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grands moments de solitude 201 (tome 2)
Après vous, M. de La Fontaine !
Ils en rêvaient tous, de ces vacances à la neige : Alex, Sylvain, Barbara, Nina, Mélanie — ; tous, sauf moi qui ai horreur du froid et ne suis jamais montée sur des skis de ma vie. De plus, les chiens n’étaient pas acceptés dans les chalets de location, et laisser Freddy à Paris me brisait le cœur.
Il m’aurait tenu compagnie, pourtant ! Car, comment m’occuper pendant que ma p’tite famille s’échinait sur les pistes, sinon en le promenant le long des pentes enneigées ?
En bouquinant aux terrasses des cafés, peut-être ? Ou alors, en écrivant ?
Oui, mais quoi ?
Tandis que j‘y réfléchissais, me vint une idée, ma foi, fort sympathique : si je « continuais » les fables de La Fontaine sous forme de pastiches ? J’en connaissais une bonne quinzaine par cœur, prêtes à servir de terreau à l’exercice. Or, cet exercice m’intéressait d’autant plus qu’il consistait à modifier les multiples morales du petit théâtre animalier qui avait enchanté mon enfance ; morales que j’estimais pessimistes, désespérantes, et contraires à ma propre éthique.
Ainsi prônai-je le partage dans « Le corbeau et le renard », la justice dans « Les animaux malades de la peste », la solidarité dans « La cigale et la fourmi », l’union contre la tyrannie dans « Le chat, la belette et le petit lapin », la fatalité dans « Perrette et le pot au lait », pour les rendre plus conformes à nos idées modernes.
Ce que j’ignorais, c’est que nous étions à quelques semaines du tricentenaire de la mort de La Fontaine, et que Hachette cherchait un manuscrit pour fêter l’événement. A peine sorti, le petit opuscule trouva sa place dans les écoles, où les élèves le remanièrent à leur guise – ce qui les incita, selon le vœu du fabuliste, à réfléchir sur la nature humaine, voire à tenter de l’améliorer.
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