• ROSE 74

     

     

                                     MARY POPPINS

     

             Ainsi, peu à peu, sans s'en rendre compte, Rose finit-elle par laisser la quadragénaire décider de tout à sa place.

            — Écris, je me charge du reste, lui répète celle-ci à longueur de journée.

    La tentation est grande ; Rose n'y résiste pas, et, insensiblement, se retrouve prise au piège.

    Mais peut-on réellement parler de "piège" ? Durant cette période sans Amir qui devrait figurer parmi les plus pénibles de son existence, elle découvre, ô merveille, les joies de la dépendance. Elle qui redoutait tant la solitude est entourée comme jamais. Vingt-quatre heures sur vingt-quatre, on se préoccupe d'elle, on flatte ses penchants, on la materne. On lui épargne la moindre corvée. On l'encourage à ne faire que ce qu'elle aime… Quoi d'étonnant à ce que, dans ce contexte idéal, son désir d'écrire prenne le pas sur la prudence ? 

    Je commence un roman, décrète-t-elle un beau matin.

    Bravo ! Tu sais déjà ce que tu vas raconter ?

    — Oh, ce ne sont pas les idées qui manquent. Je n'ai que l'embarras du choix.

    Mais encore ?

    — Ben… en gros, je voudrais me servir de ma propre expérience : une très jeune fille mal dans sa peau se laisse séduire par un vieil artiste et tombe enceinte…

     C'est autobiographique, alors ?

    — Au début seulement. Après, l'histoire vire au fantastique. Derrière le masque jovial de l'homme se cache une entité effroyable qu’on va découvrir peu à peu, tu vois ? La face obscure d'un être révélée progressivement, au fil du quotidien… Mais je ne t'en dis pas plus, tu découvriras la suite en temps et en heure. 

    — Ça a l'air passionnant, en tout cas. Je veillerai à ce que rien ni personne ne te dérange.

      Mona tient parole : la maison Tadros devient une tour d'ivoire. Rose apprendra plus tard que Rachad est passé à plusieurs reprises mais s'est heurté au refus catégorique de son "cerbère" :

    — Votre belle-sœur est en pleine création, on ne peut la distraire sous aucun prétexte.

    Vu l'attitude d'Omane, Rachad a mis cela sur le compte des représailles et n'a pas osé insister.

     

                                                                     *

     

    Lorsque Rose émerge, après des heures penchée sur sa machine, c'est pour entendre Mona chuchoter à Grégoire :

    — Chut, pas de bruit, maman travaille !

    Et le petit garçon, si turbulent de nature, répond docilement :

    Oui, Nana, sssut.

    « Elle me l'a transformé, n'en revient pas Rose. Ma parole, c’est Mary Poppins ! »

    Puis elle contemple sa maison, n'y décèle qu'harmonie, ordre et propreté.

    « Elle a TOUT transformé… même moi. »

    Et pas qu'un peu ! Malgré l'absence de son mari, Rose ne s'est jamais sentie aussi bien.  

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  • Commentaires

    1
    Samedi 15 Mars 2014 à 10:57
    Mêo
    Huh y a un lapsus, t as écrit "une vieil artiste". La face obscure de Mona va t-elle se révéler ?
    2
    Samedi 15 Mars 2014 à 11:00
    Mêo
    Il me semble avoir fait une fôte mais je ne peux pas voir mon premier commentaire
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    3
    Samedi 15 Mars 2014 à 11:01
    Mêo
    Ah oui, tout tas fait :-)
    4
    Samedi 15 Mars 2014 à 13:38
    Gudule
    Hou, le lapsus révélateur ! Heureusement que ton œil d'aigle était là pou le débusquer, Mêo ! Allez hop ! Je corrige.
    5
    Dimanche 16 Mars 2014 à 00:28
    Annie GH
    Le boa constrictor enserre doucement sa proie jusqu'à l'étouffer pour mieux l'avaler…
    6
    Dimanche 16 Mars 2014 à 03:25
    Castor tillon
    Va y avoir des doublons dans le livre de Rose : après le vieil artiste qui mute en monstre, elle pourra mettre la gouvernante qui se transforme en goule.
    7
    Dimanche 16 Mars 2014 à 03:31
    Gudule
    Brrrr
    8
    Dimanche 16 Mars 2014 à 10:56
    Ryko
    Mine de rien, tu nous fais un sacré suspense sur fond de tâches ménagères. Un peu comme "les oiseaux" d'Hitchcock, en mieux. Chez lui, il ne se passe strictement rien jusqu'au moment où il lâche ses piafs grossièrement factices,(les 10 dernières minutes).
    9
    Dimanche 16 Mars 2014 à 12:05
    Gudule
    Et tu veux dire que moi, je lâche le louches et les cuillères ?
    10
    Dimanche 16 Mars 2014 à 12:12
    Castor tillon
    Ouais, c'est louche.
    11
    Dimanche 16 Mars 2014 à 12:48
    Gudule
    Et c'est cuillère aussi.
    12
    Dimanche 16 Mars 2014 à 14:08
    Castor tillon
    Mais on va pas en faire un plat.
    13
    Dimanche 16 Mars 2014 à 16:41
    Ryko
    C'est quoi ces commentaires de fond de tiroir ? Vous n'avez pas l'air d'être dans votre assiette.
    14
    Dimanche 16 Mars 2014 à 20:02
    Castor tillon
    On a les moyens de faire parler Ryko, il se met à table.
    15
    Dimanche 16 Mars 2014 à 20:40
    Gudule
    ... et il mange le morceau !
    16
    Dimanche 16 Mars 2014 à 20:50
    Castor tillon
    Après ça, on va être à couteaux tirés.
    17
    Dimanche 16 Mars 2014 à 21:43
    Gudule
    Tu me l'ôtes de la gorge !
    18
    Lundi 17 Mars 2014 à 16:03
    Pata
    Eh les z'amis ! Faites l'amour, pas la guerre !

    Mais dans ce cas, sortez couverts ;)))
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