Baptême
A Aubervilliers, toujours. Le théâtre municipal programme Raymond Devos. Nous ne pouvons pas rater ça ! Bien que dans la dèche, nous raclons les fonds de poche pour acheter deux billets. Puis, le soir venu, laissant nos gamins sous la surveillance d’une voisine, nous nous éclipsons dare-dare. Il faut arriver tôt pour avoir de bonnes places.
Première constatation : une demi-heure avant le lever de rideau, la salle est déjà comble.
Deuxième constatation : le premier rang est vide. Serait-il par hasard réservé aux notables ?
Qu’à cela ne tienne, si on se fait virer, on avisera. Avec tout de même une légère appréhension, nous nous glissons jusqu’à ces sièges privilégiés, littéralement collés au devant de la scène. D’ici, nous aurons une vue imprenable sur le spectacle.
Ça, pour être imprenable, elle est imprenable, cette vue ! Et humide aussi. Car Raymond Devos parle fort et, de ce fait, postillonne beaucoup. Or, nous sommes aux premières loges...
Soyons honnêtes : ça n’a pas vraiment gâché notre plaisir. Mais un petit peu quand même. De sorte qu’à l’entracte, nous nous sommes réfugiés tout au fond de la salle, sur des strapontins séparés. Sous le regard ironique — est-il utile de le préciser ? — des autres spectateurs qui, prévoyant la douche, s’étaient mis à l’abri.
Du coup, on n’a pas vu grand chose de la seconde partie, mais au moins, on était au sec !