LA FOIRE AUX IMMONDICES
« Chie, disait ma grand-mère, ça te videra la tête ! »
Ils ont remis ça. L’affaire Polanski, qui commençait à s’essouffler, a fait place à l’affaire Mitterrand. Et la toile s’est couverte d’une nouvelle diarrhée virtuelle... Les commentaires des internautes sentent la culotte sale. Ce n’est pas nouveau, me direz-vous. En a-t-on fait, jadis, des gorges chaudes, devant l’imbécilité du courrier des lecteurs de « Télé 7 jours » (entre autres) ! Le problème, c’est qu’avec Internet, ce mode d’expression s’est généralisé jusqu’à devenir un raz-de-marée putride. Il y a un peu plus d’un an « l’affaire Siné » déclenchait ainsi l’ire de ceux qui en avaient vaguement entendu parler et tenaient mordicus à exprimer leurs opinions. En fait d’opinions, il s’agissait plutôt d’accusations sans fondement, d’affirmations mensongères, d’insultes gratuites, éructées sous le couvert de l’anonymat.
Qu’est-ce qui peut pousser des individus, par ailleurs parfaitement normaux, à s’ériger ainsi en juges, voire en bourreaux ? La jalousie ? La frustration ? Les préjugés ? Un sens moral mal digéré ? Je me suis longtemps posé la question, jusqu’à ce que je réalise qu’il s’agissait d’un réflexe pavlovien. Deux mots-clés, dont les journalistes usent à tort et à travers, déclenchent ce réflexe : « antisémite » et « pédophile ». Faites l’essai, vous verrez. Accolez l’une de ces épithètes à n’importe quel nom d’homme ou de femme célèbre et, en un temps record, la personne en question se retrouvera en butte à la vindicte populaire. On la taxera — sans la connaître — de nazi ou de révisionniste, on la comparera à Dutroux ou à Fourniret, et l’on réclamera sa tête à corps et à cris.
Combien, parmi ces redresseurs de torts, ont lu le livre de Polanski ou regardé le documentaire de Marina Zénovich ? Combien ont lu « La mauvaise vie » de Frédéric Mitterrand (et non des bribes retirées de leur contexte) avant d’emboiter le pas à Marine Le Pen ? Aucun ? Alors, par pitié, vos gueules, les cons !