LES CONFIDENCES D'UNE "CHERCHEUSE D'OR"
L’arrestation de Polanski a fait couler beaucoup d’encre. Sa relation avec Samantha Geimer a été minutieusement disséquée par les médias, mais personne n’a songé à interroger la mère de la jeune fille, qui était pourtant aux premières loges. Interviou Imaginaire va tenter de combler cette lacune.
— Est-il exact que vous ayez autorisé Roman Polanski, alors âgé de 43 ans, à prendre des photos de votre fille de 13 ans nue ?
— Absolument. Qu’un grand cinéaste s’intéresse à Samantha, c’était une opportunité à ne pas laisser passer !
— N’aurait-il pas été plus prudent que vous assistiez aux séances de pose, plutôt que de les laisser en tête-à-tête ?
— Pour faire tout foirer ? Vous rigolez ! J’ai juste dit à ma fille : si tu couches avec lui, ta carrière est assurée !
— C’est ce qui est arrivé.
— Bien entendu. Les mœurs étaient très libres, dans les années soixante-dix, vous savez ! En plus, à 13 ans, Samantha en paraissait vingt. Et le frigo de la villa était rempli de champagne...
— Votre fille a déclaré avoir été droguée.
— Exact : Roman lui a donné du Quaalude. C’était la défonce à la mode. Et il fallait bien détendre la petite : pas évident de se faire sauter à froid par une célébrité !
— Selon ses dires, elle a résisté.
— Évidemment, pour qui la prenez-vous ? Mais elle a quand même fini par céder.
— Pourquoi, alors, avoir déposé plainte pour viol ?
— Parce qu’après se l’être tapée, Polanski l’a laissé tomber. Alors, on s’est dit qu’on allait le faire cracher au bassinet !
— Vous étiez quand même consciente des peines qu’il encourait ?
— Ben oui, c’est pour ça qu’on a accepté un accord à l’amiable : il reconnaissait le détournement de mineure mais pas le viol. Du coup, il évitait le procès mais nous versait un max de dommages et intérêts. Le problème, c’est que la juge, voyant lui échapper une affaire juteuse, a tout fait foirer. Du coup, Polanski risquait cinquante ans de taule...
— C’est pour cette raison qu’après un mois et demi de préventive, il est allé se réfugier en France.
— Tout juste. Vous auriez fait quoi, vous, à sa place ?
— Ne vous était-il pas possible de retirer votre plainte ?
— C’est ce qu’on a fait, mais trop tard : la machine juridique était en route. Plus rien ne pouvait l’arrêter, même pas le temps. La Justice américaine ne prévoit pas la prescription.
— Une dernière question : quel a été le montant des dommages-intérêts que vous avez perçus ?
— C’est une chose que les journaux ont eu la pudeur de passer sous silence, permettez-moi d’en faire autant...
N.B. : Depuis la rédaction de cet article, le montant du dédommagement a été révélé : 500.000 dollars (342.700 €), augmenté des intérêts — car bien que la somme ait été fixée en 1977, la fuite de Polanski avait interrompu le processus de paiement, processus relancé en 1993. Le paiement total n'a été effectué qu'en 1996, depuis la France. La somme se montait alors à 604.416 dollars (414,660 €). Ce n'est qu'une fois en possession de cet argent que Samantha a "pardonné", et demandé que soient interrompues les poursuites à l'encontre de son "violeur".
Il est intéressant de préciser également que les chefs d'inculpation de Polanski sont typiquement américains : le "viol", qu'il a contesté puisque sa partenaire, malgré quelques réticences au début, était consentante, est automatique lorsque les relations sexuelles ont lieu avec un(e) mineur(e). Quant au terme "sodomy", il désigne d'office tout acte sexuel non conforme ( c'est-à-dire entre personnes majeures, et par les voies prévues à cet effet). Voir, à ce propos, ma rubrique "Vos gueules les mômes" parue dans le Siné Hebdo n°56, intitulée "Le cauchemar américain".