• ROSE 130

     

                                       LES PORTES DE L’ENFER

     

     

    Un quartier, quel qu'il soit, mérite qu'on l'explore. Une semaine après son installation, Rose a déjà repéré tous les commerces, inscrit son fils aîné à l'école maternelle pour la rentrée prochaine, et comptabilisé les "agréments" de la ville, à savoir : outre le parc et la bibliothèque, une piscine, une salle de sport, un cinéma, un théâtre, une grande surface et le métro à dix minutes de marche.

    Finalement, en dépit de sa laideur, Aubervilliers a de la ressource, et il ne tient qu'à elle d'en profiter.

    Elle a tout le temps pour : son mari bosse comme un malade ; elle ne le voit quasiment plus. La tournée commence le premier juillet — c’est-à-dire dans une dizaine de jours, et l’orchestre est sur les starting-blocks.

    — On se produira chaque soirs dans une ville différente, lui annonce Amir, radieux : Charleville-mézières, Béthune, Douai, Melun… Depuis le temps que j'attendais ça !

    — Quel dommage que je ne puisse pas vous accompagner, regrette Rose. Ça m'aurait bien plu d'être ta groupie.

    Elle mime l'hystérie des fans de groupes de rock :  

    — Amiiiiiiiiiiiiir !

    — Quand je serai riche et célèbre, je te payerai une bonne pour garder les enfants, pendant nos déplacements, promet Amir. Comme ça, tu pourras venir avec nous.

    En attendant, Rose se prépare à un mois de solitude, dans les miasmes grisâtres d'Aubervilliers, que même le soleil d'été ne parvient pas à embellir.

    Une chance, dans son malheur : tante Ida lui a fait cadeau de la Rémington de feu son mari — qu'elle a d'ailleurs, vu le poids et le volume de l'engin, eu toutes les peines du mondes à ramener en train. Écrire lui permettra de s'évader. Lire également, et la bibliothèque est bien achalandée. Entre ces deux occupations majeures, le ménage et les enfants l'absorberont assez pour que le temps passe (relativement) vite.

    Du moins l'espère-t-elle.

    Elle se concocte donc un planning en béton et, dès le deux juillet — après s'être accordé une journée, rien qu'une, de vague à l'âme —, s'emploie activement à le respecter. Le matin : courses, préparation des repas, ménage. L'après-midi : bibliothèque, parc, lecture sur un banc pendant que les enfants jouent, goûter sur place, retour à la maison, bain, souper, dodo. Et enfin, écriture jusqu'à pas d'heure.

    Dans ces conditions, Les portes de l'enfer — c'est le titre du bouquin — avance gentiment. Et Rose, jour après jour, nuit après nuit, y puise un regain d'énergie.

    « ROSE 129LE BEL ÉTÉ EST LÀ ! »

  • Commentaires

    1
    Samedi 10 Mai 2014 à 12:54
    Tororo
    Bravo Rose, ça c'est un planning de tournée (même si c'est une tournée immobile). Ça mérite bien un cri de groupie: ROOOOOOOOOSE!
    2
    Samedi 10 Mai 2014 à 23:44
    Annie GH
    Tororo a raison… mais combien de temps ce plan d'enfer va-t-il tenir ?
    3
    Dimanche 11 Mai 2014 à 00:19
    Castor tillon
    Rose aime bien contrepéter avec ses titres : le roman suivant se passera en Egypte et s'appellera "la perte de l'amphore".
    4
    Dimanche 11 Mai 2014 à 00:36
    Castor tillon
    OUAIIIIIIIIIIIIIIS !!!
    5
    Dimanche 11 Mai 2014 à 10:23
    Castor tillon
    Une belle contrepèterie vaut bien une petite faute.
    6
    Vendredi 11 Juillet 2014 à 19:37
    Pata
    Ecrire, c'est encore ce qu'il y- a de mieux (avec la peinture !) pour donner des couleurs au gris ambiant !
    7
    Vendredi 11 Juillet 2014 à 19:43
    is deux troi petites
    J'aurais encore deux trois petites choses à jouter, dans ce domaine, mais on va encore dire que je ne pense qu'à ça
    8
    Samedi 12 Juillet 2014 à 15:52
    Pata
    Ooooooh, voyons, mais à quoi peux tu bien faire allusion ? ^^
    9
    Gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:25
    Gudule
    Si on le savait, il n'y aurait plus de suspense !
    10
    Gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:25
    Gudule
    Non, non, il se passe à Amsterdam e s'intitule : "Le port de l'emphète"
    11
    Gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:25
    Gudule
    "Le port de l'amphète", pardon.
    12
    Gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:25
    Gudule
    C'est ma faute d'orthographe qui te met en joie ?
    13
    Gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:25
    Gudule
    Et fauter vaut bien un joli contrepet !
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