•       En 2004 paraissait aux éditions Grasset, un roman autobiographique intitulé « La vie en Rose »

    Voici ce qu’en disaient les critiques, à l’époque :

    http://booknode.com/la_vie_en_rose_029970
            
    L’année suivante sortait, chez le même éditeur, le deuxième tome de la saga : « Soleil Rose »

    http://www.altersexualite.com/spip.php?article97

    Le  troisième volet , « La Rose et l’Olivier » vit le jour en 2006

    http://www.ricochet-jeunes.org/livres/livre/15224-la-rose-et-l-olivier

            Deux autres tomes « Le rose et le noir » et « Sous les pavés la Rose » furent écrits dans la foulée, mais hélas, Grasset, ne voulant pas dépasser la trilogie, les refusa. La série resta donc en suspens, à mon grand désarroi car, liée par contrats à l’éditeur des trois premiers opus,  je ne pouvais proposer la suite ailleurs. Je me retrouvais donc interrompue dans mon élan,  avec deux manuscrits orphelins sur les bras.

            Ce sont ces manuscrits que je me propose de publier quotidiennement sur mon blog.


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                                                     LA BRODEUSE DE CENDRES

     

             Parfois, je me demandais :

             « Comment sera le village quand j’aurai disparu ? »

             Nous sommes sans doute nombreux à nous être posé la question ; nombreux à avoir arpenté ces rues siècle après siècle, et à leur donner vie avant de céder la place aux suivants. En promenant les chiens le long des remparts, je ne pouvais m’empêcher d’y penser à chaque fois.

             « Y  aura-t-il toujours, à la terrasse du Roc café, ces joyeuses tablées du matin — Jean, Marcel, Pascal, Colette, Bobo, Bridget, Ghislain, Constant, François… — , partageant la brioche conviviale au soleil ?  Et, à l’heure de l’apéro, ces petits groupes de touristes devisant à voix basse, assis face au couchant ? »

             Et ceux que j’aime tant, grands et petits, petits devenus grands, où seront-ils ? C’est, je crois, l’une des certitudes les plus troublantes qui soit ; celle que le manège va continuer à tourner sans nous. Et en même temps, quand on y réfléchit, quel réconfort ! S’endormir au milieu du film sans avoir besoin d’appuyer sur « pause ». Ne plus avoir peur de perdre le fil de l’intrigue. Juste se laisser glisser paisiblement dans le sommeil sans perturber le spectacle ni déranger les spectateurs.

     

             Dans mon roman « La brodeuse de Cendres », j’avais fait de ce village l’un des multiples décors de l’Au-delà, où se poursuivaient pour l’éternité les activités quotidiennes d’un petit groupe humain, en tout point similaire au nôtre. Attrayante idée, ma foi. Aussi attrayante que la main de Castor enveloppant la mienne jusqu’au bout du chemin, ou que Sylvain, hantant à jamais sa galerie, sous le regard  bienveillant de Julia.

     

                                                                    FIN


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                                                                       ÉPILOGUE

     

             J’ai bien failli intituler ce livre « J’arrive », en hommage à l’admirable chanson de Jacques Brel, dont les paroles m’ont toujours bouleversée. Mais outre que je renâclais à l’idée d’un emprunt, si prestigieux soit-il, le désespoir qui émane de ce texte  — et en fait d’ailleurs l’infinie beauté —, ne collait pas avec mon optimisme naturel.  Je choisis donc un titre plus proche de ce que je ressentais. Parce que l’appel de la mort, eh bien, très peu pour moi. Oh, je ne souhaitais pas vivre centenaire ! (Qui le souhaite, d’ailleurs ? C’est la perspective la plus hideuse qui soit. ) Mais pas question de rappliquer comme un toutou quand la Camarde me sifflerait !

             Dès lors, que le sursis dure encore quelques semaines, quelques mois — voire, avec un peu de chance, quelques belles années —, je voulais en profiter, en profiter vraiment ; rire, aimer, m’amuser, jouir de l’existence et faire un bras d’honneur aux pronostics funèbres.

     


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  •                                                  MÉDECINE DU FUTUR

     

             Loin de moi l’idée de remettre en cause le corps médical, tellement sollicité en cette fin de civilisation paranoïaque et mortifère. D’autant que j’ai pu tester sa célérité quand il s’est agi de diagnostiquer mon cancer. Mais n’empêche… Lorsque, toute sa vie, on s’est allègrement passée du « docteur », relativisant ses petites misères et muselant ses angoisses à coup de « c’est pas grave, ça passera tout seul »,  on ne se doute pas de l’inaccessibilité de « ceux qui savent ». Or, ce sont eux, justement qui vous répètent à chaque visite : « Compte tenu de la dangerosité de votre traitement, n’hésitez pas à nous alerter au moindre signe suspect ». OK. Comme les signes suspects se multiplient, vous finissez par appeler l’hôpital. L’on vous répond qu’aucun spécialiste n’est actuellement disponible.

                 — Même pour me parler cinq minutes ? implorez-vous.

