• Quand est-ce que les Label Rouge et autres poulettiers de mes deux vont arrêter de coller leurs étiquettes DIRECTEMENT sur la peau du poulet ? Si on a le malheur de le congeler (le poulet, pas l'éleveur), plus moyen de retirer l'étiquette en question. Elle se décompose, se barre en lambeaux minuscules, bref, impossible de la virer proprement. Alors, de deux choses l'une : ou on découpe carrément la peau, et tant pis pour les amateurs de couenne grillée, ou on se résout à mâcher du papier. 

    Tout cela, me direz-vous, est sans grand intérêt en regard des horreurs de l'actualité, mais ce que c'est agaçant !

    Bonne journée à tous. 


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  • Je viens d'écrire une petite chanson, à chanter sur l'air de "Dominique, nique, nique"

      

    Il nous nique, nique, nique

    Ce gentil gouvernement

    Corrompu jusqu’aux dents

    Côté jardin, Bettencourt

    Et les pots d’vin, côté cour

    Et les pots d’vin, côté cour

     

    Enveloppes choupinettes

    Et parachutes dorés,

    Bling, bling, tombent les pépettes

    Sur des comptes bien planqués !

     

    Cette clique, clique, clique

    Bouffe à tous les râteliers

    Et nous, on s’fait baiser.

    Qui finance les d’sous d’table ?

    Le cochon d’contribuable

    Le cochon d’contribuable.

     

    La France pointe au chomdu

    Sarko s’offre un beau navion

    Et devant l’trou d’la Sécu

    Il s’branle avec ses millions !

     

    Politique, tique, tique

    D’austérité, nous dit-on,

    Serrez vos ceinturons !

    Les caisses sont toutes à sec

    Pour les r’traites, plus un kopek

    Pour les r’traites, plus un kopek.

     

    C'est la raison pour laquelle

    Le salair’ du président

    Et ses p’tits frais personnels

    Ont quadruplé en un an ! 

     

    On embauche des tonn’s de fliques

    Pour aller kärchériser

    Les gosses des cités

    Car pour leur éducation

    L’Etat manque de pognon

    L’Etat manque de pognon.

     

    L’école, privée de fric

    Est en train de dépérir

    Bientôt, plus d’service public

    Et tant pis pour l’avenir !

     

    A coups d’triques, triques, triques

    Besson traqu’ les immigrés,

    Dehors, les colorés !

    Qu’ils crèvent dans leur pays

    Y a pas de place pour eux ici !

    Y a pas de place pour eux ici !

     

    De la France de Voltaire

    Chassons tous les étrangers

    Et équipons des charters

    Pour nos ex-colonisés !

     

    Il nous nique, nique, nique

    Ce gentil gouvernement

    Corrompu jusqu’aux dents

    Mais il est beau, nous l’aimons

    Il nous encule, et c’est bon

    Il nous encule et c’est bon ! 


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  • 000226998Je vais vous raconter une bien jolie histoire ; une sorte de conte de fées. En février dernier, je reçois ce courrier, par l'intermédiaire d'over-blog : 

    Bonjour Madame Gudule,

    Nous sommes les élèves de la classe de CM2 de l’école française André Malraux, la seule école française de Bobo-Dioulasso. Bobo-Dioulasso est la deuxième grande ville du Burkina Faso. 

    Notre classe compte 16 élèves (8 filles et 8 garçons) et notre école compte 258 élèves de la maternelle à la troisième. 

    Avec notre enseignant, Eric THIRY, nous avons lu votre livre « Gare à la poupée Zarbie » que nous avons préféré à tous les autres livres lus en classe. On l’a adoré parce que notre maître nous lisait un chapitre par jour et le suspense nous faisait attendre impatiemment la suite de l’histoire. On a vraiment été surpris que Léo faisait en fait un rêve et on a adoré la fin qui remet le doute sur la magie de la poupée.

    Nous avons tellement aimé votre livre que nous en avons cherché d’autres de vous à la BCD (la bibliothèque de notre école). On a lu « destination cauchemar » et « la poupée aux yeux vivants ».

    Depuis l’année dernière, les classes de CM1, de CM2 et de sixième des écoles françaises d’Afrique de l’Ouest peuvent réaliser un court métrage à partir d’un livre. Ce projet est un concours organisé par Dakar. 

    Cette année, notre classe a été inspirée par votre livre et nous aimerions en faire un court métrage. Nous connaissons quelqu’un ici, un papa-réalisateur qui pourrait nous aider dans ce projet. 

