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GRANDS MOMENTS DE SOLITUDE 79
Cauchemar d’auteur
Une autre histoire de dédicace, tiens, tant qu’on y est. Ma toute première, à la fête de l’Huma 1989. « Et Rose elle a vécu » venait de sortir, et Richard Borhinger, bombardé directeur de collection chez Denoël, m’avait prise sous son aile.
Nous voilà donc tous deux assis côte à côte, dans la tente prévue à cet effet. Dehors, il pleut à verse. Une foule détrempée piétine devant Richard qui signe son dernier livre, « Le bord intime des rivières ». Moi, personne ne me remarque. Mais alors, personne, hein ! Les gens se pressent contre ma table sans daigner m’accorder un regard. Il y en a même certains qui s’affalent sur mes livres avec leurs imperméables mouillés — et ce en dépit de mes protestation que, dans le brouhaha, ils n’entendent pas. À force, la table (une planche posée sur des tréteaux) finit par basculer, et les bouquins dégringolent dans la boue. Je les ramasse à quatre pattes, entre les pieds des visiteurs qui marchent dessus sans même s’en rendre compte.
Quand le libraire est passé après la fermeture, il a vivement remercié Richard dont le score de vente était impressionnant. Puis il a balayé mes piles défraîchies d’un regard affligé, en lançant à son arpette :
— Tous ces exemplaires sont bons pour le pilon. Encartonne le stock et renvoie-le tel quel à l’éditeur.
Parole d’honneur, j’étais aussi gênée que si je m’étais soulagée dedans !
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Commentaires
1benoît barvinMardi 6 Mars 2012 à 08:35Répondre
Tu risquais - et Richard aussi - bien plus qu'une simple bousculade, surtout qu'il faisait un temps de chien et que les gens devaient perdre patience.4guduleVendredi 29 Août 2014 à 13:485guduleVendredi 29 Août 2014 à 13:48
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