• ROSE 91

     

     

                               UN RAYON DE SOLEIL DANS LE CŒUR

     

               — Omane et moi, on ne vivait quasiment plus ensemble, confie Rachad à Rose, un peu plus tard. La naissance de la petite l'a fait rentrer dans sa coquille d'une manière insensée.

    Pincement de lèvres désabusé de Rose.

    J'avais remarqué.

                  — Je m'y attendais un peu, note bien : j'avais lu des articles sur la relation fusionnelle entre la mère et l'enfant, l'exclusion du père, etc. Mais pas à ce point ! Pas au point de rester vingt-quatre heures sur vingt-quatre confinée dans sa tente, sous prétexte de  protéger sa fille du monde extérieur, pendant que moi, je crevais de solitude.

                   Un profond soupir lui échappe, plus explicite qu'un long discours.

                   — Ah, j'ai dérouillé, tu peux me croire. Je me sentais partir à la dérive. Heureusement qu'il me restait la peinture.

    Baissant d'un ton :

    J'ai beaucoup peint, ces derniers temps…

    Ah ?

                  Rose ne signale pas qu'elle est au courant. Vu la teneur de la peinture en question, elle ne s'en sent pas le courage. Des fois qu'il lui demanderait son avis, hein ?

                  — Tu aurais pu passer à la maison, se contente-t-elle de murmurer.

    Je ne voulais pas vous embêter avec mes problèmes.

                  — Tu es vraiment le roi des cons, toi ! Et, tiens, à propos de problème, ce serait sympa que tu solutionnes le mien… en passant chez moi, justement. J'ai besoin d'un tas de machins que je n'ose pas aller chercher.

    Inutile d'entrer dans les détails, Rachad comprend à demi-mot.

    File-moi ta clé, j'y vais tout de suite.

    Tu ne veux pas que je t'accompagne ?

                  — Pas la peine, reste avec Omane. Tu as une excellente influence sur elle, ce n'est pas le moment de laisser retomber la mayonnaise. Grâce à toi, j'entrevois le bout du tunnel. Qu'est-ce que je te rapporte ?

                  — Tout ce que tu trouves comme fringue et comme jouets, dans la chambre des gamins. Ah, le panier du chien, aussi. Et un peu de linge pour moi.

                 — Bon, je ferai de mon mieux… Au fait, si je rencontre ta foldingue, qu'est-ce que je lui dis ?

                 — Rien. Ou alors, ce que tu veux mais ne me le répète pas. Je tiens à l'oublier le plus vite possible.

               —  A tes ordres, belle-sœur !

                 Ce ton moqueur… Il y avait bien longtemps que Rose ne l'avait entendu. Dix mois, exactement.

                « Ça y est, j'ai retrouvé mon Rachad », pense-t-elle, un rayon de soleil dans le cœur.

     

     

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  • Commentaires

    1
    Mardi 1er Avril 2014 à 19:08
    Pata
    Dix mois sans dire mot...

    Si vous arrivez à répéter cette phrase dix fois sans postillonner, vous êtes un champion de l'élocution !! ;)
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    2
    Mardi 1er Avril 2014 à 21:02
    Annie GH
    Mais phonétiquement, cela peut s'écrire aussi "dis-moi sans dire mot" et c'est autre chose
    3
    Mardi 1er Avril 2014 à 22:34
    Gudule
    Dans ce cas, la phrase s'adresse au mime Marceau
    4
    Mercredi 2 Avril 2014 à 09:59
    Annie GH
    A mon réveil, ce matin, je relis mon comm et je constate, ma fois, que le texte a glissé phonétiquement vers moi… C'est grave, docteur ?
    5
    Mercredi 2 Avril 2014 à 10:01
    Annie GH
    En ce moment, je suis très peu disponible. Mais je viens quand même lire les épisodes et je suis ravie de voir les liens se renouer avec Omane et Rachad. Un heureux rebondissement, visiblement plein de promesses pour tous…
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