    Mais tout ceci sera possible si vous nous donnez l’autorisation d’adapter votre livre. 

    Donc, par cette lettre, nous vous demandons votre accord pour adapter votre livre et en faire un court métrage. Ce projet nous tient vraiment à cœur et nous avons déjà beaucoup d’idées pour réaliser ce film.

    On vous remercie de nous répondre en espérant que vous accepterez.

    LA CLASSE DE CM2 

    Axel – Carey – Manon – Sebastian – Emmanuel – William – Paul – Farida – Malicka – Ebelou - Emile - Jonathan

    Emilie – Nour – Saphia – Salif

     

    photo de classe compressée

     

     

     Je donne, bien entendu, mon autorisation et celle de Guillaume Widmann, directeur des éditions Mic-Mac, et l'aventure poursuit son cours. Je reçois régulièrement des nouvelles du tournage, et puis, hier, me parvient ce message : 

     

    Bonjour,

     

    Nous avons de bonnes nouvelles à vous annoncer.

     

    La semaine dernière, notre film a participé à deux festivals : celui de Meyzieu (en France) et celui de Dakar (au Sénégal)

     

    « Pas touche à Zonama » a été projeté à Bobo-Dioulasso et presque 200 personnes sont venues le voir. Il a été projeté aussi dans 43 autres villes du monde : Dijon, Lyon, Nice, Paris, Rennes … Bamako (Mali), Lomé (Togo), Chittagong (Bangladesh), Rabat (Maroc), Santa-Cruz (Bolivie) … bref, beaucoup de monde est venu le voir.

     

    Pour le festival de Dakar, nous avons reçu 3 prix : celui de la meilleure interprétation féminine, celui de la meilleure interprétation masculine et le prix du meilleur film.

     

    Pour le festival de Meyzieu, dans toutes les villes, les gens votaient pour les 17 films : c’est notre film qui a été le premier nominé avec 5 autres films. Les 6 films nominés sont passés devant le jury qui n’en a choisi que deux et nous avons reçu le deuxième prix.

     

    Voilà les bonnes nouvelles que nous voulions partager avec vous.

     

    Nous  devons notre réussite à votre magnifique histoire. Merci encore.

     

    La classe de CM2

     

    PS : On vous envoie aussi les affiches du film.

     

    affiche 1JPEGaffiche 3 JPEG

     

    Je me précipite donc sur le site de Mezieu où je peux, effectivement, lire : 


    Films lauréats Festimaj - Semaine mondiale 2010

     

    PRIMAIRES :

    1er prix :

    Charlot au restaurant - 6'10 Fic - Culture sur cour et 1001 images Paris 18ème. Charlot doit retrouver sa fiancée au restaurant, mais les choses ne se passent pas comme il le pensait...

     

    2ème prix : 

    Pas touche à Zonama ) 8'Fic - Ecole française André Malraux Bobo-Dioulasso Burkina-Faso. Une poupée magique d'Amazonie vient bouleverser la vie de Jonathan...


      Alors, je n'avais pas raison quand je vous promettais une jolie histoire ? 

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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  • Suite à la demande de plusieurs classes, concernant la genèse de "La vie à reculons" (Hachette, livre de poche jeunesse) j'ai écrit ce petit texte qui répond — du moins, je l'espère — aux questions des lecteurs.

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    Ce n’est pas par hasard qu’un auteur aborde un thème douloureux, dans un livre. C’est souvent parce qu’il se sent directement concerné, à travers son propre vécu ou celui d’un de ses proches. Le SIDA m’a interpellée, dès le début des années 80, en la personne de mon meilleur ami, qui a découvert sa séropositivité à une époque où le VIH était encore très peu connu. Les rumeurs les plus fantaisistes couraient sur le mode de transmission du virus, ses remèdes et ses effets. On pensait que boire dans le même verre qu’un séropositif — ou même lui serrer la main, l’embrasser, lui parler de trop près, etc —  étaient des facteurs de contamination. Mon ami, qui se nommait Alain, a vu, de la sorte, ses copains, ses collègues de travail, ses voisins, le fuir « comme la peste ». M’étant personnellement renseignée auprès d’un médecin spécialisé des risques qu’il nous faisait encourrir, à moi, mon mari et surtout notre fille de dix ans, j’ai décidé d’écrire un livre pour dénoncer les idées fausses qui couraient sur cette maladie, et provoquaient l’exclusion de ceux qui en étaient atteints. Par l’intermédiaire du médecin que j’avais consulté, j’ai fait la connaissance d’un garçon de 15 ans, prénommé Ludo, qui m’a raconté sa déplorable expérience d’élève séropositif en milieu scolaire. J’ai repris certaines de ses confidences dans mon livre (l’épisode de la piscine, entre autres).

