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                                  Souriez, vous êtes fliqués !

     

             « Dire que, quand j’étais môme, ça me faisait rêver... soupire mémé Georgette.

             — Quoi, mémé ?

             — L’idée d’observer les faits et gestes d’autrui dans une boule de cristal ou un miroir magique.

                Comme dans les contes de fées ?

                Entre autres... Par la suite, la SF a largement exploité ce thème, et en particulier George Orwell, avec son célèbre « Big Brother », dictateur omnipotent qui contrôle ses sujets grâce à une caméra placée dans chaque foyer.

             — Mais... ce n’est pas un rêve, ça, c’est un cauchemar !

             — Qui menace de devenir une réalité : Michèle Alliot-Marie s’est engagée, en 2009, à multiplier par trois le nombre des caméras de surveillance dans les lieux publics. De 20.000, nous allons passer à 60.000. Coût de l’opération : 55 millions d’euros...

             — Je croyais qu’il fallait faire des économies !

             —Sur les hôpitaux, les écoles, les maisons de retraite, bien sûr ! Mais pas sur la sécurité — et les excès de flicage dont elle est l’alibi ! Un alibi d’autant moins convaincant que la Grande-Bretagne, qui a battu tous les records en truffant Londres de 500.000 caméras (une pour 14 habitants), fait aujourd’hui marche arrière. Ces ruineux gadgets n’ont permis de résoudre que 3% des délits de rue, à peine...

             — Pourquoi on accepte, alors ?

             — Parce qu’on est des moutons. Tu sais, la méthode Knock, qui consiste à convaincre les gens qu’ils sont malades pour leur fourguer de faux remèdes, a fait ses preuves !

             — Tu veux dire que l’insécurtité dont on nous rebat les oreilles, c’est bidon ?

             — Je veux dire qu’investir 55 millions d’euros dans un appareil social adapté — maisons de jeunes, éducateurs spécialisés, foyers d’accueil, etc — serait certainement plus efficace (et plus humain), pour prévenir la délinquance, que leur caméras à la con ! »

             Ben voyons ! Elle barbote encore en plein conte de fées, ma mémé ! 

            

            

     


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                                        Toubibs or not toubibs

     

             « Deux mille ans de recherche médicale pour en arriver là ! soupire mémé Georgette.

             — Pour en arriver où, mémé ?

             — À cette sinistre farce : implanter huit lardons dans le bide d’une malade mentale...

             — Ah ! Tu parles de  Nadya Suleman ?

             — Oui. Il s’est trouvé des gynécos assez irresponsables — ou assez avides de sensationnel, d’expériences hasardeuses, de records ineptes ou de fric, tout simplement  — pour inséminer une nana sans ressources, vivant chez ses parents, et déjà mère de six gosses, obtenus par le même procédé. On croit rêver, non ?

             — Ben... C’est elle qui voulait, ils l’ont pas obligée !

             — Après l’encloquage de septuagénaires folles à lier, celui d’une pondeuse hystérique. La science au service des névroses obsessionnelles. Ça peut aller loin, ce petit jeu !

             — Comme dans les films de SF, tu veux dire ? Des greffes d’organes bioniques, tout ça ? Ce serait génial ! 

             —Le problème, c’est qu’on est dans la réalité, là, pas au cinéma, et qu’il y a quatorze gamins en jeu. Outre le fait d’être conçus et élevés par une barje — ce qui n’est déjà pas un cadeau, en soi —, la première fournée compte déjà trois handicapés, dont un autiste Combien y en aura-t-il dans la seconde ? Les médecins se posent la question.

             — Ils ont proposé à la mère de suppprimer une partie des embryons, et elle n’a pas voulu !

             — Forcément, elle est contre l’avortement. Victime à la fois de la médecine dévoyée et de la religion ! Et en plus, elle reçoit des menaces de mort, tandis que les toubibs, eux, ne sont pas inquiétés. En revanche, ceux qui pratiquent l’euthanasie compassionnelle se retrouvent devant les tribunaux, et l’Italie berlusconnienne se mobilise contre le débranchage d’Eluana... T’as pas l’impression que ça yoyote grave, au niveau de l’éthique, sur cette putain de planète ? 

             —Arrête de parler djeune, mémé, tu me fous la trouille ! On t’a greffé une cerveau de caillera ou quoi ? » 


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                                   Tiens , v’là mémé qui râle !

     

             « Et un fichage de plus, un ! », peste mémé Georgette.

             Pfff, y avait longtemps...

             « Qu’est-ce que t’as encore ?

             — Ça recense à tout va, dans nos belles provinces !

             — Oui, et alors ? Faut bien l’INSEE fasse son boulot !

             — L’INSEE a bon dos ! Sous prétexte de statistiques, l’État  décortique en toute légalité la vie privée des gens... quand il ne recoupe pas les fichiers ! »

             Je lève les yeux au ciel. Des fois, ses discours, à mémé, ils me gonflent !

             « Tu serais pas un peu parano, toi, des fois ?

             — Il y a quelques années, les recensements, qui n’avaient alors qu’une honnête fonction d’évaluation, étaient anonymes. Aujourd’hui, ils sont nominatifs et on doit les signer. Tu trouves ça normal ? 

             — Ben...

