• Un petit coucou de la France profonde 3

     

           Encore une histoire de chasseurs. Normal, c’est la saison.

           Vendredi dernier, me croyant à l’abri de la barbarie humaine, je promenais mes chiens en bordure de forêt quand subitement, fziou ! une balle siffle à mes oreilles. Morte de peur, je me mets à hurler, les chiens à aboyer, et les brebis qui paissaient dans le champs voisin, à courir dans tous les sens en bêlant comme des folles. Pas de réaction du responsable de la panique, mais j’avise, sur le bas-côté, un 4X4 dont je relève le numéro de plaque en me disant « Toi, mon coco, tu ne l’emporteras pas en paradis ! ». Et je rentre, direct, me plaindre à la mairie (la gendarmerie la plus proche est à 30 bornes).

           Or, la secrétaire de mairie, dame par ailleurs charmante, est femme, fille et sœur de chasseurs. Ce qui donne ce dialogue hallucinant (mais véridique) :

           — Je voudrais porter plainte contre un chasseur.

           — Qu’est-ce qu’il vous a fait ?

           — Il a failli me descendre.

           — Je suis sûre qu’il ne vous visait pas !

           — Je m’en réjouis. Mais les quelque cinq cents personnes tuées chaque année en période de chasse ne le sont pas non plus, visées. À de rares exceptions près...

           — Bah, cinq cents, ce n’est pas beaucoup.

           — Vous trouvez ?

           —Quand on voit le nombre d’accidents de la route ! Et pourtant, vous continuez à rouler en voiture.

           — Ce n’est pas interdit, la chasse, un vendredi ?

           — Non, la chasse au gros gibier, c’est seulement le mercredi, samedi et dimanche, mais celle aux nuisibles, c’est tous les jours.

           — Et la chasse aux promeneurs ?

            Elle n’a pas répondu, mais l’expression de son visage ne laissait aucun doute sur son opinion. Remettre en cause la légitimité de la chasse me classait, d’office, dans la catégorie des nuisibles ! 

    « AMES D'OMBRE ET RIVIÈRE BLANCHEGRANDS MOMENTS DE SOLITUDE »

  • Commentaires

    1
    Lundi 12 Décembre 2011 à 09:14
    Barbara
    J'ai eu un peu le même style de dialogue avec un garde-chasse suisse. J'ai eu l'audace de râler parce que il y avait des chasseurs à l'affût sur le chemin de l'école de mes gamins... ("Bah... vous avez une assurance s'il y a un accident" suivi de : "Retournez vivre en ville." J'aime.
    2
    Samedi 17 Décembre 2011 à 15:10
    Castor tillon
    Pour avoir vécu le même genre d'expérience en forêt avec des enfants, je suis profondément ulcéré par le comportement de certains imbéciles qui tirent sur tout ce qui bouge, sans même prendre le temps de regarder sur quoi ils tirent.
    Dans le village de ma soeur, ils tirent dans la niche des chiens. Deux de ces pignoufs ont défoncé la clôture pour entrer l'arme au poing dans le jardin, terrorisant les petits, pour poursuivre une jeune biche. Ma frangine a été se plaindre au maire, qui est chasseur...
    3
    Samedi 17 Décembre 2011 à 15:48
    Castor tillon
    Aux chasseurs : cliquez sur mon pseudo. ( p't-être que ça va en attendrir quelques-uns...)
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    4
    Samedi 17 Décembre 2011 à 21:09
    Castor tillon
    Ce genre de chasse (au moins celle-là) devrait être hors-la-loi.
    Le dialogue surréaliste m'a fait rire : la réalité dépasse l'affliction.
    5
    Gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:51
    Gudule
    Et le pire, c'est qu'il y a encore des gens (et parfois même des gens très bien, si, si) pour défendre la légitimité de la chasse. Je me demande ce que la famille du cycliste de 25 ans, tué le mois dernier, pense de ça...
    6
    frédéric
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:51
    frédéric
    Ah ! La légitimité de la chasse ! Droit acquis au bon petit peuple à l'abolition des privilèges de la noblesse... Elle l'était sans doute quand il fallait vraiment ramener du gibier pour manger... mais maintenant, quelle légitimité a-t-elle, justement, sinon celle d'assouvir un besoin sanguinaire débile ? D'aucun diront que c'est du sport, que contrairement aux abattoirs, l'animal a une chance de s'en tirer, mais que penser, dès lors de ces lachers de faizans si gras et si habitués à l'homme qu'ils se laissent tirer sans même penser à foutre le camp ?
    7
    Gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:51
    Gudule
    En parlant de sport, j'ai assisté mercredi à une scène tellement insupportable que j'en ai encore le frisson. Un cri horrible montait de la vallée. Je suis allée au bord du rempart, et j'ai vu, au milieu d'un champ, un jeune chevreuil hurlant d'angoisse, cerné par une meute de chiens totalement hystériques. Le "sport" qui consiste à faire vivre un tel enfer à un être vivant ne me semble vraiment pas très noble. Ou alors, c'est une noblesse digne de Sade, le divin marquis...
    8
    Gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:51
    Gudule
    M'étonnerait que les chasseurs lisent mon blog, remarque...Le coup de la biche ou du cerf) qui se réfugie dans un jardin, et que les gros cons dégomment sur place, je connais. C'est arrivé plusieurs fois, près de chez moi. Et essentiellement durant la chasse à courre. Car la forêt de Grésigne, qui est le bien commun puisque c'est une forêt domaniale, est louée régulièrement pour les chasses à courre alors qu'elle n'a pas les bonnes dimensions. Il y a trois ou quatre ans, le cerf a été achevé au couteau dans la cuisine des riverains, où il s'était réfugié (avec les dégâts qu'on imagine). L'affaire a fait du bruit, à l'époque. Mais les chasseurs à courre sont toujours là...
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