•                                          HISTOIRE RIDICULE

     

    (On me demande souvent d’où me vient mon pseudo ; de ce poème, en fait, dessiné par Carali dans

    "L’Écho des Savanes", que j’avais signé “Gudule” pour les besoins de la rime.

    Je viens de le retrouver et vous le  livre tout chaud)

     

    C'est un chat noctambule

    À bord d'un véhicule

    Qui dans un vestibule

    Chaque nuit déambule

     

    Mais voici l'oncle Jules

    Quelque peu somnambule

    Qui sort de sa cellule

    Les pieds nus dans ses mules.

     

    En voyant cet hercule

    Notre chat se recule

    Et heurte la pendule

    Qui se démantibule.

     

    «  Stupide animalcule

    Crie l'horloge, incrédule,

    Est-ce toi qui bouscules

    Toute mes molécules? »

     

    Honteux, le chat hulule :

    «  J'ai vu un gros bidule

    Tout rempli de pustules

    Et ma raison bascule!

     

    — C'est une tubercule

    Sur pattes, qui circule.

    Avale ces pilules

    Car la fièvre te brûle! »

     

    L'histoire ridicule

    Que je vous inocule

    Remplit de tarentules

    Vos cerveaux minuscules.

     

    J'm'en bats la clavicule ;

    Dans mon siège à bascule

    J'attends la canicule

    Tout en faisant des bulles.

     

                         GUDULE.

     


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                                 LA CHIENNE

     

    Elle court dans le soir, ardente, souple et forte

    Et s'arrête soudain, face à l'immensité,

    La truffe palpitante et le museau levé.

    Son caca se confond avec les feuilles mortes


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         Le livre du rototo

     

    Quand ma grande sœur rote

    Elle est très rigolote :

    Elle fait sa chochotte

    Et rit comme une idiote.

     

    Ma maman, elle, rote

    Pendant qu’elle papote

     

    Si, parfois, papa rote

    C’est pas de la gnognote !

    Ça gronde, ça clapote...

    On dirait qu’il sanglote.

     

    Mon chien Tim, lorsqu’il rote,

    Fait des petites crottes.

     

    Quand tonton Louis rote

    Il se coince la glotte

    Et ma tante Charlotte

    Dans le dos lui tapote

     

    La concierge se frotte

    Le nez, quand elle rote

     

    La cuisinière rote

    Dans ses plats qui mijotent :

    Ça donne au bœuf carottes

    Un goût de bergamote

     

    Tante Mathilde rote

    Pendant qu’elle tricote.

     

    La maîtresse qui rote

    Met des mauvaises notes

    Aux têtes de linotte

    Qui sur leur banc gigotent.

     

    Chaque fois que je rote

    Moi, je perds ma culotte

     

    Mamie perd ses quenottes

    Papi perd sa capote

    Bébé perd sa totote

    Dans le plat de compote

     

    La diva perd ses notes

    Et l’ogre perd ses bottes

     

    Quand, d’aventure, ils rotent,

    Mon copain Paul grelotte

    Et son frère tremblote

    Car ils ont les chocottes :

     

    Leur mère les dorlote

    Mais, souvent, les calotte !

     

    Lorsque la poule rote

    Elle fait cot, cot, cot

    Et quand le poulain rote

    Il trotte, trotte, trotte

     

    La baleine qui rote

    Fait peur aux matelotes.

     

    Parfois, oncle André rote

    En jouant à la belote.

    Ça énerve ses potes...

    À chacun sa marotte !

     

    Mais ma cousine Henriette

    Ne rote pas, elle pète !


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  •                                                                                Sarajevo

            

     

             1995, encore. La France affrète un convoi pour Sarajevo, dans lequel, outre du matériel sanitaire,  elle embarque des écrivains et des dessinateurs censés initier les écoliers serbo-croates aux voluptés de la littérature pour la jeunesse. Comme nous logeons chez l’habitant, les organisateurs nous conseillent d’offrir à nos hôtes des cadeaux « bien parisiens », en remerciement de leur hospitalité. Yann Autret, mon illustrateur favori, se munit d’une grande boîte de chocolats tandis que  j’achète, pour la sexagénaire qui nous accueille, un flacon de « Chanel n° 5 » auquel, d’ailleurs, elle ne touchera guère. (le parfum de Marilyn s’harmonise assez mal avec le look grand-mère, en général (blouse à fleurs, bas de contention, pantoufles en feutre gris, écharpe et gilet tricotés main.)

