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ROSE 4
L’ACCIDENT
La récolte s'avère, au sens propre du terme, prodigieuse.
—Je ne pourrai jamais manger tout ça, proteste Rose, effarée.
—Et nous, on compte pour du beurre ? la taquine Rachad.
Contrairement à elle, il adore les oursins. Amir et Omane aussi. Comme accompagnement des samboussèks, ce sera parfait.
Un heure plus tard, rassasiés et même bien au-delà, ils digèrent, allongés à même la roche, lorsque des hurlements stridents leur parviennent.
—Grégoire ! bondit Rose, brutalement arrachée à sa béatitude.
Elle saute sur ses pieds, le cherche des yeux.
—Grégoire, où es-tu ?
Amir a été plus prompt qu'elle. En trois enjambées, il a rejoint l'enfant qui jouait quelques mètres plus loin, et le ramène dans ses bras.
Sur la petite jambe, une longue estafilade qui saigne abondamment…
—Mon Dieu, il s'est blessé, s'étrangle Rose. Donne-le moi !
Devant l'émoi de sa mère, Grégoire beugle de plus belle. Éperdue, elle le berce en retenant ses larmes.
—Mon bichon… Mon pauvre chéri… C'est tout, c'est tout, calme-toi. Montre-moi ton bobo.
— Prends une serviette pour arrêter l'hemorragie, intervient Omane.
— Nan ! trépigne Grégoire en se débattant comme un beau diable.
En vain sa mère tente-t-elle d'éponger la plaie.
— Je… je n'y arrive pas, finit-elle par souffler. En plus, je lui fais mal.Tiens-toi tranquille, Grégoire, nom d'un chien ! Comment veux-tu que je te soigne ?
La sentant à cran, Amir intervient :
—Laisse, je m'en charge. On va se débrouiller entre hommes, hein, fiston!
Il sépare doucement la mère de l'enfant et emporte ce dernier tandis qu'Omane entraîne sa belle-sœur.
—Mais, c'est à moi de m'occuper de mon fils, se défend celle-ci d'une voix rauque.
— Tttttt, tu es bien trop impressionnable. Tu lui communiques ton angoisse. Aie confiance dans ton mari : je le connais, il va arranger ça en un tournemain.
Pas si sûr. En dépit des exhortations apaisantes d'Amir — « Allons, allons, ce n'est rien du tout. Juste une égratignure. Un grand garçon comme toi ne pleure pas pour si peu ! » —, les cris de Grégoire redoublent.
—Je vais lui filer un coup de main, s'empresse Rachad.
L'instant d'après, il réapparaît.
—Je crois qu'il vaudrait mieux l'emmener à l'hôpital.
Au mot "hôpital", Rose blêmit :
—C'est… c'est vraiment nécessaire ?
— A mon avis, oui. Il va avoir besoin de deux ou trois points de suture. L'entaille est très profonde.
— Il a dû glisser sur une roche coupante, commente Omane. Ce sont de vraies lames de rasoir, par endroit.
—C'est ma faute, s'effondre Rose. J'aurais dû le surveiller.
—Arrête, c'est notre faute à tous !
Le retour s'effectue dans une ambiance fébrile. Abandonnant le matériel sur place, les deux couples escaladent à la hâte les rochers, Amir en tête, portant son fils.
—Où y a-t-il un hôpital ? halète Rose.
Bien que dopée à l'adrénaline, elle est si peu encline à ce genre d'exercice que ses forces la trahissent.
— À Jounieh, répond Omane. La clinique où j'ai fait mes examens.
—Pourvu qu'ils aient un médecin de garde, espère Rachad.
—Ça, malheureusement, rien n'est moins sûr.
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Commentaires
1Castor tillonSamedi 4 Janvier 2014 à 03:01Répondre
Pff.
Beuaaaark (celle-là je la recaserais bien quelque part, mais Coluche l'avait déjà faite à la radio avec "je rends l'antenne" ;-)20Pata lVendredi 29 Août 2014 à 13:29
N'empêche, bien écrit ce chapitre, où tu nous démontres que le drame peut s'immiscer bien vite sous des flots de soleil...
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