• ZOÉ BORBORYGME

    Episode 110

             Résumé des chapitres précédents : Ibn-el-Zarzour, furieux de l’incorrection de Chouchou, le condamne à mort. Voilà ce qui arrive quand on est incapable de juguler ses instincts. Lecteur, prends-en de la graine !

     

             La nuit suivante fut longue, pour Zoé. Bien que ses nouvelles compagnes fissent tout leur possible pour la divertir, elle ne pensait qu’à Chouchou qui vivait ses derniers instants sur la paille humide d’un cachot. Et cette image lui brisait le cœur.

             À travers le moucharabieh du gynécée, elle put voir, au petit jour, le bourreau dresser l’échafaud en kit, puis fourbir sa lame. Une foule essentiellement masculine s’agglutina bientôt sur le lieu du supplice, ainsi que des marchands, vendant à la criée des loukoums, des pistaches et du thé à la menthe.

             Quand  sonna la demie de sept heures, l’émir, suivi de sa cour, prit place dans les gradins. Sur son ordre, deux gardiens amenèrent le condamné et lui placèrent la tête sur le billot. Le bourreau levait son cimeterre quand, saisie d’une brusque inspiration, Zoé hurla :

             — Chante, Dora ! Chante !

             Aussitôt, la voix divine s’éleva dans le matin clair.

             La main du bourreau retomba sans force. L’émir et ses amis échangèrent des regards troublés. Un vent d’extase balaya l’assistance.

             — Que c’est beau, répétaient en pleurant les femmes, massées aux fenêtres. Que c’est beau !

             Quand s’acheva le récital, les spectateurs se levèrent et applaudirent debout. Puis l’un d’eux cria : « Grâce ! » en direction de l’émir, aussitôt imité par la foule entière.

             Ces milliers de voix qui imploraient sa pitié ne laissèrent pas Ibn-el-Zarzour indifférent — d’autant qu’il était lui-même sous le charme. Étendant la main pour réclamer le silence, il déclara :

             — A la demande générale, et en raison de son talent, je consens à faire preuve de clémence envers le condamné. Sa peine de mort sera commuée en castration, et le dénommé Chouchou restera dans mon harem jusqu’à la fin de ses jours. Il y divertira mes cinquante-trois épouses. À défaut de mieux, ce sera mon cadeau d’anniversaire !

             Un tonnerre d’applaudissements accueillit sa généreuse sentence.

                                                                                                                                 (A suivre)

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  • Commentaires

    1
    Jeudi 13 Décembre 2012 à 08:28
    Benoît Barvin
    Mes applaudissements se joignent au concert... C'est ce qui s’appelle retomber sur ses petites papattes ou je ne m'y connais pas...
    2
    Jeudi 13 Décembre 2012 à 14:37
    Castor tillon
    Avec la castration, il va perdre quelque chose d'obtus, mais gagner quelques octaves dans les aigus. Vu sous cet angle...
    3
    gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:39
    gudule
    Hein ! Hein ! T'as vu !
    4
    gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:39
    gudule
    Mon cher Castor, vous êtes un indécrottable optimiste !
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