             Viennent le jour et l’heure de la rencontre avec les mômes; pas un chat dans la salle de conférence.  Personne  n’a été averti,  ni n’a lu nos albums, envoyés pourtant par cartons entiers. Et comme nous ne parlons pas la même langue, impossible de présenter notre travail aux intéressés (ce qui était quand même le but du jeu, au départ. Sinon, à quoi bon, s’offrir des « p’tites vacances » sur le compte des organismes caritatifs ?)

             Laissons cette vilénie aux rapaces médiatiques. Encore une chance que Yann ait apporté des tas de carnets dans ses bagages. Chaque gamin repartit avec un dessin rigolo à punaiser au-dessus de son lit. Et ça au moins, c’est de l’humanitaire !

     

              

     


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  •                                   Salon de Beyrouth 

     

             

    1995. Nous étions quelque chose comme une demi-douzaine ; la petite délégation culturelle française. En tête de l’expédition, le professeur Jacquard, homme de tous les dangers, toujours présent lorsque la dignité humaine était bafouée. Amélie Nothomb, égérie de la francophonie était là également, ainsi qu’Yves Simon, Michel Omfray et André Cardinali, le gendre de Jacques Prévert,  venu présenter l’expo itinérante de feu son beau-père.

     

             A peine avalé l’apéro de bienvenue, chacun d’entre nous gagne sa chambre d’hôtel pour un p’tit brin de fraîcheur. C’est là que dix minutes plus tard, quelqu’un frappe à ma porte.

             — Oh Jacques !

             Mon frère aîné, qui vit toujours dans la capitale libanaise, a suivi de près les opérations ; sa voiture nous attend en bas pour une mini-balade dans mon ancien quartier (l’Achrafieh  d’après-guerre dont la plupart des magnifiques immeubles coloniaux sont en ruine).

             Nous voilà partis en catimini à travers la ville encombrée de milices, de guérites et de camions militaires débordant de soldats en armes. Bref, après un détour par la famille et les amis, mon frère me ramène à l’hôtel où la voix d’Yves Simon m’accueille d’un âcre :

             — Ah enfin, Gudule, te voilà ! Où étais-tu passée ? On n’attendait que toi pour aller manger !

             —Nous avons craint que tu te sois fait enlever, ajoute le professeur Jacquard.

             Tout en rejoignant mes petits camarades, j’explique la situation :  à savoir que je vais lâchement les abandonner, ma belle-sœur ayant préparé des wara-hanab* en mon honneur. Or, la cuisine de ma belle-sœur est est, à n’en pas douter, la meilleure du monde, et ça, à mes yeux, nom d’un chien, c’est sacré !

             Le lendemain matin, au petit-déjeuner que je prends en tête à tête avec Albert Jacquard, ce dernier m’apprend qu’à treize heures, nous sommes attendus à l’ambassade de France pour un mezzé couleur locale que que je n’ai pas intérêt à louper sous peinte d’incident diplomatique ;

             Et tiens, à ce propos, nous y avons eu droit, à l’incident diplomatique, mais cette fois, ce n’était pas mon fait, c'était celui de l’ambassadeur qui avait mal appris sa leçon.

             Durant le petit speech  d’ouverture des festivités, il déclara :

             — Mon équipe et moi-même remercions chaleureusement l’auteure québécoise Amélie Nothomb qui nous honore de sa présence.

    En écho à cette confusion géographique, une sorte de sirène s’élève dans le silence : Le rire suraigu d’Amélie Nothomb qui s’empresse de rappeler que la Belgique est partenaire privilégiée de l’événement culturel qui nous réunit tous ici.

             Quant à notre hôte, il n’est pas au bout de ses pataquès ;

           — Et n’oublions pas la remarquable exposition du conteur pour enfants Jacques Prévert, conclut-il avec aplomb.

             Là, c’est André Cardinali qui réagit au quart de tour :

             — Conteur pour enfants ? s’indigne-t-il haut et fort.Vous parlez d’un écrivain du patrimoine, monsieur ! L’une des plus grandes gloires des lettres françaises !

     

                                       * Wara-hanab : feuilles de vigne farcies

     


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