L’école de demain
« Où vas-tu ? demande mémé Georgette.
— En classe.
— Tu as pensé à mettre une culotte propre ?
— Pourquoi ?
— La fouille, pardi ! Tu n’es pas au courant ? C’est la dernière trouvaille de Xavier Darcos. Après le coup des portiques détecteurs de métaux à l’entrée des collèges, voilà qu’il veut placer, dans les établissements scolaires, des brigades spécialisées dans « les délits de prépubères ». T’es soupçonné de dealer de la poudre de perlimpinpin ou de l’herbe à chat ? De transporter la panoplie du parfait petit terroriste dans ton cartable ? De cacher des boules de coco explosives dans ton slip ? Allez, hop ! à poil !
— Tu rigoles ?
— Après avoir supprimé des dizaines de milliers de postes dans l’Education nationale (25.000 depuis 2007 ; 13.500 prévus en 2009), on s’effare de la montée de la violence dans les écoles. Alors, devine ce qu’on fait ?
— Euh... on remplace les profs manquants par des flics ?
— Bravo, tu auras dix sur dix. Dorénavant, chaque élève bossera avec un flingue dans le dos, et s’il moufte, au gnouf !
— Arrête, mémé, tu me fous les jetons !
— T’es pas la seule ! Les associations de parents d’élèves protestent, les syndicats d’enseignants hurlent, le PS s’indigne et l’Europe nous regarde comme des allumés.
— Ah, tu me rassures !
— Mais je te rappelle quand même que la semaine dernière, les flics se sont pointés dans une école primaire pour arrêter deux mômes de 6 et 10 ans, soupçonnés d’avoir piqué un vélo... Et parallèlement à ça, on reproche à une instit de mettre un zéro à un gamin qui a copié son devoir sur Internet, et un prof se retrouve en garde à vue pour avoir retourné une claque à un ado qui l’insultait. Cherchez l’erreur !
—Flanquer une gifle à un élève, c’est mal !
—T’as raison, mieux vaut les habituer dès aujourd’hui aux brimades policières qu’ils subiront plus tard. Ça, au moins, c’est éducatif ! »