    À l’époque où j’ai écrit « La vie à reculons », ma fille Mélanie venait d’entrer en quatrième. Après en avoir discuté avec elle — et avec son accord —, j’ai situé l’histoire dans sa classe. J’ai donc pris quelques-uns de ses copains comme personnages. Thomas, en revanche, a été créé de toute pièce, mais certaines de ses réactions se rapprochent de celles de Ludo. Elsa, quant à elle, est une jeune fille que je rencontrais tous les matin sur le quai du métro, en allant au travail. Je ne lui ai jamais parlé. Elle ignorera toujours que j’ai « capturé » son image pour la mettre dans mon roman. Le décor aussi est authentique : c’est le quartier périphérique de Paris où nous vivions, à cette époque. C’est sans doute en partie grâce à ça que « La vie à reculons » est en prise sur le réel. J’y décris des événements qui, bien qu’étant de la pure fiction, se rapprochent de la « chronique de vie ». (Je vous rassure tout de suite : les voyous, eux, sont complètement imaginaires !)

    J’ajouterai que les ados qui m’on servi de modèles étaient très excités, pendant la rédaction du livre. Ils se demandaient de quelle manière j’allais les mettre en scène. Lorsque le roman est paru, je leur en ai offert un exemplaire à chacun. La plupart d’entre eux se sont sentis flattés, ou, en tout cas, se sont reconnus. La seule à protester fut ma fille, qui n’aimait pas la Mélanie ragoteuse qu’elle incarnait. Je lui ai expliqué qu’il s’agissait d’un rôle, comme celui joué par n’importe quel acteur, et pour la consoler, j’en ai fait l’héroïne de mon roman suivant, « L’envers du décor », où elle incarne une fille super-sympa.

    Aujourd’hui, « La vie à reculons » a vieilli. On a fait de grands progrès au niveau de l’information, et il existe des remèdes contre le SIDA. Avec le recul, les réactions hostiles de l’entourage de Thomas semblent excessives, et c’est tant mieux. Ça signifie que, à ce point de vue du moins, notre société a évolué dans le bon sens.

    Quant à Alain, qui est à l’origine du livre, bien que sous trithérapie depuis plus de vingt ans, il se porte comme un charme. Et j’ai régulièrement des nouvelles de Ludo par sa mère. Il vit aujourd’hui à la Martinique, est marié, et a adopté trois enfants.

     

    Traduction en Thaïlandais (communiqué de presse)

    La vie à reculons de Gudule vient d’être traduit en thai. Ce livre pour adolescents publié en 1999 aux éditions Hachette Jeunesse raconte la difficile vie d’un adolescent, Thomas, devenu séropositif après une transfusion sanguine. Lorsqu’il tombe amoureux d’Elsa, Thomas ne se doute pas que son secret va être révélé aux parents de la jeune fille et par là même à toute son école. Se heurtant au mépris ou à la pitié de ses camarades d’école et de certains de ses professeurs, Thoma décide de se battre pour son amour et sa vie.

    La traduction en thaï a été publiée par les éditions Bliss, en coopération avec la Dhamrongchaitham Foundation for Enhancing the Education Status of Children, laquelle a fait don du livre à chacune des 12.500 écoles thaïlandaises.


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  • Interview de Gudule

    par Serge Perraud

    L’auteur partageait son œuvre entre une littérature « adulte » qu’elle signait Anne Duguël et une littérature « Jeunesse » qu’elle paraphait Gudule.
Depuis quelques années, la fusion s’est opérée. Gudule à triomphé et reste seule sur les couvertures des livres car son fantastique plonge principalement ses racines dans l’enfance. Elle promène son lecteur sur les chemins de la terreur propres aux contes de fées et de l’horreur générée par les psychoses des adultes. C’est ainsi que ses histoires se basent sur les faits de société, prenant en compte les pires déviances.

    Cependant, cette Gudule ne vous vend pas des bijoux au poids, mais des joyaux finement ciselés à la peur, des pierres précieuses polies à l’angoisse. Elle sait dresser, en quelques images choc, une ambiance fantastique teintée d’horreur.

