• vos gueules les mômes n°5

              FAUT BIEN QUE LES PSYS GAGNENT LEUR VIE !

     

    «  Le délire sécuritaire aura notre peau à tous ! peste mémé Georgette en refermant son journal. Non mais t’as vu ça, ce déploiement judiciaire et médiatique contre un pauvre type qui n’a strictement rien fait ?

    De qui tu parles ?

    — Du père du petit Rudy, tiens ! Voilà un gars qui emmène son môme de cinq ans et demi au jardin du Luxembourg, paie l’entrée de l’aire de jeux pour tout-petits — une aire de jeux surveillée ! — et l’y laisse, le temps de faire une livraison urgente dans le quartier. En plus, il lui passe un portable en lui recommandant de ne pas sortir de l’enceinte grillagée, et, s’il a un problème, de lui téléphoner. Bref, il assure, le mec ! Responsable et tout… L’ennui, c’est que, quand il revient trois quarts d’heure plus tard, son môme n’est plus là. Pourquoi ? Parce qu’il a été embarqué par une fliquette parano qui hurle à l’abandon d’enfant. Résultat : on arrête le gars, quarante-huit heures de garde à vue, procès.Le procureur général requiert un an de taule avec sursis. T’y crois, toi ? »

    Dit comme ça, non, franchement, j’y crois pas.

    « T’es sûre de ce que t’avances, mémé ?

    — J’ai lu son interview. Il est catastrophé.Vu la teneur de l’enquête qu’on a menée sur lui — tu connais la discrétion proverbiale de la police, n’est-ce pas ! —, il a failli perdre son boulot et son logement : on le prenait pour un pédophile-tueur d’enfants-multirécidiviste ! Et le témoignage de son ex-femme, de son patron, de ses voisins et de sa concierge n’ont pas suffi à le disculper. C’est un père indigne qui a mis la vie de son gosse en danger, point barre.

    — Mais je comprends pas : t’as dit que l’aire était surveillée. Ça sert à quoi, alors ?

    —Je me le demande ! Mais ce je me demande surtout, c’est ce qui doit se passer dans la tête du gamin. Au lieu de le laisser jouer tranquillement, on l’oblige à désobéir. On le traîne dans un commissariat, on l’interroge, on lui dit que son père va aller en prison parce qu’il l’a abandonné. Tu imagines le traumatisme ? Le poids de la culpabilité ? »

    Si j’imagine ? J’en ai le frisson. Françoise Dolto, au secours !

    «  Remarque, faut bien que les psys gagnent leur vie…», soupire mémé Georgette.

    Puis elle me tapote la joue.

    « N’oublie jamais, petite, que dans notre doulce France, nous sommes tous des coupables en puissance. Et retire tes doigts de ton nez sinon j’appelle les flics ! On en a foutu en taule pour moins que ça ! »

     

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  • Commentaires

    1
    Marie
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:56
    Marie
    Qui a été dans un commissariat de police le sait bien : tous présumés coupables. Même la victime -qui l'aurait p'être bien cherché aussi, hein ?-
    Le sécuritaire, les normes, les iso machin-trucs tuent souvent la logique, souvent garante de la sécurité à la portée de tous. Et que dire de la désagrégation du lien social qui en était le premier garant.
    Bon, voilà, j'm'emballe, j'm'emballe ... Pffff ...
    2
    Marie
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:56
    Marie
    Qui a été dans un commissariat de police le sait bien : tous présumés coupables. Même la victime -qui l'aurait p'être bien cherché aussi, hein ?-
    Le sécuritaire, les normes, les iso machin-trucs tuent souvent la logique, souvent garante de la sécurité à la portée de tous. Et que dire de la désagrégation du lien social qui en était le premier garant.
    Bon, voilà, j'm'emballe, j'm'emballe ... Pffff ...
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