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                                PETITES BAVURES ENTRE AMIS

     

                      La peur du gendarme est le commencement de la sagesse

                                                                            (proverbe à la con)

     

             « Putain, ça s’arrange pas, chez nos amies les bêtes ! râle mémé Georgette.

             — Toi, tu vas encore nous parler de chasse, de corrida, ou d’élevage en batterie...

             — Pas du tout, je faisais allusion aux poulets. Pas ceux qui caquètent, ceux qui cognent.

             — Les flics ?

    ­— Tout juste. La bavure ordinaire se porte bien, en ce moment. Dans la nuit du 14 au 15 juin, Juan Pablo Gutierrez, un Colombien de 27 ans, se fait racquetter par huit mecs, dans la rue. Ils lui tapent dessus, mais il  parvient à s’échapper et appelle la police. Une patrouille le ramasse et l’emmène au commissariait de la Goutte d’Or, dans le XVIIIème arrondissement. Et là, le cauchemar commence. Au lieu de prendre sa déposition, les trois policiers de garde le menottent. Et comme il proteste, ils le tabassent avant de le traîner dans une cellule...

             — Non ?!

             — Quand il sort enfin, après plus de dix heures de garde à vue, c’est pour courir à l’hôpital car, suite aux coups sur la tête, il souffre de l’oreille gauche. Bilan de l’opération : une perte d’audition de 40 décibels...

             — Quelle horreur !

             — Comme tu dis. Tu veux un autre exemple ? Le 19 juin, à 18h, un toubib veut louer un vélib, rue des Archives. Il n’en reste qu’un, posé contre une borne car l’attache est cassée. Au moment où il l’enfourche, deux flics en civil lui mettent le grappin dessus et l’embarquent de force. Se croyant agressé, il appelle au secours, ce qui les rend furieux. Ils lui passent les menottes et au poste ! Fouille au corps, interrogatoire poussé, insinuations douteuses, insultes...

             — Mais pourquoi ?

             — Ce sont les nouvelles méthodes, tu n’es pas au courant ?

             — Arrête, ça fout les jetons !

             — C’est le but du jeu, ma fille. Sinon, à quoi ça servirait que Sarko, il se décarcasse ? » 


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                                  Tu seras un mouton, mon fils !

     

             Mémé Georgette n’apprécie pas le cirque de l’éducation nationale.

     

             « Ben voyons ! ricane mémé Georgette, le nez dans son journal.

             — Qu’est-ce que t’as, mémé ? 

             — Écoute ça : le 16 juin dernier — c’est-à-dire à quelques jours de son bac de français —, Tristan Sadeghi, élève de première au lycée Maurice-Ravel, dans le XXème arrondissement, se voit refuser l’inscription en terminale...

             — Sous quel prétexte ?

             — Je te le donne en mille ! « Participation active à des manifs contre Darcos ».

             — Non ?!

             — On croit rêver, hein ! Et le meilleur reste à venir : le proviseur, Philippe Guittet, n’accepte de l’inscrire que s’il s’engage, par écrit, à renoncer désormais à toute revendication. En gros, un futur étudiant en science économique et sociale n’a pas le droit de se comporter en citoyen responsable.

             — Mais... c’est du chantage !

             — Un chantage très révélateur des pressions exercées par le pouvoir pour museler — et même criminaliser —les contestataires. Tu seras un mouton, mon fils ! 

             — Et personne n’a protesté ?

             — Heureusement, si ! Danielle Simonnet, Conseillère de Paris chargée de la lutte contre les discriminations, de l’intégration, du handicap et du monde associatif, s’indigne de cette situation sur les sites « Sauvons l’université », et Rue 89. Elle écrit notamment : « Comment un chef d’établissement a-t-il pu se sentir autorisé à enfreindre ainsi aux règles de fonctionnement de l’éducation nationale et à la démocratie lycéenne ? »

             — Ah bon ! Tout s’est arrangé !

             — Penses-tu ! Le proviseur fait la sourde oreille. Têtu comme un âne, ce brave homme !

             — Que va faire Tristan, alors ?

             — Organiser un rassemblement devant le Rectorat de Paris. 

             — Ça alors, c’est rigolo ! Une manif contre l’interdiction de faire des manifs. C’est le serpent qui se mord la queue !

             — Un serpent, des moutons, un âne... On se croirait à l’école du cirque ! »          


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                               L’école de demain

     

             « Où vas-tu ? demande mémé Georgette.

              En classe.

             — Tu as pensé à mettre une culotte propre ?

             — Pourquoi ?

             — La fouille, pardi ! Tu n’es pas au courant ? C’est la dernière trouvaille de  Xavier Darcos. Après le coup des portiques détecteurs de métaux à l’entrée des collèges, voilà qu’il veut placer, dans les établissements scolaires, des brigades spécialisées dans « les délits de prépubères ». T’es soupçonné de dealer de la poudre de perlimpinpin ou de l’herbe à chat ?  De transporter la panoplie du parfait petit terroriste dans ton cartable ? De cacher des boules de coco explosives dans ton slip ? Allez, hop ! à poil !

             — Tu rigoles ?

             — Après avoir supprimé des dizaines de milliers de postes dans l’Education nationale (25.000 depuis 2007 ; 13.500 prévus en 2009), on s’effare de la montée de la violence dans les écoles. Alors, devine ce qu’on fait ?

             — Euh... on remplace les profs manquants par des flics ?

             — Bravo, tu auras dix sur dix. Dorénavant, chaque élève bossera avec un flingue dans le dos, et s’il moufte, au gnouf !

             — Arrête, mémé, tu me fous les jetons !

             — T’es pas la seule ! Les associations de parents d’élèves protestent, les syndicats d’enseignants hurlent, le PS s’indigne et l’Europe nous regarde comme des allumés.

             — Ah, tu me rassures !

             — Mais je te rappelle quand même que la semaine dernière, les flics se sont pointés dans une école primaire pour arrêter deux mômes de 6 et 10 ans, soupçonnés d’avoir piqué un vélo... Et parallèlement à ça, on reproche à une instit de mettre un zéro à un gamin qui a copié son devoir sur Internet, et un prof se retrouve en garde à vue pour avoir retourné une claque à un ado qui l’insultait. Cherchez l’erreur !

             —Flanquer une gifle à un élève, c’est mal !

             —T’as raison, mieux vaut les habituer dès aujourd’hui aux brimades policières qu’ils subiront plus tard. Ça, au moins, c’est éducatif ! »


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                               Vos gueules, les journalistes !

     

             Mémé Georgette conseille la langue de bois aux journalistes qui ne veulent pas en prendre plein la tronche.

     

             « La pauvre ! s’écrie mémé Georgette.

             — Qui ça, mémé ?

             — Rama Yade, rétrogradée du ministère des Droits de l’Homme à celui des Sports. Ça la fout mal, quand même !

             — Pourquoi ?

             — Les Droits de l’Homme, c’est prestigieux ! S’investir là-dedans vous donne le sentiment d’accomplir une grandes tâche, de lutter contre les injustices, d’empêcher les dérives policières, bref, d’œuvrer pour la bonne cause...

             — Pourquoi elle a été virée, Rama Yade ? Elle faisait mal son boulot ?

             — Non, mais son poste a été supprimé. On a estimé en haut lieu qu’un secrétariat d’État aux Droits de l’Homme n’avait rien à foutre dans une démocratie (ce n’est pas moi qui le dis, c’est Bernard Kouchner !) Et comme il fallait bien recaser la secrétaire, on l’a mutée chez les sportifs. A la place de qui ? Je te le donne en mille : de Bernard Laporte. Tu imagines la claque ?

              Tu m’étonnes !

              Et pourtant, quand Alain Duhamel, plein de compassion, a supposé, à l’antenne de RTL, qu’il s’agissait d’une punition...

             — Logique !

             —… ça n’a pas plus à Rama Yade. Elle a trouvé sa remarque insultante pour la Nation et pour tous les sportifs français, « grande famille animée par une extrême générosité et un esprit fair-play ». Et  elle a terminé par cette phrase lapidaire : « Taisez-vous, Duhamel ! »

             — Ah, carrément !

             — Entre parenthèses, as-tu remarqué comme les journalistes en prennent plein la tronche, depuis quelques temps ? On les vire sous n’importe quel prétexte, on les censure, on leur intente des procès... quand ils ne sont pas arrêtés et gardés à vue pour une broutille !

             — À quoi c’est dû, ça, d’après toi ?

             — Je n’en sais rien... Mais ce que je sais, en revanche, c’est qu’aujourd’hui, s’ils veulent garder leur job, ils ont intérêt à pas trop l’ouvrir et à éviter les sujets qui fâchent. Surtout depuis l’arrivée, à la tête de certains médias, de valets du pouvoir en place... »


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                           Pétain doit jouir dans sa tombe !

     

             « Manquait plus que ça ! s’étrangle mémé Georgette.

             — Qu’est-ce que t’as, mémé ?

             — Un nouveau couple vient de se former. Il va donner naissance à de bons petits citoyens !

             — Mais... de qui tu parles ?

             — Darcos et Devilliers s’unissent pour rénover l’école. T’y crois, toi ?

             — ?

             — Un « collège novateur de référence nationale » va voir le jour à Montaigu, en Vendée, entre 2010 et 2012. Il y a plus d’un an que Philippe Devilliers tanne le ministère de l’Education nationale pour qu’il réhabilite l’internat à l’ancienne, où l’on porte l’uniforme, où l’on étudie le grec et le latin, et où un drapeau bleu blanc rouge flotte dans la cour de récré. Xavier Darcos vient de donner son feu vert « avec enthousiasme », précise la circulaire du rectorat de Nantes. Cet établissement scolaire sur le mode jésuite devrait être suivi de beaucoup d’autres, à travers toute la France. Cette fois, mai 68 est bien mort...

             — Attends... Tu veux dire que les collèges vont redevenir comme de ton temps ?

             — En quelque sorte. La réforme de l’enseignement dont on nous rebat les oreilles sera, en fait, une spectaculaire régression. Intéressant, non ? 

             — Y aura des châtiments corporels ?

             — La circulaire ne le précise pas, tout comme elle ne précise pas le coût de l’opération qui risque d’être très élevé. Nous saurons tout cela en temps et en heure.

             — Les filles et les garçons seront quand même mélangés ?

             — Ce n’est pas précisé non plus, mais honnêtement, ça m’étonnerait.

             — Est-ce qu’il y aura au moins des black, des beurs... ? 

             — Quand le plus réac de nos hobereaux politiques réalise son rêve, je serais fort surprise qu’il soit en couleur !

             — Putain, ce ne sera pas des collèges, ça, ce sera des casernes !

             — Eh oui, ma pauvre petite, tout concorde : gamins en taule, écoles fliquées, collèges-casernes... Pétain doit jouir dans sa tombe ! »

            

              


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