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                            Chasse, classe et tradition

                                 

             « Tiens, on les avait oubliés, ceux-là ! s’exclame mémé Georgette.

             — Qui ça, mémé ?

             — Les chasseurs. À force de s’énerver sur l’intrusion des flics dans les écoles, on a fait l’impasse sur celle des chasseurs...

             — Qu’est qu’ils foutent dans les écoles, ceux-là ?

             — Du racolage. Un récent accord entre le ministre de l'Education Nationale et le président de la fédération nationale des chasseurs ouvre les classes primaires aux représentants de ce noble sport. Ainsi, en plus des maths et de la grammaire, nos chères têtes blondes apprendront à tuer... Faut bien renouveler les effectifs, d’autant que, d’après un sondage effectué par la Sofres pour le ROC (Rassemblement des opposants à la chasse), 83% des jeunes ruraux entre 8 et 15 ans n’aiment pas la chasse, et 95% n’ont pas l’intention de la pratiquer.

             — C’est plutôt une bonne nouvelle !

             — Du coup, les fédérations de chasse font des promos. Réduction de 50% sur le prix de la carte ou, comme à la Foirexpo de Niort, gratuité de l’inscription au permis. Tous les moyens sont bons pour choper des adeptes !

             — T’en parles comme d’une secte !

             — Les ingrédients y sont : foi en un idéal commun, prosélytisme fanatique, conviction de détenir la Vérité, sentiment d’être injustement persécutés... Et maintenant, ils prêchent la bonne parole ! Faut dire que Jean-Louis Borloo leur a donné sa bénédiction, en mars dernier, en décrétant : « Je suis le ministre de la chasse ! ».

             — Pas de l’écologie ?

             — Si, mais pour lui : « La chasse est indispensable à la biodiversité ».

             — Pfff, comme si la nature avait besoin de ces cons pour se réguler !

             — Et les promeneurs, les cyclistes, les cueilleurs de champignons, les randonneurs, tu y as pensé ? Au cours des dix dernières années, on a dénombré 2.127 accidents graves, dont 319 mortels. Si ce n’est pas de la régulation, ça, qu’est-ce que c’est ? »

     


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                  Mémé n’est pas une bonne démocrate

     

             « Mémé, c’est quoi, le suffrage universel ?

             — La liberté de choisir à quelle sauce tu seras mangé, mon enfant !

             — Comment ça ?

             — Aux dernières élections présidentielles, par exemple, les Français ont eu le choix entre la peste et le choléra. Perso, j’ai voté pour la peste, mais c’est le choléra qui a gagné. On voit le résultat !

             — Et si la peste avait été élue ?

             — Ça n’aurait sans doute pas changé grand-chose. Les hommes politiques étant ce qu’ils sont, même quand ce sont des femmes, il y a peu d’espoir de ce côté-là !

             — Alors, pourquoi tu votes ?

             — C’est la question que je me pose depuis presque un demi-siècle ! Pour me donner l’illusion de maîtriser ma destinée, je suppose. Un attrape-couillon, ça s’appelle.

             — N’empêche que c’est le peuple qui décide. On ne lui impose personne !

             —  Non, on lui demande juste de signer un chèque en blanc à l’un des deux escrocs qui se disputent le pouvoir, à coups de belles paroles et de promesses mensongères. Et le pire, c’est que tout le monde le sait mais joue quand même le jeu !

             —  Ça vaut mieux qu’une dictature !

             —  Il paraît... quoique certains présidents aient des p’tits airs de potentats.

             — Pas grave puisqu’on les vire au bout de cinq ans !

             — En cinq ans, ils ont le temps d’en faire, des dégâts ! D’en émettre, des lois liberticides ! De remplir les prisons, de vider les caisses de l’Etat, de mettre en place des structures ultra-répressives censées répondre à des névroses créées de toute pièce, de ruiner les acquis sociaux, de flinguer le service public, de dézinguer le système de santé, de museler les médias... Et leur mandat fini, un autre zozo du même acabit, démocratiquement élu, héritera du désastre et s’en accommodera.

             — Pas sûr !

             — On parie ? Il en rajoutera même une couche, à mon avis. Histoire de léguer quelque chose à la postérité.  

             — Pfiou ! Ce que tu es désespérée ! 

             —Ah bon ? Ça se voit tant que ça ? »


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                         Les cow-boys du pénitencier

     

             « En voilà une idée qu’elle est bonne ! s’exclame mémé Georgette, le nez dans son journal.

             — Quelle idée, mémé ?

             — Aux Etats-Unis, des établissements pénitentiaires récupèrent les anciens chevaux de course, destinés à l’abattoir.

             — Pour quoi faire ?

             — Des haras de réinsertion. Les détenus purgeant de courtes et moyennes peines apprennent à les soigner, ce qui leur donne à la fois un métier pour l’avenir et une occupation pendant leur incarcération. Et les canassons sauvent leur peau, en attendant de trouver de nouveaux propriétaires. Joli doublon, non ?

             — Tu m’étonnes... Pourquoi on fait pas ça chez nous ?

             — Manque de place, je suppose. Ou d’imagination. Pourtant, le résultat est spectaculaire : d’après la Fondation pour la retraite des purs-sang, qui est à l’origine du programme, ça divise par deux le taux de récidives. 35% , pour une moyenne nationale de 68%.

