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LE BEL ÉTÉ 60

 

 

                                                 LA BRODEUSE DE CENDRES

 

         Parfois, je me demandais :

         « Comment sera le village quand j’aurai disparu ? »

         Nous sommes sans doute nombreux à nous être posé la question ; nombreux à avoir arpenté ces rues siècle après siècle, et à leur donner vie avant de céder la place aux suivants. En promenant les chiens le long des remparts, je ne pouvais m’empêcher d’y penser à chaque fois.

         « Y  aura-t-il toujours, à la terrasse du Roc café, ces joyeuses tablées du matin — Jean, Marcel, Pascal, Colette, Bobo, Bridget, Ghislain, Constant, François… — , partageant la brioche conviviale au soleil ?  Et, à l’heure de l’apéro, ces petits groupes de touristes devisant à voix basse, assis face au couchant ? »

         Et ceux que j’aime tant, grands et petits, petits devenus grands, où seront-ils ? C’est, je crois, l’une des certitudes les plus troublantes qui soit ; celle que le manège va continuer à tourner sans nous. Et en même temps, quand on y réfléchit, quel réconfort ! S’endormir au milieu du film sans avoir besoin d’appuyer sur « pause ». Ne plus avoir peur de perdre le fil de l’intrigue. Juste se laisser glisser paisiblement dans le sommeil sans perturber le spectacle ni déranger les spectateurs.

 

         Dans mon roman « La brodeuse de Cendres », j’avais fait de ce village l’un des multiples décors de l’Au-delà, où se poursuivaient pour l’éternité les activités quotidiennes d’un petit groupe humain, en tout point similaire au nôtre. Attrayante idée, ma foi. Aussi attrayante que la main de Castor enveloppant la mienne jusqu’au bout du chemin, ou que Sylvain, hantant à jamais sa galerie, sous le regard  bienveillant de Julia.

 

                                                                FIN

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