             — Et ce n’est pas tout ! Dans le temps, tu renvoyais directement ton questionnaire — de plus en plus intime, soit dit entre nous !— à l’INSEE. Aujourd’hui, tu le déposes à ta mairie.

             — Qu’est-ce que ça change ?

             — Dans les grandes villes, pas grand-chose, mais dans les petits villages... Des informations théoriquement confidentielles passent d’abord entre les mains de l’agent enquêteur (qui est, en général, un de tes voisins), puis entre celles du secrétaire de mairie et de l’ensemble du conseil municipal, avant d’atterrir sur le bureau du maire qui se fait un plaisir d’en prendre connaissance — et p‘t-être même, au passage, d’y glâner quelques informations. Comme ça, t’es fliqué à tous les niveaux : national et communal...

             —Ah là là, tu en fais, des histoires pour rien ! T’as tellement de choses à cacher ?

             — Là n’est pas la question.

             — Elle est où, alors ?

             — Les états policiers, t’as entendu parler ?

             — Tu fais allusion à la Sarkozie ? 

             — Ça se pourrait bien... »        

             Quand je disais qu’elle était parano, mémé Georgette !   


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                      LES BIJOUX DE LA CASTAFIORE

     

             — C’est pas moi qui vais pleurer, en tout cas ! grogne mémé Georgette en refermant le journal.

             — Sur quoi tu ne vas pas pleurer, mémé ?

             — Sur les malheurs de Cécilia.

             — ?

             — Elle vient de se faire voler pour 500.000 euros de bijoux, dans son domicile de Neuilly-sur-Seine qu’elle n’occupe quasiment jamais, puisqu’elle vit à Dubaï.

             — Ben... pourquoi elle les a pas emmenés avec elle ?

             — C’est la question que je me pose. Tu trouves ça normal, toi, de laisser traîner pour un demi million de bijoux dans une maison où tu n’habites pas ?

             — Non ! À moins que ce soit des vieux tout démodés qu’elle n’aime plus, évidemment... Elle s’en est peut-être acheté des nouveaux, depuis ?

             — Faut vraiment avoir du pognon à foutre en l’air !  Déjà, qu’une personne possède pour 500.000 euros de trucs inutiles dans un pays où 13% de la population vit sous le seuil de pauvreté et où la barre des deux millions de chômeurs est largement dépassée, je trouve ça scandaleux. Mais qu’en plus, elle n’ait même pas la décence de les porter, ou de les placer dans un coffre à la banque ! Qu’elle les laisse traîner au fond d’un tiroir comme une paire de chaussettes trouées... Franchement, ça me révolte !

             — Remarque, ils ne sont pas perdus pour tout le monde !

             — Ouais, il y a peut-être une justice, après tout... Si ça se trouve, c’est une association caritative qui a fait le coup. Tu te rends compte qu’il y a de quoi nourrir une famille de RMistes pendant quarante ans, avec ces babioles !

             — Ou quarante familles pendant un an... C’est vrai que ça laisse rêveur !

             — Ce qui me console, si on va au bout du raisonnement,  c’est que les assurances vont casquer. Et ce serait bien la première fois que ces pompes à fric serviraient une cause humanitaire...

             


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                                   LA GUERRE DES BUS

     

             « Olé ! » glousse mémé Georgette, en frappant dans ses mains.

             J’ouvre des yeux ronds.

             « Ben... qu’est-ce qu’il t’arrive ?

             —Tu ne devineras jamais ce qui est inscrit, depuis début janvier, sur le flanc des bus barcelonnais.

             — Non, quoi ?

            Dieu n’existe probablement pas. Arrête de t’inquiéter et profite de la vie. 

             — C’est une pub ?

             — En quelque sorte : une campagne financée par un collectif d’athées qui en ont marre de l’emprise de la religion sur leurs concitoyens. Du coup, tous les athées d’Espagne se mobilisent, les fonds affluent. Il y a déjà 13.000 euros dans la cagnotte, ce qui va permettre d’étendre l’opération à Madrid et Valence, et peut-être même à Saragosse et Bilbao.

             — Marrant... Et les curés, ils réagissent comment ?

             — Le porte-parole de l’archevêché de Barcelonne a déclaré, dans un communiqué de presse, que « la foi n’est pas un obstacle à jouir honnêtement de la vie », tandis que les associations intégristes dénoncent « une campagne de haine contre la religion ». Mais le plus drôle, c’est la réponse de l’Eglise Evangéliste du sud de Madrid qui, aussi sec, a loué les mêmes emplacements publicitaires, sur lesquels on peut lire :  « Si, Dieu existe ! Profite de la vie avec le Christ ! ». Tu imagines les regards que doivent échanger les passagers des bus adverses, quand ils se croisent ?

             — Tu penses que les catholiques ne montent que dans les bus pro-catholique, et vice versa ?

             — On peut l’imaginer... En tout cas, qu’ils le veuillent ou non, ça les oblige à communiquer d’égal à égal, ce qui est rare dans un pays croyant à 80% !

             — Et qu’est-ce qui se passerait si les deux bus se fonçaient dessus ? »

             Mémé Georgette éclate de rire. 

             « Le vainqueur réclamerait les oreilles et la queue de son adversaire, je suppose ! »

     


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