    Gudule, c’est la princesse qui étripe la sorcière, c’est la Grand-mère qui mange le loup.

    La publication, par Les Éditions Bragelonne, d’un premier omnibus regroupant huit de ses romans d’horreur et de fantastique écrits entre 1995 et 1998, (dont un inédit) est l’occasion de découvrir ou redécouvrir un auteur à l’œuvre atypique et captivante.

     

     

    Le premier volume du Club des petites filles mortes met en lumière un fait qui échappe en lisant vos romans au fil des années : c’est le nombre de petites filles qui meurent sous votre plume. Pourquoi vous acharnez-vous ainsi sur ces frêles créatures ?

    La même question m’a été posée par Stéphane Marsan, directeur des éditions Bragelonne, quand je lui ai proposé ce projet. Je lui ai répondu « C’est de ma propre enfance que je me débarrasse ». Il s’agit, bien sûr, d’une pirouette ! Quoique… Mais pour parler plus sérieusement, je crois que ce n’est pas un hasard si les enfants – et en particulier les fillettes, symboles de pureté et d’innocence — ont une place de choix dans la littérature et le cinéma fantastiques. Tout comme l’amour, l’horreur naît des contrastes !

    Avez-vous le sentiment que, dans notre société, beaucoup de petites filles meurent (physiquement et sentimentalement) dans des conditions dramatiques ?

    Oups ! D’une boutade, voilà qu’on tombe dans la plus sordide des réalités. Oui, j’ai ce sentiment, et je pense que la chose a toujours existé. Dans toutes les religions, ce sont les vierges qu’on sacrifie. Et le droit de cuissage, la lapidation, le crime d’honneur, l’immolation des petites Indiennes par le feu, l’excision, le viol, Dutrou, le port de la Burka, etc (la liste n’est, hélas, pas exhaustive !) sont encore d’actualité aujourd’hui.

    Mais n’est-ce pas toujours la même petite fille que vous tuez ?

    Sûrement, même si cette petite fille, à la réflexion, est bien différente de celle que j’étais jadis. Mais c’est peut-être celle que j’aurais voulu être ? Allez savoir…

    Par contre, celles qui survivent ont une capacité de cruauté peu commune. Est-ce nécessaire pour survivre ?

    On tombe carrément dans le questionnement philosophique, là ! J’avoue ne pas avoir réfléchi aux tenants et aux aboutissants de la chose. Nous avons tous une part de cruauté en nous, non ? Certains la jugulent, ce qui fait d’eux des agneaux (et donc les proies rêvées des sadiques de toute sorte), d’autre y donnent libre cours : ce sont les bourreaux des précédents. Mais pour la plupart d’entre nous, l’émergence de notre « face noire » est une question d’opportunité. Des événements comme ceux que je développe dans mes livres sont aptes à faire ressurgir les démons enfouis.

    Ne partez-vous pas, pour vos intrigues, de situations banales, quotidiennes que vous faites déraper ? Qu’est-ce qui déclenche pour vous l’idée d’un roman de terreur ou de fantastique ?

    Ça, mystère ! Je me pose souvent la question à moi-même : « Où foutre bleu vas-tu chercher tout ça ? » Et je suis incapable d’y répondre… Je dois avoir développé, à la longue, une perception particulière de la réalité qui s’exprime avec virulence quand je suis devant mon clavier. Mais bon, un psychanalyste vous en dirait sans doute bien plus que moi sur le sujet !

    Vous servez-vous également des craintes communes aux parents et surtout aux mères de famille ?

    De mes propres craintes, voulez-vous dire ? Bien entendu ! J’ai été une mère angoissée, toujours sur le qui-vive. Je suis aujourd’hui une grand-mère inquiète. Il est évident que les fantasmes engendrés par l’amour que je porte à mes enfants et à mes petites-filles nourrissent mes romans ! D’ailleurs, dans certains d’entre eux, je me mets carrément en scène. Je pense à « Poison », par exemple, l’un des deux textes inédits de mon prochain omnibus  « Les filles mortes se ramassent au scalpel », où je sers de modèle au personnage de Maud. À l’époque où j’ai écrit ce livre, ma fille avait quinze ans. Or, la fille de Maud disparaît, et elle craint le pire. Durant plusieurs chapitres, ses affres sont ainsi décrites « de l’intérieur ». Ce sont très exactement celles que j’aurais éprouvées dans une situation semblable !

