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LE BEL ÉTÉ 36
OUI, POURQUOI, AU FAIT ?
A cause d’une question qui me tenaillait chaque jour davantage : et si l’œuf de la mort, clipé à la paroi interne de mon crâne, s’était multiplié avant qu’on le retire, hein ? Le chirurgien m’avait bien expliqué que la tumeur, de par son emplacement, n’avait pas causé de dégâts irréversibles — les sièges de la vue, de la parole, de la mémoire, des réflexes moteurs étant placés nettement plus bas, en direction de la nuque. Mais rien ne prouvait qu’une métastase sans foi ni loi n’irait pas, le cas échéant, se loger pile poil dans cette zone à risque, et une telle éventualité me glaçait les sangs !
Il me fallut attendre plusieurs semaines avant qu’un toubib moins hermétique que ses confrères m’affirme que les cancers cérébraux n’essaimaient pas. En revanche, ils pouvaient parfois repousser au même endroit.
— Mais vu que vous en connaissez déjà les effets, et que de plus, vous serez sous étroite surveillance, on agira immédiatement, ajouta-t-il.
J’en restai comme deux ronds de flan.
— Ah bon ? Personne ne me l’a dit, ça !
— Peut-être ne l’avez-vous pas demandé ?
Foutrediou ! Quand je pense que ma mère m’a répété toute mon enfance : « On se repent toujours d’avoir trop parlé, jamais de s’être tu ! » Quelle connerie, l’éducation !
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Commentaires
C'est difficile pour le médecin de savoir jusqu'où il doit aller, dire au patient, toute chose ayant un bon et un mauvais côté. C'est pas très honnête d'omettre les mauvais côtés et de donner de faux espoirs.
Un fardeau qu'on est contents de pouvoir partager, ça l'allège beaucoup. C'est comme ça qu'un soir d'été, mon cousin et moi au téléphone avons longuement parlé de la mort imminente de notre oncle. On savait qu'il lui restait que quelques jours / heures à vivre, on se faisait à l'idée qu'on ne le reverrait probablement pas avant son décès. Nous étions les 2 seuls (hormis les médecins) à nous rendre vraiment compte de l'état de notre oncle. Finalement, ce soir là, on a décidé de ne rien dire au reste de la famille, parce que ça n'aurait servi à rien.
Crois-moi, personne n'a envie d'entendre "Il ne reste que quelques jours et encore, je suis large." ni "Bon, on l'a mis sous respirateur et perf, mais on sait bien qu'il est déjà mort depuis hier."
Et quand c'est ta famille, que justement tu as cette connaissance qui pèse, tu ne dis rien pour ne pas accabler les autres. Parce qu'il ne faut pas tuer l'espoir, sinon il ne reste plus rien. Mais il ne faut pas non plus donner de faux espoirs, sinon la chute est beaucoup plus dure "Tu avais dit que ça marchait bien ce traitement." "Oui, ça marche très bien, chez 75% de patients."
Justement parce qu'on peut y trouver tout et son contraire. La plupart du temps, ce sont des gens qui racontent leur expérience, donc c'est biaisé. Sans compter tous les charlatans qui pullulent. Plus de la désinformation sur tout ce qui touche aux médicaments / vaccins. Et les titres racoleurs des grands journaux quotidiens, qui au final racontent n'importe quoi.
Il y a un rapport signal / bruit qui est vraiment mauvais.
A mon avis, certainement pas le meilleur endroit pour obtenir une information complète, cohérente et fiable.
Allô ! Desproges ? ... Fournier ?
Clairement les toxicités des médocs ne sont pas souvent détaillées par les médecins et on n'a pas la notice des chimio. Et celui là a l'air particulièrement violent...
Il y a aussi les interactions à éviter qui doivent être listées.
C'est de Beaumarchais, on en parlait dans les commentaires d'un précédent épisode...
Depuis il est mort... d'un cancer, le salaud !
N'empêche que je l'avais maudit et que je lui avais souhaité de subir ce qu'il me faisait subir, alors bouhouu l'horrible sentiment de culpabilité ;-((
C'est dégueulasse.
Bon, je vous laisse méditer sur ces tristes destinées. A plus (mais pas dans 2000 ans).
Zut, je vais m'aliéner les mouvements féministes avec mes commentaires pleins de tendresse. Pff. Qu'est-ce qu'il ne faut pas faire pour mettre une idiotie.
Hein hein hein...39Pata lVendredi 29 Août 2014 à 13:3040Pata lVendredi 29 Août 2014 à 13:3041Pata lVendredi 29 Août 2014 à 13:30
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A part ça, j'aurais deux mots (voire beaucoup plus) à dire à ma mère, pour ma mauvaise éducation.