. Une obscure maison d’édition, qui jusque là ne publiait que des documentaires, se lance dans l’édition jeunesse et l’a bombardée directrice de collection. Elle cherche des manuscrits de qualité — d'autant qu'elle a un dossier à déposer au CNL pour obtenir une subvention, et que ça urge.

             Je lui envoie Un peu, beaucoup, à la folie  qu'elle lit dans les huit jours. Elle adore ! Néanmoins, elle me demande de retirer le dernier chapitre, qu'elle estime trop désespéré, et de changer mon titre, trop long à son goût. Désormais, ce sera : À la folie. Je dis banco, et je reçois mon contrat ainsi qu'un petit à-valoir. Le dossier part au CNL, est accepté sur la foi de mon texte... et la maison d’édition, après un étude de marché, renonce à son projet, jugé trop peu rentable. Me revoilà avec le manuscrit sur les bras.

             Le temps passe. Un beau matin, on m'appelle de chez Syros. Virginie L., qui dirige la mythique collection Souris Noire, veut me voir. En fait, elle a un grand projet : la création d'une collection « qui ne prend pas les ados pour des cons ». De vrais romans, éventuellement durs, non des produits débilisants comme il en sort de plus en plus. Je lui parle de À la folie  dont le sujet l'enthousiasme. Un seul petit problème : son format. Il fait un peu plus de 200.000 signes et le calibrage de L'Arrache-cœur (sa future collection) est inférieur à 100.000. Qu'à cela ne tienne ! Je cisaille, tranche, élague, et réduit mon texte de moitié — ce qui lui donne, selon moi, une force inattendue. Très contente, j'apporte la nouvelle mouture chez Syros, et la nuit suivante, à deux heures du matin, un coup de fil me réveille. C'est Virginie, en larmes. Elle vient de terminer mon manuscrit et est bouleversée. Le contrat suit, ainsi que le paiement de l'à-valoir.

             Sur ces entrefaites, Syros embauche une nouvelle directrice commerciale. Elle saque tous les projets en cours — dont L'Arrache-cœur. Le manuscrit retourne dans son tiroir.

             En 1994 débute ma collaboration avec Jean Rollin  au Fleuve Noir. Il me publie Asylum, Gargouille, La baby-sitter. C'est là que j'ai une idée : et si je reprenais À la folie, mais pour adultes, cette fois ? Finalement, je me suis peut-être tout simplement trompée de cible... Je me re-lance dans l'aventure, invente de nouvelles péripéties bien gores (c'est le genre de la maison !) et intitule la mouture ainsi obtenue — qui fait à nouveau dans les 200.000 signes — : Pénombre

             Jean n'en veut pas. Il trouve cette histoire peu crédible ; « Qu'est-ce que c'est que ces hôpitaux où on rentre et on sort comme dans un moulin ? » m’objecte-t-il.

             L'année suivante, je fais lire le manuscrit à Denis Guiot, qui a été mon directeur d'ouvrage pour Le chien qui rit, chez Denoël. Il l'aime beaucoup, mais me le fait réduire de moitié. Ce sera parfait, selon lui, comme longue nouvelle pour un recueil sur l'amour fou, qui en comportera trois ou quatre autres. Nouveau titre : Œil pour œil.

             Jacques Chambon, directeur de la collection Présence du fantastique, auquel nous soumettons l’idée, nous décourage aussitôt : les recueils de nouvelles se vendent mal. Par contre, un roman sur ce thème pourrait l’intéresser.

             Quelques mois plus tard, Chambon quitte Denoël et passe chez Flammarion. Une nouvelle porte s'ouvre pour moi. Je décide de suivre son conseil et de reprendre entièrement ce que, dores et déjà, je nomme « mon manuscrit maudit ». Je vais en faire un récit d’actualité, imbriquant, dans l'histoire d'origine, celle de Raphaël qui se situe quinze ans plus tôt, et est la genèse de sa maladie mentale. Le résultat me plaît — surtout, d'ailleurs, le rajout qui se passe en Equateur et évoque le trafic d'yeux dont, justement, on parle beaucoup à la télé. Le nouveau livre ainsi obtenu s'intitule : Un amour aveuglant.

