• vos gueules les mômes n°55

     

          Mémé Georgette vide son grenier... et son sac !

     

             — Ils vont continuer à nous faire chier longtemps ? explose mémé Georgette.

             — Qui ça, mémé ?

             — Les peigne-culs qui nous gouvernent. Figure-toi que dimanche, il y avait un vide-grenier, dans mon village. Je vais pour m’inscrire, et qu’est-ce qu’on me demande ? Une photocopie de ma carte d’identité, et une déclaration sur l’honneur que je ne déballe pas plus de deux fois par an...

             — Pourquoi ?

             — Une nouvelle réglementation destinée à éviter les abus.

             — Quels abus ?

             — Des fois que je fasse fortune avec mes fonds de placard.

             — ... ?

             — Les « économies parallèles » — troc, bénévolat, récup’, etc — sont suspectes, aux yeux de la loi. Le recyclage des vieilleries est assimilé à du travail au noir.

             — N’importe quoi ! Combien tu gagnes, en une journée de brocante ? Cinquante, soixante euros ?

             — Maximum. Mais imagine que je décide d’en faire un vrai bizness. Que tous les dimanches d’été, j’empoche cette somme faramineuse. Je priverais le gouvernement des taxes qu’il prélève sur les activités lucratives ! 

             — Si je comprends bien, vendre ses merdes est devenu un délit !

             — Pas loin. Pourtant, s’il existe en France une activité sympathique, c’est bien celle-là. Gagner un peu de blé en se débarrassant des trucs inutiles, sans exploiter personne ni gruger qui que ce soit, c’est l’économie de l’avenir, en somme. La consommation contrôlée. Mais je sais pas si t’as remarqué, plus on s’enfonce dans la crise, plus l’état s’oppose à toute initiative de cet ordre. Ou t’es salarié, ou t’es assisté, mais pas entre les deux.

             — Et les organisateurs, comment ils réagissent ?

             — En moutons de Panurge, comme d’hab’. Ils expliquent au bon peuple que les lois sont là pour le protéger des mauvais citoyens, et tout le monde s’incline... Reiser avait raison : les pauvres sont des cons !

     

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