    Mais ces peurs ne viennent-elles pas, aussi, de votre enfance ?

    C’est un mélange subtil des deux : mes peurs d’enfant et mes peurs d’adulte. Le temps ne change pas la sensibilité des êtres. On reste, à travers tous les âges de sa vie, la même petite fille qui tremble dans le noir. Simplement, en vieillissant, la peur cesse d’être instinctive pour devenir consciente et étayée par l’expérience. Elle n’en est que pire, à mon avis !

    Ne créez-vous pas la peur et l’angoisse avec les dysfonctionnements psychiques de l’être humain. Ne sommes-nous pas tous potentiellement des monstres ?

    J’en suis convaincue. Tout est affaire de circonstances, comme je le disais plus haut. La personne la plus adorable, dans un certain contexte, peut se révéler ignoble. Ça c’est vu, durant les guerres, dans les camps de concentration, tout ça…

    Raconter une histoire de terreur, n’est-ce pas une façon de s’en libérer ?

    Il est évident qu’on se débarrasse de nos peurs en les développant dans un récit ! Sinon, ça servirait à quoi d’écrire ?

    Vos romans ne contribuent-ils pas à dénoncer les graves dangers qui menacent les enfants ? Petite chanson dans la pénombre n’a-elle pas été écrite à une période où la population commençait seulement à prendre conscience que la pédophilie n’était pas qu’un simple mot inerte dans un dictionnaire, mais une réalité trop répandue ?

    La pédophilie a toujours été présente dans mes livres, au même titre que l’inceste, l’abus de pouvoir, la maltraitance, les violences faites aux plus faibles : enfants, handicapés, vieillards, animaux. En cela, vous avez raison de dire que je projette mes propres angoisses dans mes récits. Mes révoltes également. Je suis, depuis ma plus tendre enfance, hantée jusqu’à l’indicible par la notion de victime. Les souffrances, qu’elles soient physiques ou morales, infligées par ceux qui détiennent le pouvoir — parents, professeurs, policiers, hommes politiques, etc. — aux êtres qu’ils dominent, me révulsent au-delà de tout. De l’enfant qui écrase sciemment une fourmi aux génocides perpétrés par des dictateurs, cet aspect de l’humain m’horrifie. Mes livres, quels que soient leur genre ou le public auquel ils sont destinés, n’ont cessé de le dénoncer.

    La journaliste que vous avez été ne transparaît-elle pas derrière la romancière par l’actualité des sujets traités comme la pédophilie, Alzheimer, le jeunisme…

    Le journalisme a été pour moi une très bonne école. Je lui dois ma capacité à cerner un thème, à le développer sous toutes ses formes, à en appréhender les diverses implications. Mais les sujets que vous énumérez, même s’ils bénéficient d’un coup de projecteur médiatique souvent aussi opportuniste qu’éphémère, sont éternels. La pédophilie, j’y ai été confrontée très jeune — comme bon nombre de fillettes de ma génération. Alzheimer également, qui a frappé très tôt un membre de ma famille. Quant au jeunisme, nous en subissons tous les effets dégradants, comme nous subissons ceux de la publicité, des modes, de la surconsommation, des faux besoins et de leur corollaire : les vraies arnaques. Pour dénoncer toutes ces manipulations, pas besoin d’avoir été journaliste : il suffit d’un peu de lucidité… et de beaucoup de colère !

    On retrouve dans nombre de vos histoires des références à des contes, des comptines. Ces histoires pleines de meurtres et de sang sont-elles faites pour des enfants ?

    Elles l’ont toujours été. C’est notre époque, puritaine, sécuritaire et aseptisée à outrance, qui s’efforce de n’offrir aux enfants qu’une littérature mièvre, sans commune mesure avec la réalité. Cette censure est d’autant plus paradoxale que les informations dont on nous abreuve (et eux aussi) sont, elles, d’un réalisme souvent insoutenable. De tout temps et sous toutes les latitudes, les contes ont eu un rôle didactique : éduquer les populations, les mettre en garde contre les dangers, leur retirer l’illusion puérile que l’univers n’était peuplé que de braves gens. À travers des métaphores souvent excessives, on aiguisait très tôt leur prudence et leur sens critique. C’était une question de survie. Aujourd’hui, la télé s’en charge.

