• grands moments de solitude 200 (tome 2)

     

                               Journal intime d'une pensionnaire

     

             Mettre sur pied une édition de romans de gare à tendance érotique était, depuis toujours, le souhait du patron du Pubnou. Mon « Sexe des anges » inaugura la chose  sous le titre falsifié de «  Soumise à mon élève », suivi de près par «  Journal intime d’une pensionnaire »,dont la fraîcheur et le parler puéril plurent d’office à mon commanditaire , mais qui ne survécut pas à l’arrêt de la collection.

             Sur le conseil d’amis écrivains, je le proposai donc à un autre éditeur, La Mutine, spécialisé dans les textes lestes, de préférence féminins.

             Après lecture, le directeur  de La Mutine m’annonça :

             — Votre roman nous intéresse mais nous ne pouvons le publier en l’état. Le style n’est pas assez mûr. Il sera réécrit par un professionnel.

             Je fis un bond en l’air :

             — Hein ?? Qui  ?

             — Luc Gaspard ; Vous devez le connaître : c’est le champion des rewriters.

             — Luc ? La bonne blague ! Un de mes plus anciens pigistes ! Ça fait dix ans que je corrige ses fautes d’orthographe et de syntaxe.

             J’en profitai pour signaler à M. Mutine que le style qu’il contestait n’était ni le fruit du hasard, ni un manque de savoir-faire, mais une volonté délibérée de « coller » au personnage, et ce pour le plus grand confort des lecteurs.

             Ayant refusé l’humiliant lifting, je tournai dignement les talons, comme l’avait fait avant moi Jean Rollin,  outré par un accueil semblable.

              «  Enfer privé », arraché de justesse aux griffes du prédateur, devint, par la suite un film remarquable, et fut réédité aux Belles Lettres— ce qui, en terme éditorial,  vous a quand même une autre gueule que La Mutine, pas vrai ? 

             Quelques mois plus tard, une mésaventure de cet ordre affectait mon amie Luna dont les romans french love, traduits dans le monde entier, rencontrent un gros succès outre-Atlantique.

             Bien joué, M. Mutine ! Voilà ce qu’on appelle de la sagacité !

            

    « grands moments de solitude 199 (tome 2)grands moments de solitude 201 (tome 2) »

  • Commentaires

    1
    yellow-selle-bottes
    Mardi 5 Janvier 2016 à 15:57

    Tant il est vrai que savoir tourner l'étalon n'a pu nuire à ce  passage à l'écran .yes

    2
    Mardi 5 Janvier 2016 à 19:18

    Voui, mon Yellow, laisse Thomas dans l'étalon. Surtout s'il a selles-bottes.

    3
    Cachou
    Samedi 9 Janvier 2016 à 19:04

    Il y a un beau monde chez toi, Gudule ... J'en suis toute intimidée !

      • Samedi 9 Janvier 2016 à 22:57

        Mais ce n'est que moi, Cachou ! (ah bon, c'était pas moi, le beau monde ?)

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :