• ROSE 5

                                                    L’ACCIDENT (SUITE)

     

          Par chance, il y en a un. Un petit interne timide et maladroit, trop novice encore pour établir un diagnostic mais assez dégrossi pour recoudre une blessure.

          Ayant longuement examiné celle de Grégoire, il le fait allonger sur une table et prépare son matériel. Le petit garçon qui, fatigué de pleurer, s'était assoupi sur l'épaule de sa mère, se remet aussitôt à brailler.

          — Qu'allez-vous lui faire ? se méfie Rose, agressée par la vue des pinces, seringues et autres instruments de torture.

          — Ne vous inquiétez pas, il ne sentira rien, ment l'interne qui n'en mène pas large.

           De toute évidence, la perspective de travailler sous le regard suspicieux d'une mère l'affole. Il en perd ses moyens. Ce que voyant, Amir ordonne à sa femme :

          — Va t'asseoir dans la salle d'attente.

          — Pas question, s'insurge Rose.

          — Fais ce que je te dis. Omane, emmène-la !

          Subjuguées par son ton sans réplique, les deux femmes obéissent. Durant le petit quart d'heure que dure l'opération, elles n'échangent pas un mot. Mais Rose se ronge les ongles au sang et Omane fixe le vide, droit devant elle. Par chance, les murs sont insonorisés. Ni l'une ni l'autre n'entend les hurlements de l'enfant que l'on recoud.

          Enfin, la porte s'ouvre et Amir paraît, très pâle, portant un Grégoire encore secoué de sanglots et la jambe couverte d'un énorme pansement.

          — Mon bébé ! s'écrie Rose, en fonçant sur son fils.

          Elle le prend, le cajole. L'embrasse tout partout.

          — Mon pauvre petit trésor… Ça va ? Le docteur ne t'a pas fait trop mal ?

          — Il ne faut surtout pas qu'il plie le genou, recommande Rachad.

          Rose approuve d'un hochement de tête, puis se tourne vers son mari.

          — Amir, est-ce que… ?

          Elle s'arrête, médusée. Le visage dans les mains, Amir pleure à chaudes larmes.

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  • Commentaires

    1
    Dimanche 5 Janvier 2014 à 00:45
    Ryko
    Oh !
    2
    Dimanche 5 Janvier 2014 à 09:06
    melaka
    Non, c'est simplement la somme des émotions... Amir est encore un petit garçon au fond de lui, un petit garçon qui joue les hommes, mais, voir pleurer et souffrir son fils (fut-il non son fils biologique), c'est une sacrée épreuve ! Hein Gudule ?
    3
    Dimanche 5 Janvier 2014 à 10:25
    Tororo
    Ouf! Merci Melaka, j'ai eu très peur moi aussi!
    4
    Dimanche 5 Janvier 2014 à 10:50
    Gudule
    Merci, Mel ! Tu sais de quoi (et de qui) tu parles, n'est-ce pas !
    5
    Dimanche 5 Janvier 2014 à 10:56
    Mêo
    Gloups !
    Ouf que Melaka est intervenue. Nan mais quelle angoââsse !
    6
    Dimanche 5 Janvier 2014 à 18:11
    Joëlle Pétillot
    J'ai pris le temps de remonter, tout mon retard. J'aime ce que tu écris parce que c'est les mots d'une conteuse. Pour moi, c'est encore meilleur qu'un écrivain.
    7
    Dimanche 5 Janvier 2014 à 20:36
    Gudule
    Merci Joëlle pour ce très beau compliment. Je pense que nous faisons le même distingo entre "conteur" et "écrivain". L'écrivain est tourné vers lui-même, le conteur vers les autres; C'est ça ?
    8
    Dimanche 5 Janvier 2014 à 20:37
    Gudule
    T'inquiète, Mêo, tu auras ton content de sensations fortes dans la suite du récit. Et Méla n'interviendra pas pour te rassurer !
    9
    Dimanche 5 Janvier 2014 à 23:36
    Ryko
    Ah ?
    10
    Dimanche 5 Janvier 2014 à 23:49
    Gudule
    Cher Ryko, tes onomatopées en début et en fin de commentaires me ravissent. Permets que j'y ajoute un " hi hi " et un "hu hu" complices. Et même, allez, soyons fous, un " hé hé hé hé" ricanant.
    11
    Pata l
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:29
    Pata															l
    Oulà, aura t-il été diagnostiqué plus qu'une simple plaie ?
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