    Vous revenez souvent, dans vos romans, sur la difficulté d’être parent ou sur les relations difficiles entre homme et femme, les deux n’attendant pas la même chose d’une rencontre. L’incommunicabilité entre les êtres est-il un des sujets qui vous tient à cœur ?

    Ça nous tient tous à cœur, d’une manière ou d’une autre, non ? C’est la trame de la plupart des tragédies — et des comédies — humaines !

    La mère de vos petites filles est très souvent absente ou aussi fragile que leur enfant. Par contre, l’image de la grand-mère apparaît comme un refuge, un havre de sûreté, de sécurité et occupe une place essentielle. La mère est-elle un « chaînon » dont on peut se passer dans la vie d’une petite fille ?

    Absolument pas ! Mais mes livres ne cherchent pas à émettre de théories sociales. Ce sont avant tout des histoires, et les critères que je mets en place sont là pour servir l’intrigue et créer un maximum de suspense, point. Si j’y fais de plus en plus souvent intervenir des grands-mères, c’est que j’en suis une, tout simplement ! Et que je me projette !

    La fiction peut-elle rattraper la réalité ? Comment imaginer les horreurs que l’on découvre, des cas de séquestration dans des conditions plus que carcérales, sur des décennies ?

    Les récents événements de cet ordre survenus en Autriche m’ont fait dire : « Il y aurait là matière à un bouquin époustouflant ! ». Mais pour écrire cela, il faudrait plonger dans l’horreur vécue par la recluse et ses enfants, s’en imprégner, l’éprouver de l’intérieur… Personnellement, je ne m’en sentirais jamais la force ! C’est largement plus atroce que tout ce que, dans mes cauchemars les plus fous, j’ai pu imaginer !

    Dancing Lolita est un inédit. A-t-il été écrit pour le présent recueil où est-ce un texte qui n’a pu être publié par l’arrêt de la collection terreur du Fleuve Noir ?

    C’est un texte récent, que j’ai « couvé » durant plusieurs années avant de me décider à l’écrire pour Bragelonne. Il a tout naturellement trouvé sa place dans ce recueil.

    Votre éditeur annonce une révision de vos textes pour la parution en omnibus. Pour vous, cela consiste-il surtout à rénover les références à des faits d’actualité ou à une révision plus approfondie ?

    Ça consiste surtout à retravailler mon « style » (je déteste ce mot). Quand on écrit à haute dose comme je le fais, on affine sans cesse sa manière d’exprimer les choses. Lorsque je relis des textes écrits il y a quelques années, mes propres maladresses d’écriture me sautent aux yeux et m’emplissent de honte. Il me paraissait impossible de laisser republier des romans vieux de dix ou quinze sans les remettre en forme – mais je ne les ai pas trahis pour autant. Au niveau du fond, ils sont restés rigoureusement les mêmes !

    Pourquoi avez-vous changé le titre de Lavinia en Repas Éternel ?

    Ce que je viens d’expliquer est valable pour les titres également. Avec le « métier », j’ai acquis le sens du titre. Je me souviens que, lorsque « Lavinia » est sorti, Jacques Chambon, qui suivait de très près ma production, m’a dit : « Ton titre n’est pas bon ». Il avait raison : je l’avais choisi pour son petit côté Edgar Poe, mais il n’était pas en phase avec le contenu du roman. « Repas éternel », en revanche, exprime à la fois l’idée de mort et celle de repas, ce qui est pile poil le sujet. Dans la mesure où j’avais fait un lifting au texte, il me semblait logique de le re-titrer également. Vous verrez, dans « Les filles mortes se ramassent au scalpel », que j’ai également changé le titre du « Corridor », qui est devenu « L’innocence du papillon » et de « Asylum », qui s’intitule maintenant « L’asile de la mariée ».

    Pouvez-vous nous parler de vos prochaines publications pur adultes ?

    Outre « Les filles mortes se ramassent au scalpel» dont je vous bassine depuis le début de cette interview, deux livres doivent sortir aux éditions Mic-Mac en 2010. En février, un roman dans la veine de la « Ménopause des fées » : « Regrets éternels » (Cette fois, c’est à la mythologie grecque que je mets des bigoudis !). Et en mai « Le petit jardin des fées », une histoire petite fille morte (encore une) qui se passe dans un village médiéval du sud-ouest de la France.

    Puycelsi ?

    On peut dire ça comme ça... 

    Entretien réalisé par Internet le 30 et 31 mai 2008 et modifié en mars 2010

     


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