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GRANDS MOMENTS DE SOLITUDE 164
La fabrique de gros cons
Vais-je oser ? Allez, j’ose. Nous sommes assez intimes, maintenant, pour que je vous avoue toutes mes turpitudes.
C’était au Thier-à-Liège. Je devais avoir sept ans maximum, et mon copain Jean-Aimé, dix. En vrai fils de paysans, il possédait une carabine à plombs avec laquelle il dégommait les petits oiseaux — chose qui m’horrifiait au dernier degré, cela va de soi.
Un matin, au réveil, je le trouve à l’affût dans le pré voisin. Sans se soucier de moi, il épaule, l’œil dans le viseur, le doigt sur la gâchette... Il va tirer... Sur quoi ? Un merle qui chante au sommet d’un arbre.
Ni une ni deux, je bondis vers lui, le bouscule ; la balle rate sa cible et l’oiseau s’envole. Manque de bol, un crétin de moineau se perche à sa place. Jean-Aimé ré-épaule, tout en me prévenant :
— Si tu bouges, je t’en retourne une.
Et moi, du tac au tac :
— Si tu jettes ton fusil, je baisse ma culotte.
— Et je pourrai toucher ?
— Juste un tout petit peu.
La proposition est trop alléchante pour qu’il la refuse. Je m’exécute donc, avec le sentiment d’agir pour la bonne cause.
Bien belle histoire, me direz-vous. Tout le monde y trouve son compte : Jean-Aimé, dont la curiosité est satisfaite, le moineau qui échappe à la mort, et moi qui découvre le pouvoir du sexe. Où est la « Solitude » ?
Je l’éprouve trois jours plus tard, lorsque Jean-Aimé me retourne une gifle « de la part de monsieur le curé », avant de m’expliquer :
— Quand je suis allé à confesse, il m’a dit : « Tue tous les oiseaux que tu veux, y a pas de problème, mais regarder le tutu des filles, ça, c’est très mal. Comme pénitence, tu donneras une paire de claques à ta complice pour lui apprendre les bonnes manières. »
Ainsi fabrique-t-on des gros cons, de toute pièce.
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Commentaires
1Benoît BarvinSamedi 23 Juin 2012 à 08:14Répondre
Ce serait très agréable de pouvoir dire "heureusement, les temps ont bien changé"! Mais mis à part le fait que j'entends plus le mot "zezette" que "tutu", des adultes tenant ce type de propos à des enfants j'en ai vu passer une bonne tripoté.
Mais comme j'ai l'espoir bien enraciné, j'espère toujours que ce n'est jamais irréversible !
MAIS, j'ai passé une semaine à animer un atelier dialogue, sur le racisme et la différence. Je crois que je m'en suis pas mal sortie, et j'ai vu certains déclic se faire chez des gamins. Du moins il m'a semblé...
Une petite dose d'espoir pour tenir l'été quoi.
Comme je pense que tout est une question d'individu, je n'essaye pas de répandre de bonne paroles. Je leur donne juste des clefs, et un autre point de vue que celui de leurs milieux, j'essaye de les extraire d'un schéma de pensée trop simpliste. Je n'essaye jamais de les convaincre en fait, je leur demande de m'expliquer leurs opinions sur un thème. Et après je propose plusieurs situations, interprétations,etc.. Bref, j'essaye de leur apprendre à user de leurs cerveaux.
Et mine de rien, j'ai aussi pas mal de contact avec les parents, et parfois, ça finit par les atteindre via leurs bambins.
Donc j'ai eu des groupes de 10enfants (plus c'est impossible); par tranche d'âge, de 6 à 13ans.
J'essaye surtout de ne pas avoir de tabous, dans un sens comme dans l'autre. Les laisser vider leurs paniers ("les noirs ça puent dans le métro", "moi les homos ça me dégoûte", etc..)
Et je leur réponds sans jamais culpabiliser ("Tu sais, en Asie on dit que les blanc sentent très fort aussi parce qu'on est pas fichu pareil au niveau des glandes de sudation", "des fois on confond le malaise et le dégoût", etc..)
Ce n'est pas toujours couronné de réussite, je me fais insulter parfois, j'ai déjà eu des parents qui ont tabassé leur gamins parce qu'ils rentraient avec de nouvelles idées pas aux goûts de la famille etc... Mais presque aussi souvent j'ai des retours qui me donnent un peu d'espoir !
Une maman voilée qui m'apporte des loukoums pour me remercier d'avoir parler de l'Islam différemment, un gamin qui prend son pote par la main en déconnant alors qu'un mois plu tôt il traitait tout le monde de "gros pédé",etc...
À longs termes j'aimerai faire de l'associatif et bosser en tant qu'intervenante... Ou écrire ou dessiner sur le sujet ^^"
Je suis tombée amoureuse de la Belgique après une IRL de blogueurs-bd où on m'avait conviée (quand mon blog était mis à jour plus régulièrement), du coup je vis à Bruxelles depuis 3ans et demi.
J'ai surtout été à Schaerbeek et Evere (que j'aime pour leur mixité socio culturelle et verdure) et là on bouge à Forest !
Nouveau quartier à découvrir, nouveau projets à construire ^^
Pour le moment c'est pas ce genre d'activités qui paient le loyer, mais peut être qu'un jour...