             — Putain, moi qui croyais que les taules américaines, c’était l’enfer !

             — Ça l’est, ne te fais pas d’illusions. Ces expériences sont rarissimes, mais il y a des gens qui se bagarrent pour les généraliser. La première « Ferme Seconde chance », comme on les appelle, a été créée il y a 25 ans à Wallkill, dans l’Etat de New-York. Une dizaine d’autres ont suivi et ça continue tout doucement à se développer. Certaines prisons, dans l’Illnois ou au Kansas, qui ont une population carcérale importantes, accueillent aujourd’hui des centaines de bêtes. Elles font même de l’élevage de chevaux sauvages, pour les rodéos !

             — Des taulards cow-boys... C’est presque trop beau !  T’as pas peur que des mecs se fassent enfermer exprès ? Les petits zonards de Harlem qui rêvent de grands espaces, genre...

             — T’emballe pas, cocotte : vu de loin, ça peut sembler idyllique, mais avec ou sans chevaux, un pénitencier reste un pénitencier, c’est-à-dire l’horreur suprême ! Et ce n’est pas Johnny qui me contredira ! »

     


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                                 Un tarpé pour mémé 

     

             «  Comme d’hab’, la France est à la traîne... soupire mémé Georgette.

             — De quoi tu parles, mémé ?

             — De cannabis, mon enfant.

             — ?

             — Depuis le 7 février, les Allemands peuvent, sur ordonnance médicale, se procurer du cannabis thérapeutique en pharmacie. »

             J’ouvre des yeux ronds. 

             « Du chichon chez les pharmaciens ?! J’hallucine !

             — Ça traite efficacement de nombreuses maladies : sclérose en plaque, maladie d’Alzheimer, asthme, sida, entre autres... L’IACM (Association internationale pour le cannabis médical), basée en Allemagne, se bat depuis une dizaine d’années pour obtenir cette autorisation. C’est aujourd’hui chose faite.

                     — Se soigner avec du teuch... Ça alors, ça me troue le cul !

             — Oh, ce n’est pas nouveau !  La Californie a ouvert la voie en 1996, suivie par treize états, dont Washington et l’Alaska, puis par le Canada, les Pays-Bas, l’Espagne, la Finlande... En mars 2008, Obama déclarait  officiellement : « Je ne veux pas avoir un département de justice qui persécute et arrête des usagers de marijuana médicale. »

             — Wahou ! T’imagines Sarko sortant ce genre de truc ?

             — Pas vraiment, non. Chez nous, le sujet est toujours tabou. Les publications scientifiques n’abordent pas la question, on n’en débat pas à l’Assemblée, et la France est la grande absente, aux congrès sur les cannabinoïdes.

             — Comment font les malades, alors ?

             — Comme tout le monde : ils en achètent la peau du cul à un dealer ou ils ont leur propre culture — à leurs risques et périls.

             — Et si on les chope ?

             —  Ils l’ont dans le baba.

             —  Comme de vulgaires foncedés ?  

             — Genre... Au fait, t’aurais pas un pote qui pourrait me dépanner ? J’ai encore mes douleurs ! »

     


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                                     Une cellule et un cœur

                                    

             « Enfin une bonne nouvelle ! sourit mémé Georgette.

             — Quelle nouvelle, mémé ?

             — Dans une prison du Lot-et-Garonne, deux détenus pacsés partagent la même cellule.

             — Comment ça ?

             — Ils se sont rencontrés en cabane, se sont aimés, et, en août 2008, ont demandé à être pacsés. Dans la mesure où ils partageaient une adresse commune — condition sinéquanone à cette formalité — , ça leur a été accordé. Et du coup, leur cellule est devenue un p’tit nid d’amour.

             — Des taulards heureux... On aura tout vu !

             — Ouais, et je peux te dire que ça ne plaît pas à tout le monde ! À commencer par Annie Gourgue, présidente de l'association de victimes La Mouette, à Agen. « Si on permet à ces gens une vie sexuelle épanouie, comment voulez-vous que les victimes et les familles puissent être apaisées ? », s’indigne-t-elle.

             — Sympa, la dame !

             — La loi du talion, ça s’appelle. Un reste de barbarie dont nous ne somme pas près d’être débarrassés. Pour que la morale soit sauve, le monde carcéral doit être un enfer — et de fait, il l’est.

             — T’exagères !        

             — À peine ! Dans les prisons française, on dénombre grosso-modo un suicide tous les trois jours, c’est-à-dire sept fois plus qu’en milieu libre. Une augmentation de 200% au cours des vingt dernière années... Mais pour en revenir à nos tourtereaux, souhaitons que leur exemple fasse bouger les choses !

             —  Bouger dans quel sens ?

             — « Dans une France pénitentiaire où la sexualité reste un tabou, cette union est tout un symbole, a déclaré Elsa Dujourdy, juriste à l’OIP (Observatoire international des prisons pour le Sud-Ouest). Quitte à lancer un débat miné, entre gêne morale et vraie question de société. »

             — Ce qui signifie ?

             — Qu’il y a peut-être là l’amorce d’une réflexion sur l’un des aspects le plus inhumains de la détention...

             — L’amour, tu veux dire ?

             — Ach, oui, ma fille : l’amour... Touchours l’amour ! »

     


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