    — Non, non, ils sont tous occupés.

    — Quand puis-je rappeler ?

                  — Laissez-moi votre numéro ; sitôt que l’un d’eux se libérera, c’est lui qui vous rappellera.

                               Vous attendez deux jours, trois jours ; personne ne se manifeste. Vous retéléphonez ; même scénario. De guerre lasse, vous vous rabattez sur votre généraliste ; manque de pot, il est en congé. Bon, alors, vous faites quoi ?

                              Vous restez sagement en tête-à-tête avec vos (au choix) nausées, palpitations cardiaques, éruptions cutanées, flatulences, pertes d’équilibre, conjonctivite, douleurs abdominales, migraine, tracasseries digestives, tiraillements musculaires…, en vous répétant comme jadis :  « Allons, allons, un peu de patience, ça passera tout seul » ? Ou vous cherchez des réponses sur le Net ? Vous cherchez, bien obligée. Et là, vous découvrez que non seulement ces symptômes sont les effets secondaires de la chimio, mais que la liste complète est quatre fois plus longue. Du coup, vous vous empressez de l’éplucher — au risque de vous auto-infliger l’ensemble des malaises décrits, par mimétisme.

             « Pourquoi l’oncologue ne m’a-t-il rien dit ? » vous demandez-vous alors. Pourquoi n’ai-je pas été informée que ce traitement comportait un danger de leucémie, par exemple ? Et qu’il ne déboucherait pas sur une guérison comme on me l’a laissé entendre,  mais sur une simple rémission ?  Pour m’épargner ? Par manque d’empathie ? Par peur d’affronter de face le regard du condamné ? Par j’m’enfoutisme, tout bêtement ? « Si j’aurais su, au lieu d’aller chez le toubib, je me serais directement connecté sur Wikipédia  », pourrait déclarer Petit Gibus dans une « Guerre des boutons » remise au goût du jour. 

             À quand les consultations virtuelles, comme dans les livres de science-fiction des années trente ?


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                                                      LE CARNAVAL DES OBSESSIONS

     

             La reprise du traitement, quelques semaines plus tard, se solda par un herpès qui changea mon visage en une face de mérou. Même embrasser Castor devenait une épreuve. Pour lui, je veux dire. Moi, dès qu’il s’approchait, je me planquais derrière mon écharpe, alors que je n’avais  qu’une envie : me fourrer dans ses bras. Mais mon inconscient était aux commandes, et contre ça, nul ne peut rien.

             «  Cesse de te fustiger, tête de mule ! me houspillais-je  sans cesse. Tu n’as rien fait de mal ! Et quand bien même tu serais coupable de je ne sais quoi, la justice immanente, c’est des trucs de gourou »

             Et d’évoquer les « Contes à vomir debout » ( dont c’était l’un des thèmes récurrents), que je publiais jadis, dans la presse underground des années quatre-vingts. 

     

             Pour mémoire, voici un mini-texte extrait de la revue « Lard Frit » et repris en carte postale par la librairie Ailleurs, de Toulouse :

     

                                        

     

     

     

     

                                                                        SOMATISMES

     

             Je sirotais tranquillement mon apéro au comptoir chez madame Irène quand ma copine Marylin se pointe en coup de vent.

             Toute contente, je lui lance :   

                 — Qu’est-ce que tu prends, ma grande ? Un blanc-cass, comme d’hab’ ?

    Au lieu de me répondre, elle s’envoie une baffe magistrale.

    — Non mais, ça va pas ? m’écriai-je, ahurie.

    — J’y suis pour rien, proteste-t-elle, c’est psychosomatique.

     — Pardon ?

      — La culpabilité inhérente au conditionnement judéo-chrétien, t’as déjà entendu causer ? 

    — Euh…

                  — En gros, mon corps me fait payer chacune de mes fredaines.

     — Quel genre de fredaines ?

                   — Tout ce qui est contraire à ce qu’on m’a inculqué lorsque j’étais petite.

                   Ah, cette fois, je crois que je commence à comprendre…

                   — Tu veux dire que la gifle, tu ne te l’es pas donnée exprès ?

      — Non, non : je venais de piquer un tube de rouge à lèvres au Monoprix et ma main n’a pas supporté d’être complice d’un vol. Elle s’est vengée à sa manière, et je peux t’assurer qu’elle a tapé fort, la salope ! J’en ai la mâchoire tout endolorie !        

                    — Et les autres parties de ton organisme ?

       — Idem. Tiens, tu te souviens, l’autre soir, quand on s’est maté le film X de Canal + ? Eh bien, le lendemain, j’avais une méga conjonctivite, même que j’ai dû porter des lunettes noires pendant huit jours.

    — Oups ! Et ta vulvite du mois dernier ?

    — Ça, c’est parce que je me suis farci Jean-Philippe au lieu de rester au chevet de ma vieille tante malade.

             Moi, j’en revenais pas. Des révélations pareilles, ça vous flanque un méchant vertige métaphysique. Face au grand mystère du fond de nos têtes, on est  bien peu de chose, ma bonne dame…


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