Etant sans religion, et contre les dogmes autoritaires, j'ai étudié un peu ces histoires, et me trouve particulièrement bien placé pour en parler sans passion. La religion chrétienne n'a pas été créée par Jésus, mais après sa mort. Sa parole n'était pas un dogme à la base, mais une collection de principes pour aider les gens simples à mieux vivre leur vie et leur après-vie (la réincarnation était enseignée), dans le contexte de l'époque. Un exemple parmi d'autres ? On lit dans les Evangiles qu'un des disciples, outré, va cafter à Jésus qu'un des leurs bouffe pendant le shabbat, à quoi celui-ci répond : "le shabbat a été fait pour l'homme, et non l'homme pour le shabbat".
En l'an 60, un concile de bons-à-rien de prêtres remanie toute les Ecritures (ce qui était facile, puisqu'ils étaient pratiquement les seuls à savoir lire) pour mieux asseoir son pouvoir, et vire des textes toutes les allusions à la réincarnation. Néanmoins, quelques références qu'ils n'ont pas comprises restent, et on peut encore les lire aujourd'hui dans les missels.
En gros, je pense que le sadisme dans la religion n'est qu'un corollaire, et que la principale visée du clergé, notamment dans les temps anciens, c'était le POUVOIR, et la main-mise sur l'esprit des gens. Les fanatiques bas-de-plafond et suce-bites de tous poils - je ne parle pas de Zoé Borborygme qui est une brave gosse, hein - ont d'ailleurs contribué (et continuent à le faire), à leur insu, à cette prise en main.
Bon, maintenant que j'ai bien déblatéré sous le texte le plus commenté, et qui n'avait nul besoin de mes déblatérations, je repars pour une semaine. BizZzes, à bientôt.
mais accordons-lui le bénéfice du doute...
Quel con, ce curé ! Ah, ça, il ne l'emportera pas au paradis ! Il va d'ailleurs se prendre une dérouillée, dès son arrivée !13GuduleVendredi 29 Août 2014 à 13:4514GuduleVendredi 29 Août 2014 à 13:4515GuduleVendredi 29 Août 2014 à 13:45
@ Zoé : je suis moins optimiste que toi. A mon avis, la fabrique de gros cons est plus florissante que jamais, mais pas nécessairement sur ces deux points précis : la chasse et le machisme. Aujourd'hui, elle s'orienterait plutôt vers le racisme, et fabriquent également de grosses connes dont la politique fait un grand usage !16GuduleVendredi 29 Août 2014 à 13:45
Le problème, c'est que les gamins sont sympas, dans l'ensemble. C'est en grandissant que ça se gâte.17GuduleVendredi 29 Août 2014 à 13:4518GuduleVendredi 29 Août 2014 à 13:4519OdomarVendredi 29 Août 2014 à 13:4520OdomarVendredi 29 Août 2014 à 13:4521GuduleVendredi 29 Août 2014 à 13:45
Sinon, ben, en ce qui concerne la grande question du sexe dans la religion, je donne ma langue au chat (si j'ose dire). Je relis en ce moment "Les Mille et une nuits" traduit par Charles Mardrus — l'Orient érotique dans toute sa splendeur. Et Sylvain vient d'acheter un bouquin de miniatures et de gravure coquines iraniennes. L'islam n'a donc pas toujours été puritain. En plus, une religion qui promet soixante-dix vierges à ses martyrs n'a rien à voir avec notre paradis empreint de componction. Alors, bon, ça leur vient d'où, cette horreur du sexe, de la femme et des joyeusetés de la gaudriole ? J'aimerais bien connaître ton opinion là-dessus.22OdomarVendredi 29 Août 2014 à 13:45
2- Justement, je crois que si ces religions (contrairement à l'hindouïsme et diverses religions primitives qui kamasoutrisent à mort et célèbrent le culte du yoni comme du lingam) ont un tel tabou du sexe, c'est à cause du plaisir qui pour nous est l'objectif N°1 et pour elles un effet secondaire indésirable. Ce plaisir est considéré comme un péché (voir le dogme de l'Immaculée Conception : toutes les autres conceptions en sont donc entachées!) dont il faut, chez les cathos, s'accuser en confession. La procréation doit être le but unique! La souffrance est sanctifiée, le plaisir diabolisé. Ah, s'il pouvait y avoir du sexe sans aucun plaisir, ce serait parfait ! C'est ce vers quoi ils tendent... (et non bandent).23GuduleVendredi 29 Août 2014 à 13:4524OdomarVendredi 29 Août 2014 à 13:45
Il y aurait des multitudes de masochistes, bien plus qu'on ne le croit...25GuduleVendredi 29 Août 2014 à 13:45
@ Martine : Les "petits zoiseaux" des curés étant, très certainement, des corbeaux, reste à savoir si Jean-Aimé aurait tiré dessus. Il préférait nettement les merles et les moineaux...26GuduleVendredi 29 Août 2014 à 13:45
En ce qui concerne la religion-outil-de-pouvoir, tes conclusions rejoignent tout à fait les miennes, qui ai pourtant été élevée dans le sein de l'Eglise. Le Christ disait des trucs assez sympas, dans l'ensemble, et plutôt sociaux. Ce sont ses successeurs qui ont tout dévoyé, et fait de cette institution ultra-totalitaire un outil de pouvoir et de répression.27GuduleVendredi 29 Août 2014 à 13:45
Personnellement, j'adorerais que Dieu soit un Grand Lapin. Juste pour voir la tête des chasseurs en arrivant au paradis...
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