             Jacques me le refuse : ce n'est ni du fantastique, ni de la SF, que peut-il en faire ? Il n'a aucun pouvoir dans les collections de littérature générale.

             Je commence à en avoir carrément marre. Ça fait un moment que Christian Robin me réclame un manuscrit pour les éditions régionales Bordessoules, de Charentes-maritime, dont il s'occupe. Sur un coup de tête, je lui envoie Un amour aveuglant. Il le prend, mais 1) me demande changer le titre qu’il trouve trop banal 2) pour que le cahier des charges soit respecté, l'action doit nécessairement se dérouler en Charentes.

             — Fais-en ce qu'il te plaît, dis-je. Modifie-le à ta guise, je ne veux plus en entendre parler.

             Résultat : 1) Nouveau titre : Dans la bulle de l'ange  2) Christian resitue l'action (qui se passait initialement entre Paris et Meaux) à Angoulème et La Rochelle. En conséquence, sur la couverture — par ailleurs fort laide — on peut lire,  à la place du nom de l'auteur : « Anne Duguël, en collaboration avec Christian Robin », ce que je ressens, à tort ou à raison, comme une dépossession.

             Été 2003 : ayant récupéré mes droits, l'envie de retravailler ce manuscrit me titille une fois de plus. J’en parle à Cécile F., éditrice chez Flammarion jeunesse ; elle se montre très intéressée. Un amour aveuglant, près de quinze ans après sa conception, fera-t-il une fin dans la collection Tribal ? Retrouvera-t-il enfin sa vocation de roman pour  ados, bouclant ainsi la boucle infernale ? Non, car, après trois semaines de travail acharné, et devant l’ampleur des modifications nécessaires (pour un résultat décevant), je renonce à mon projet.

             Entretemps, ma fille Mélaka m’a demandé la version Œil pour œil  afin d'en faire une BD. Elle a besoin d’un scénario pour son deuxième album à l’Association, et aime bien cette histoire. Sa B.D., intitulée Maison Bleue, est refusée par L'Asso mais a beaucoup de succès sur son site internet, où tout le monde peut encore la lire aujourd’hui (http://melaka.free.fr/).

    Décembre 2007 : Je repêche Un amour aveuglant dans la mémoire de mon ordinateur pour l’intégrer à ce recueil. Mais comme je n’ai gardé que la version édulcorée, me voici forcée d’y réintégrer des scènes un peu plus adultes. Et allez donc, c’est reparti !

     


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  • Un texte concocté par Gudule sous le règne de Sarko-le-bref.
    On remarquera avec une stupéfaction frisant l'hébétude, que cette petite chanson est toujours, malgré le changement de gouvernement, d'actualité, suffit juste de changer quelques noms. Droite, gauche, droite, gauche, le pauvre peuple, comme à un match de tennis, regarde passer la baballe qui est toujours, en définitive, dans le même camp.

    Le Castor. _ °ↀ°

     

     

    Je viens d'écrire une petite chanson, à chanter sur l'air de "Dominique, nique, nique"

     

      

    Il nous nique, nique, nique

    Ce gentil gouvernement

    Corrompu jusqu’aux dents

    Côté jardin, Bettencourt

    Et les pots d’vin, côté cour

    Et les pots d’vin, côté cour

     

    Enveloppes choupinettes

    Et parachutes dorés,

    Bling, bling, tombent les pépettes

    Sur des comptes bien planqués !

     

    Cette clique, clique, clique

    Bouffe à tous les râteliers

    Et nous, on s’fait baiser.

    Qui finance les d’sous d’table ?

    Le cochon d’contribuable

    Le cochon d’contribuable.

     

    La France pointe au chomdu

    Sarko s’offre un beau navion

    Et devant l’trou d’la Sécu

    Il s’branle avec ses millions !

     

     

    Politique, tique, tique

    D’austérité, nous dit-on,

    Serrez vos ceinturons !

    Les caisses sont toutes à sec

    Pour les r’traites, plus un kopek

    Pour les r’traites, plus un kopek.

     

    C'est la raison pour laquelle

    Le salair’ du président

    Et ses p’tits frais personnels

    Ont quadruplé en un an ! 

     

    On embauche des tonn’s de fliques

    Pour aller kärchériser

    Les gosses des cités

    Car pour leur éducation

    L’Etat manque de pognon

    L’Etat manque de pognon.

     

    L’école, privée de fric

    Est en train de dépérir

    Bientôt, plus d’service public

    Et tant pis pour l’avenir !

     

    A coups d’triques, triques, triques

    Besson traqu’ les immigrés,

    Dehors, les colorés !

    Qu’ils crèvent dans leur pays

    Y a pas de place pour eux ici !

    Y a pas de place pour eux ici !

     

    De la France de Voltaire

    Chassons tous les étrangers

    Et équipons des charters

    Pour nos ex-colonisés !

     

    Il nous nique, nique, nique

    Ce gentil gouvernement

    Corrompu jusqu’aux dents

    Mais il est beau, nous l’aimons

    Il nous encule, et c’est bon

    Il nous encule et c’est bon ! 

     

     


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    Un article de Gudule qui date de 2009. L'anecdote finale a été reprise dans ses "grands moments de solitude". (Castor tillon)

     

     

                                              Râleries d'écrivain

     

             Il ne se passe pas une semaine sans que je reçoive des courriers d’auteurs pour la jeunesse, outrés de voir leurs textes corrigés comme des copies d’écoliers par leurs éditeurs — qui sont, hélas, toujours des éditrices, et généralement inexpérimentées. Tout au long de ma carrière, je me suis élevée contre ce procédé, sachant qu’une œuvre littéraire est un concentré de subjectivité, et que si l’écrivain utilise certains mots ou certaines tournures de phrases, ce n’est jamais par hasard. C’est parce qu’il les ressent ainsi, point barre. Son public n’attend pas autre chose de lui.

             Hélas, la mode, depuis quelques décennies, est au stylo rouge, et aux remarques du genre :

    • - trop de gérondifs
    • - éviter les juxtapositions de verbes (vient de passer, semble être, se met à…)
    • - essayer de plus lier les phrases, que ça fasse plus fluide.

        -   etc, etc.

             Comme si la magie d’un texte se théorisait ! Comme si elle se réduisait à quelques préceptes scolaires !

             Une petite anecdote pour consoler tous ceux qui sont victimes de ce faux perfectionnisme. Il y a une quinzaine d’années, j’avais écrit pour Hachette un livre intitulé « Le manège de l’oubli ». La très jeune éditrice (dont j’ai oublié le nom) en charge de la collection à laquelle je le destinais, le lit, me dit : « J’adore ! » et me rend mon manuscrit férocement annoté — en gros, un mot sur deux était à modifier. En fulminant intérieurement, je me plie à tous ses desiderata, et là, elle me déclare, avec une moue candide : « C’est bizarre, je ne l’aime plus. Désolée, je ne peux pas le publier ». J’ai aussitôt envoyé la version initiale aux éditions Nathan, qui me l’ont sortie dans la collection « Pleine Lune », avec d’admirables illustrations de François Rocca. Ce roman a obtenu de nombreux prix. Puis, la collection ayant disparu, il a été repris par les éditions Lito, comme vous pouvez le voir ci-dessous... 

     

    Manège 1

    Manège 2


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       Quand est-ce que les Label Rouge et autres poulettiers de mes deux vont arrêter de coller leurs étiquettes DIRECTEMENT sur la peau du poulet ? Si on a le malheur de le congeler (le poulet, pas l'éleveur), plus moyen de retirer l'étiquette en question. Elle se décompose, se barre en lambeaux minuscules, bref, impossible de la virer proprement. Alors, de deux choses l'une : ou on découpe carrément la peau, et tant pis pour les amateurs de couenne grillée, ou on se résout à mâcher du papier. 

       Tout cela, me direz-vous, est sans grand intérêt en regard des horreurs de l'actualité, mais ce que c'est agaçant !

       Bonne journée à tous. 


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