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grands moments de solitude 197 (tome 2)
Où vas-tu, petit soldat ? À l’abattoir
En 1989, Sylvain caresse un projet ma foi fort sympathique : éditer un album collectif sur la guerre des tranchées. Les bénéfices de cette opération, par ailleurs entièrement bénévole, serviront à financer des actions antimilitaristes : tracts, affiches, conférences, exposition de documents d’époque, etc.
Nous plongeons tous deux dans nos carnets d’adresses et appelons les copains bédéistes pour solliciter leur collaboration.
Le livre, une fois imprimé, s’avère magnifique. Une admirable couverture de Tardi, et des planches intérieures des meilleurs graphistes du moment (Gotlib, Edika, Gébé, Pichon, Pichard, Al Coutelis, Thiriet,Teulé, Goossens, Cabu, Taffin, Delarue, Mix &Remix, Savard, Caro, Nicollet, Kellec Menu, Sylvie Picard, Pellos…), illustrent un rédactionnel concocté sur mesure par deux historiens libertaires. Cerise sur le gâteau : au terme de l’opération, Édika m’offre sa planche originale que je m’empresse d’accrocher au mur de mon salon. C’est là que Jean-François, l’un des plus proches amis de Sylvain, la découvre avec un tel émerveillement que, spontanément, je lui en fais cadeau — ce qui me vaut une engueulade de mon compagnon qui s’estime abusivement dépossédé.
— M’enfin, protestai-je, cet original m’appartient, je le donne à qui je veux, t’as rien à voir là-dedans ! En plus, je croyais te faire plaisir en « gâtant » ton pote ; je n’imaginais pas que tu le prendrais mal. Moi, quand on fait un cadeau à quelqu’un que j’aime, je suis aussi contente que si on me le faisait à moi !
— C’est à nous deux qu’Édi a offert cette planche, tu n’avais pas à en disposer sans me demander mon avis, rétorque Sylvain tout à trac. Franchement, Gudule, quel manque de délicatesse !
Cause toujours, bel oiseau !
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