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                                           Le retour du fœtus vivant

     

    Depuis le 22 août, ma tante Flo ne décolère pas. À cause du fameux décret qui autorise les parents à inscrire leurs fausses-couches dans le livret de famille, comme s’il s’agissait d’enfants décédés. Tatie, ce genre de truc, ça la scie. Forcément : elle travaille au planning familial.

    « Dire qu’on s’est battues pour la légalisation de l’avortement ! répète-t-elle à qui veut l’entendre. Ce décret, c’est le retour à l’obscurantisme de l’après-guerre. Les brigades anti-IVG doivent jouir dans leur froc ! »

    J’ai beau lui dire qu’elle exagère, que cette inscription ne concerne pas tous les parents, mais seulement ceux qui en font la demande, elle n’en démord pas. D’après elle, ce n’est qu’un début.

    « Sous la pression des ligues de vertu, cette pratique va se généraliser jusqu’à devenir obligatoire, prophétise-t-elle. La loi, en donnant un état civil au fœtus sans précision d’"âge", en fait, dès l’instant de sa conception, un être humain à part entière. Par conséquent, le supprimer devient un crime. Tu imagines l’horreur, dans les registres d’état-civil ? Isidore Machin, embryon de onze semaines assassiné par sa mère le 2 juillet 2009. C’est un coup à envoyer le tiers de la population française en taule pour infanticide ! »

    Brrr, j’en ai froid dans le dos… Ça me rappelle un fait divers horrible qu’on racontait en classe. Une femme, qui conservait le fœtus de son fils aîné dans un bocal de formol, obligeait chaque soir ses deux autres enfants à aller embrasser leur grand frère. Les pauvres mioches étaient si perturbés que l’assistante sociale avait porté plainte. Et la sentence était tombée : ou la mère se débarrassait du « frère » ou on lui retirait ses mômes. Elle avait accepté la première solution à condition qu’il soit enterré chrétiennement.

    « Mais… il va falloir leur acheter des cercueils, alors, à ces fœtus, j’ai objecté. Ça va coûter bonbon !

    — T’inquiète, les contrats d’assurance prévie son déjà prêts, a grincé ma tante. Ça va relancer l’économie. D’ici que les morts-nés soient coté en Bourse… »

    Wahou ! Le génial scénario de film d’épouvante !

     


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                               Après la Marseillaise, la colombienne

     

    L’autre jour, le grand Lulu, qui est éducateur spécialisé à Sarcelles, piquait sa crise.

    « Tu te rends compte ? beuglait-il. Non seulement la première dame de France se montre à poil dans les magazines, mais en plus, elle fait l’apologie de la drogue ! »

    Ça, ça le révulsait. Forcément : en tant que membre actif de l’Education nationale, il a de lourdes responsabilités…

    « Bon, les photos dans la presse, j’en ai rien à cirer : c’est des trucs pour adultes qui ne concernent pas les mômes. Mais la chanson, hein ? La chanson qui passe en boucle sur toutes les radios : « Tu es ma came, ma volupté suprême, je t’aspire, je t’expire, je me pâme », émise d’une voix à faire triquer un mort ? »

    Moi, pour être honnête, je trouvais ça plutôt rigolo. Une métaphore, ça s’appelle. On dit des trucs mais c’est pas vrai, c’est juste pour faire joli.

    «  Réfléchis un peu, a bondi Lulu. À qui s’adresse-t-elle, cette métaphore ? Au chef de l’Etat. Celui-là même qui pond des lois foutant les p’tits dealers au trou. Comment veux-tu que mes gamins s’y retrouvent, après ça ? Comment veux-tu qu’ils me croient quand je leur dis que la dope, c’est antisocial ? »

    J’ai trouvé qu’il exagérait : paraît que les bénefs de l’album seront reversés à la Fondation de France.

    « De quoi tu te plains ? j’ai répondu. Si la fameuse chanson banalise la drogue tout en rapportant des thunes pour la combattre, ça équilibre, non ?

    — Ben voyons, a ricané Lulu. D’ici qu’on me les désintoxique avec du sarko de substitution, mes pauvres racailles, il n’y a qu’un pas. Tu les imagines accros au président ? »

    Houlà ! Effectivement si, comme le chante madame la présidente, son chéri est « plus dangereux que la blanche colombienne », ça craint !

    N’empêche, en voilà au moins une que l’amour ne rend pas aveugle !

     

     


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                                      Autant en emporte mon cul

     

       Alors là, j’y comprends plus rien. De l’avis général, les enfants sont de plus en plus violents. Les profs se font agresser pendant les cours, des bandes de minots hauts comme trois pommes tabassent des clodos, et même, des fois, commettent des crimes. Dernière affaire en date : le bébé dégommé à coups de pierres par deux prépubères, à Bonifacio. Pas exprès mais bon. Tout le monde s’indigne, normal. On dit : « Les enfants d’aujourd’hui n’ont plus le sens des valeurs, c’est la faute aux parents démissionnaires ». Moi, je veux bien, mais il y a quand même deux trois trucs qui me troublent…

       « La chasse est victime de la désaffection des jeunes », affirment les sociétés de chasse. La moyenne d’âge des tueurs de lapins, de biches et de petits oiseaux se situe entre 58 et 62 ans ; des papis flingueurs, quoi ! Monsieur Jean Grala, président de l’association de gestion cynégétique d’Equerchin et du groupement d’intérêt cynégétique du Douaisis (ça signifie qu’il est chasseur en chef, je suppose) se demande avec angoisse : «  Mais où qu’elle est, la relève ? Pourquoi ces petits trous du cul préfèrent-ils fumer des pétards en lisant des mangas que pratiquer de sains divertissements de plein air ? » Du coup, il lance un appel aux bons pères de famille : faut qu’ils initient le plus tôt possible leurs mômes aux joies de la chasse. En gros, qu’ils leur mettent un fusil dans les pattes et leur apprennent à s’en servir.

       Et ce n’est pas tout ! Vous connaissez Michelito ? C’est le fils de Michel Lagravère, un ancien torero qui lui a donné précocement le goût du sang. À dix ans, ce petit Mozart de la banderille galvanise les foules. Or, il vient, d’être, par deux fois, interdit d’arène en France « pour raisons de sécurité ». Son père est indigné ! » Mon fils joue simplement avec une cape et des muletas, comme les 300 enfants inscrits dans les écoles taurines françaises ! », affirme-t-il. En revanche, quand il se produit en Amérique latine, Michelito, qui torée depuis l’âge de six ans, participe activement à des spectacles de mise à mort. Le plaisir de tuer ne s’apprend jamais assez tôt !

     


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  • Un texte concocté par Gudule sous le règne de Sarko-le-bref.
    On remarquera avec une stupéfaction frisant l'hébétude, que cette petite chanson est toujours, malgré le changement de gouvernement, d'actualité, suffit juste de changer quelques noms. Droite, gauche, droite, gauche, le pauvre peuple, comme à un match de tennis, regarde passer la baballe qui est toujours, en définitive, dans le même camp.

    Le Castor. _ °ↀ°

     

     

    Je viens d'écrire une petite chanson, à chanter sur l'air de "Dominique, nique, nique"

     

      

    Il nous nique, nique, nique

    Ce gentil gouvernement

    Corrompu jusqu’aux dents

    Côté jardin, Bettencourt

    Et les pots d’vin, côté cour

    Et les pots d’vin, côté cour

     

    Enveloppes choupinettes

    Et parachutes dorés,

    Bling, bling, tombent les pépettes

    Sur des comptes bien planqués !

     

    Cette clique, clique, clique

    Bouffe à tous les râteliers

    Et nous, on s’fait baiser.

    Qui finance les d’sous d’table ?

    Le cochon d’contribuable

    Le cochon d’contribuable.

     

    La France pointe au chomdu

    Sarko s’offre un beau navion

    Et devant l’trou d’la Sécu

    Il s’branle avec ses millions !

     

     

    Politique, tique, tique

    D’austérité, nous dit-on,

    Serrez vos ceinturons !

    Les caisses sont toutes à sec

    Pour les r’traites, plus un kopek

    Pour les r’traites, plus un kopek.

     

    C'est la raison pour laquelle

    Le salair’ du président

    Et ses p’tits frais personnels

    Ont quadruplé en un an ! 

     

    On embauche des tonn’s de fliques

    Pour aller kärchériser

    Les gosses des cités

    Car pour leur éducation

    L’Etat manque de pognon

    L’Etat manque de pognon.

     

    L’école, privée de fric

    Est en train de dépérir

    Bientôt, plus d’service public

    Et tant pis pour l’avenir !

     

    A coups d’triques, triques, triques

    Besson traqu’ les immigrés,

    Dehors, les colorés !

    Qu’ils crèvent dans leur pays

    Y a pas de place pour eux ici !

    Y a pas de place pour eux ici !

     

    De la France de Voltaire

    Chassons tous les étrangers

    Et équipons des charters

    Pour nos ex-colonisés !

     

    Il nous nique, nique, nique

    Ce gentil gouvernement

    Corrompu jusqu’aux dents

    Mais il est beau, nous l’aimons

    Il nous encule, et c’est bon

    Il nous encule et c’est bon ! 

     

     


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    Un article de Gudule qui date de 2009. L'anecdote finale a été reprise dans ses "grands moments de solitude". (Castor tillon)

     

     

                                              Râleries d'écrivain

     

             Il ne se passe pas une semaine sans que je reçoive des courriers d’auteurs pour la jeunesse, outrés de voir leurs textes corrigés comme des copies d’écoliers par leurs éditeurs — qui sont, hélas, toujours des éditrices, et généralement inexpérimentées. Tout au long de ma carrière, je me suis élevée contre ce procédé, sachant qu’une œuvre littéraire est un concentré de subjectivité, et que si l’écrivain utilise certains mots ou certaines tournures de phrases, ce n’est jamais par hasard. C’est parce qu’il les ressent ainsi, point barre. Son public n’attend pas autre chose de lui.

             Hélas, la mode, depuis quelques décennies, est au stylo rouge, et aux remarques du genre :

    • - trop de gérondifs
    • - éviter les juxtapositions de verbes (vient de passer, semble être, se met à…)
    • - essayer de plus lier les phrases, que ça fasse plus fluide.

        -   etc, etc.

             Comme si la magie d’un texte se théorisait ! Comme si elle se réduisait à quelques préceptes scolaires !

             Une petite anecdote pour consoler tous ceux qui sont victimes de ce faux perfectionnisme. Il y a une quinzaine d’années, j’avais écrit pour Hachette un livre intitulé « Le manège de l’oubli ». La très jeune éditrice (dont j’ai oublié le nom) en charge de la collection à laquelle je le destinais, le lit, me dit : « J’adore ! » et me rend mon manuscrit férocement annoté — en gros, un mot sur deux était à modifier. En fulminant intérieurement, je me plie à tous ses desiderata, et là, elle me déclare, avec une moue candide : « C’est bizarre, je ne l’aime plus. Désolée, je ne peux pas le publier ». J’ai aussitôt envoyé la version initiale aux éditions Nathan, qui me l’ont sortie dans la collection « Pleine Lune », avec d’admirables illustrations de François Rocca. Ce roman a obtenu de nombreux prix. Puis, la collection ayant disparu, il a été repris par les éditions Lito, comme vous pouvez le voir ci-dessous... 

     

    Manège 1

    Manège 2


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