• grands moments de solitude 124 (tome 2)

     

                                   Le coup du parapluie

     

             Après avoir longtemps cherché un éditeur pour mon premier roman, Autopsy d’une conne (voir chapitre 94 du présent recueil), j’eus enfin la joie d’être acceptée par Denoël dont le directeur commercial, Bernard W. cherchait des auteurs décalés pour sa nouvelle collection : « Périphériques ». À la base de ce projet, le succès phénoménal de C’est beau, une ville la nuit.

             — Cette collection sera dirigée par Richard Bohringer en personne, m’expliqua Bernard lors de notre première entrevue. D’ailleurs, je viens de lui donner votre manuscrit dont j’ai apprécié à leur juste valeur la spontanéité, la verve impertinente, le sens de l’autodérision et les pirouettes syntaxiques.

             Je reçus ces mots divins comme le saint-Sacrement. C’était la première fois que ma prose me valait de tels compliments, surtout de la part d’un grand éditeur. En général, elle suscitait plutôt des froncements de nez, une bouche pincée ou un haussement d’épaules suivi d’un « ouais, bof » mitigé.

             Je flottais toujours sur mon petit nuage quand, dans l’après-midi, le téléphone sonne à mon bureau.

             — Guduuule !, hurle la standardiste, excitée comme une puce, y a Richard Bohringer pour toi, à l’appareil !

             Le cœur battant à tout rompre, je décroche, et me parvient une voix dont tout le monde connaît les accents éraillés.

             Or, cette voix, non contente de titiller ma fibre cinéphile, me déverse dans l’oreille une bordée de louanges qui en feraient rougir de plus coriaces que moi. R.B. vient de finir mon livre et, en substance, l’a adoré. Surtout la scène du parapluie qu’il décortique longuement.

             — J’adore le personnage de Louis de Backer, conclut-il. Ce rôle est taillé sur mesure pour moi. Je vais en causer à Jean-Jacques Beineix.

             Cette fois, c’est carrément les trompettes de Jéricho.

     

     

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  • Commentaires

    1
    Mercredi 30 Septembre 2015 à 12:21

    Je vais reprendre les mots de Mélaka : "c'est pas une solitude, ça, c'est une youpitude !"

     Pour l'instant.

    2
    Joëlle
    Mercredi 30 Septembre 2015 à 12:44

    Oui, elle a raison, Melaka.

     

    3
    Mercredi 7 Octobre 2015 à 10:32

    Oui, elles ont raison, Boudune et Mélaka !

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