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grands moments de solitude 207 (tome 2)
Sarajevo
1995, encore. La France affrète un convoi pour Sarajevo, dans lequel, outre du matériel sanitaire, elle embarque des écrivains et des dessinateurs censés initier les écoliers serbo-croates aux voluptés de la littérature pour la jeunesse. Comme nous logeons chez l’habitant, les organisateurs nous conseillent d’offrir à nos hôtes des cadeaux « bien parisiens », en remerciement de leur hospitalité. Yann Autret, mon illustrateur favori, se munit d’une grande boîte de chocolats tandis que j’achète, pour la sexagénaire qui nous accueille, un flacon de « Chanel n° 5 » auquel, d’ailleurs, elle ne touchera guère. (le parfum de Marilyn s’harmonise assez mal avec le look grand-mère, en général (blouse à fleurs, bas de contention, pantoufles en feutre gris, écharpe et gilet tricotés main.)
Viennent le jour et l’heure de la rencontre avec les mômes ; pas un chat dans la salle de conférence. Personne n’a été averti, ni n’a lu nos albums, envoyés pourtant par cartons entiers. Et comme nous ne parlons pas la même langue, impossible de présenter notre travail aux intéressés (ce qui était quand même le but du jeu, au départ. Sinon, à quoi bon, s’offrir des « p’tites vacances » sur le compte des organismes caritatifs ?)
Laissons cette vilénie aux rapaces médiatiques. Encore une chance que Yann ait apporté des tas de carnets dans ses bagages. Chaque gamin repartit avec un dessin rigolo à punaiser au-dessus de son lit. Et ça au moins, c’est de l’humanitaire !
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