-
vos gueules les mômes n°30
Mémé Georgette pète les plombs
« Finalement, je ne suis pas d’accord, déclare mémé Georgette, le regard étrangement fixe.
— Avec quoi t’es pas d’accord, mémé ?
— La dépénalisation du délit d’outrage. Dans quelque régime politique que ce soit, quand la politesse fout le camp, tout fout le camp.
— Ah bon ? On n’a plus le droit de dire merde aux flics, alors ?
— Non. Ni de hurler « Casse-toi pôv’con » sur le passage du président. Ni d’écrire que son fils ira-loin-ce-petit. Ni d’envoyer des mails à la garde des sceaux sous le label « Rachida-la-grosse-pute » — d’autant qu’à travers elle, c’est toutes les femmes qu’on humilie...
— Tu te sens concernée, toi ?
— Et comment ! Insulter une personne — que dis-je ? une icône ! — qui incarne avec tant de brio ce qu’il y a de meilleur chez ses contemporaines : la beauté, l’élégance, la réussite sociale, l’intelligence, la maternité triomphante, etc, c’est fouler au pied l’essence même de la féminité... Le monstre qui a commis cette infamie mérite perpète !
— Tu exagères !
— Du tout ! Ce serait moi, je rétablirais les galères, tiens ! Ou alors, les culs de basse fosse à la Louis XI, où l’infâme internaute croupirait dans ses déjections, sans air, sans lumière et sans ordinateur !
— M’enfin, mémé...
— Il y a des valeurs avec lesquelles on ne transige pas, ma petite ! Le respect de l’Autorité en fait partie. N’oublie jamais que c’est l’un des fondements de la République !
— On peut continuer à se moquer du pape, au moins ?
— Bien sûr que non ! Ni du pape (même promoteur de sida), ni des évêques (même nazis), ni des moines (même paillards), ni des curés (même pédophiles) ! Ce sont les représentants de Dieu sur terre, nous devons les vénérer à genoux ! »
OK, j’ai compris, c’est le 1er avril. N’empêche, durant quelques instants, j’ai flippé grave ! J’ai cru qu’elle yoyotait, mémé
-
Commentaires