•                                                                 La casquette

     

             Miracle de la chimio : j’étais chauve comme le mont du même nom (ou comme la cantatrice d’Ionesco, au choix). Afin de cacher cette disgrâce, je portais une casquette que je ne retirais jamais en public ; j’aurais eu l’impression de me déculotter.

             Michel, rôdé à mes phobies par un an de vie commune, connaissait cette pudeur excessive, si bien que ce jour-là, lorsqu’il vit une casquette à terre, devant le supermarché où je venais d’entrer, eut-il le réflexe de la ramasser.

             Un cri indigné l’arrêta, ainsi qu’un bruit de piécettes dégringolant sur le bitume.

             Tout confus, il reposa la chose où il l’avait trouvée.

             — Excusez-moi, dit-il au SDF dont il avait failli, bien malgré lui, subtiliser la recette. Ma femme a la même, et elle y tient beaucoup. J’ai cru que c’était la sienne.   

             L’instant d’après, il me rejoignait,  hilare, au rayon des légumes.

             Quand, les courses terminées, nous sortîmes du magasin, il ne manqua pas de faire voir mon couvre-chef à sa « victime », et, pour preuve de sa bonne-foi, ajouta trois euros dans la fameuse casquette.

     

     


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  •                                                     Humiliation


           — M’maaan, viens vite,  y a du sang dans mon caca ! 

             Ma mère accourt, inspecte d’un œil critique le contenu du pot, puis éclate de rire.

            — Mais non, ma chérie, c’est de la tomate. Tu as mangé de la salade de tomates, hier, rappelle-toi.

             Vexée comme un pou, je cours bouder dans ma chambre.

             Marre de ces parents qui cherchent toujours à me rabaisser !

     


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