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grands moments de solitude 198 (tome 2)
Valentin Letendre
Certains éditeurs ne mesurent pas le privilège d’avoir tel ou tel auteur à succès dans leur « écurie ». Cette année-là, Plon jeunesse cartonnait grâce aux Peggy Sue de S.B. À tel point que la direction le sollicita afin qu’il créât, secondé par des collaborateurs de son choix, une nouvelle série dans la même veine. S’ensuivit un coup de fil qui m’enchanta littéralement.
—Veux-tu te joindre à nous ? me proposait S. B. Voici comment j’envisage les choses : une équipe réduite mais dynamique et bourrée d’imagination. Pour chaque écrivain, un tome de 250.000 signes par mois, avec un (ou des) héro(s) récurrent(s) dans le(s)quel(s) les ados puissent se reconnaître.
— Houlà ! protestai-je : ce n’est pas mon format, ça ! Moi, je tourne plutôt autour des 100 à 150.000 signes. Je n’aime les gros pavés ni en tant que lectrice, ni en tant qu’auteure.
— Rien ne t’empêche d’écrire plusieurs petites nouvelles qui, mises bout à bout, donnent un roman-fleuve, reprend S.B. C’est une formule qui, en ce qui me concerne, a fait ses preuves.
L’idée est loin de me déplaire, si bien que je promets un synopsis pour les semaines à venir — synopsis dont S. B. compte prendre connaissance à son retour de vacances. L’à-valoir me convient, les termes du contrat également, bref il n’y a aucune raison qu’à ce stade avancé, l’affaire capote.
C’est ce qui se passe, cependant. Profitant de l’absence de l’initiateur du projet, la direction embauche une éditrice qui, bien qu’ultra-novice en littérature jeunesse, reprend la série à son compte. Les contrats sont signés dans la foulée; le nom de la nouvelle directrice de collection y remplace celui de S. B.(dont nous ignorions qu’il avait été évincé) et le chiffre des-à-valoir est divisé par deux. Bref, hormis le fait que S.B. furieux, part en claquant la porte (et à raison), tout roule. Deux mois plus tard sortent les premiers exemplaires. Mon héros, destiné en priorité aux garçons, se nomme Valentin Letendre, et le tome 1 est rebaptisé « Valentin Letendre, Amour magie et sorcellerie », tandis que le deuxième devient, pour cause de marketing : « Valentin Letendre, Frisson, Amour et Maléfice » (On peut trouver actuellement ces ouvrages en éditions numériques chez Multivers : http://www.multivers-editions.com/…/nos-couvertures-font-p…/)
Comme S. B. semble tenir tout particulièrement au suivi de la série, je me creuse le ciboulot pour lui pondre un second tome dans la parfaite continuité du précédent.
Lorsque je lui annonce la bonne nouvelle par téléphone. Sa réponse me laisse pantoise :
— Je ne fais plus partie de la maison, adresse-toi à ma remplaçante.
Or, non seulement cette personne s’est lamentablement plantée dans le choix des couvertures (que l’on croirait dessinées par quelque préado en proie aux affres d’une puberté précoce) mais quand je mentionne l’ouvrage que, selon nos accords verbaux, je viens laborieusement de terminer, elle s’écrie :
—Ah non, non, non ! je n’en veux pas, c’est bien trop tôt ! Faut d’abord liquider le tirage précédent.
J’ai beau lui rappeler que ses concurrents sont très demandeurs, rien n’y fait. (Le suivi drastique des séries, c’est le point sensible de ce genre littéraire alors en plein essor). À L’évidence, la dame est dépassée par les us et coutumes d’un métier qu’elle n’a jamais approché de près. « Valentin Letendre, Frisson, Amour et Maléfice » sortira donc l’année suivante, avant d’être repris, à ma demande expresse, par le club « Succès du livre » sous une admirable couverture d’Erwann Surcouf.
L’année suivante, aux Imaginales d’Épinal, j’apprends que les éditions Bragelonne (où sont déjà parus quatre de mes titres pour adultes) crée une collection jeunesse Sfff, à laquelle je suis censée participer. Comme le cahier des charges correspond à peu près à celui des « Valentin », j’y vois l’occasion d’extirper mon héros de l’oubli et m’informe candidement :
— Vous recherchez une sorte de Valentin Letendre, c’est ça ?
La réponse positive de mon interlocutrice donne le feu vert au « Faiseur d’anges », un gros bouquin de fantasy ( 350.000 signes) qui me sera refusé aussi sec car pas assez « bit-lit » pour Bragelonne. « Le spectre sans yeux », son successeur, connaîtra le même sort jusqu’à ce que les éditions « Armada » s’y intéressent et programment sa sortie pour janvier 2015.
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Commentaires
2Marie-DoVendredi 1er Janvier 2016 à 15:52Merci cher Castor de nous donner encore le plaisir de lire et relire notre chère Gudule.
Pardon de ne pas trouver le temps de commenter en ce moment, mais bon, dans mes bonnes résolutions de cette année ce sera fait (les bonnes résolutions sont faites pour ne pas être tenues, comme on le sait !).
Bon courage et bonne année
Marie-Do (+ Pierre-Yves)
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Samedi 2 Janvier 2016 à 00:30
Et merci, chers Marie-Do et Pierre-Yves, d'être toujours avec nous sur le blog.
Je mets la photo ici, avec la légende ! Je vous souhaite une très bonne année.
"Voilà une vieille photo de Marie-Do prise à Radio Libertaire. Nous venions tout juste de rencontrer Sylvain. Quelques semaines après nous avons rencontré Carali et Gudule dans un restau Libanais après une fête de Radio Libertaire en 82 ou 83."
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Castor, gentil Castor, notre Gudule s'est mélangé la plume, c'est "Bit-litt" le terme utilisé par bragelonne.
Mais des bises et ms meilleurs voeux pour 2016
Jeanne
Très juste, Jeanne, je vois même dans Wiki que c'est écrit bit-lit. Je corrige tout-de-suite.
Je te souhaite une bonne année 2016. Bises.