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vos gueules les mômes n°38
Les cow-boys du pénitencier
« En voilà une idée qu’elle est bonne ! s’exclame mémé Georgette, le nez dans son journal.
— Quelle idée, mémé ?
— Aux Etats-Unis, des établissements pénitentiaires récupèrent les anciens chevaux de course, destinés à l’abattoir.
— Pour quoi faire ?
— Des haras de réinsertion. Les détenus purgeant de courtes et moyennes peines apprennent à les soigner, ce qui leur donne à la fois un métier pour l’avenir et une occupation pendant leur incarcération. Et les canassons sauvent leur peau, en attendant de trouver de nouveaux propriétaires. Joli doublon, non ?
— Tu m’étonnes... Pourquoi on fait pas ça chez nous ?
— Manque de place, je suppose. Ou d’imagination. Pourtant, le résultat est spectaculaire : d’après la Fondation pour la retraite des purs-sang, qui est à l’origine du programme, ça divise par deux le taux de récidives. 35% , pour une moyenne nationale de 68%.
— Putain, moi qui croyais que les taules américaines, c’était l’enfer !
— Ça l’est, ne te fais pas d’illusions. Ces expériences sont rarissimes, mais il y a des gens qui se bagarrent pour les généraliser. La première « Ferme Seconde chance », comme on les appelle, a été créée il y a 25 ans à Wallkill, dans l’Etat de New-York. Une dizaine d’autres ont suivi et ça continue tout doucement à se développer. Certaines prisons, dans l’Illnois ou au Kansas, qui ont une population carcérale importantes, accueillent aujourd’hui des centaines de bêtes. Elles font même de l’élevage de chevaux sauvages, pour les rodéos !
— Des taulards cow-boys... C’est presque trop beau ! T’as pas peur que des mecs se fassent enfermer exprès ? Les petits zonards de Harlem qui rêvent de grands espaces, genre...
— T’emballe pas, cocotte : vu de loin, ça peut sembler idyllique, mais avec ou sans chevaux, un pénitencier reste un pénitencier, c’est-à-dire l’horreur suprême ! Et ce n’est pas Johnny qui me contredira ! »
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