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                                           SPÉCIAL FOLKLORE 

     

             « Pourquoi tu te marres, mémé ?

    À cause du caca clan.

    Du quoi ?

    — Du K.K. Klan. Avec l’élection d’Obama, fallait s’attendre à ce qu’il se réveille ! Donc, dans un bled de Louisiane, une nana, bien décidée à bouffer du négro, s’inscrit au bureau de recrutement local. Je sais pas en quoi consiste leur intronisation, à ces tordus, mais apparemment, ça tient plus du bizutage estudiantin que du rituel maçonnique. Bref, la nana menace de porter plainte...

     Et alors ?

      On a retrouvé son cadavre au bord d’une route, à poil et salement amoché. Allez hop ! une crapule de moins ! Tant qu’ils se tuent entre eux, ils ne font chier personne ! »

    Morte de rire, ma mémé !

    « J’en ai une autre bien bonne, continue-t-elle entre deux gloussements. Tu te rappelles l’orphelinat de l’horreur ?

     C’est quoi, ça ? Un film gore ?

    — Meunon, un fait-divers qui a défrayé la chronique, le mois dernier. Des gamins auraient été torturés dans les caves d’un pensionnat de Jersey, entre 1960 et 1980. L’info a provoqué une émotion terrible, en Angleterre. Tous les médias y sont allés de leur scénario, avec surenchère de détails ignobles — ce qui a fait grimper l’audimat en flèche. Le top, c’est quand les enquêteurs ont découvert un crâne d’enfant, enterré dans le jardin. Du coup, la police, sous la pression de l’opinion publique, a sorti l’artillerie lourde : grues, pelleteuses, foreuses, etc. Coût de l’opération : dix millions d’euros.

    Je vois pas ce que ça a de drôle !

    — Ben... aux dernières nouvelles, il n’y aurait eu ni morts suspectes, ni tortures. Juste quelques châtiments corporels vaguement pédophiles, dans la grande tradition des collèges britanniques.

    Et le crâne ?

    Tiens-toi bien : c’était une noix de coco.

    Oh, la hooonte !

    — Honte ou pas, grâce à cette affaire, les sujets de Sa Gracieuse Majesté ont oublié la crise durant quelques semaines. Ça sert à ça, le folklore ! »

             


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  • Pour les amateurs de BD, et les autres, rendez-vous samedi 390 et dimanche 31 mai au salon de Sérignan ! Y aura plein de gens très bien, comme Edika, Olivier Ka, Mélaka, Reno, Claude Ecken... et moi. 

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             Les p’tites devinettes de mémé Georgette

     

    — T’as vu, mémé, ils ont interdit le mariage homosexuel, en Floride.

    Mémé Georgette hoche tristement la tête.

    — Ouais, et les dix-huit mille couples déjà mariés l’ont dans le cul !

      Comment tu réagirais, toi, à leur place ?

    — Je descendrais dans la rue. Trente-six mille personnes, plus les sympathisants, ça ferait une belle gay pride. De quoi peser sur les pouvoirs publics au moins autant qu’un référendum de merde !

      Pourquoi ils le font pas ?

      Ça…

      C’est pas une réponse !

    — Des questions sans réponses, il y en a des tonnes, ma poulette ! Pourquoi, quand les Israëliens chopent un terroriste, rasent-ils sa maison qui abrite souvent une famille nombreuse ? Pour faire comme les dératiseurs ?

      Ben…

    — Pourquoi Laurent Joffrin, dans son (très bel) édito sur la victoire d’Obama, écrit-il que le nouveau président avait une grand-mère africaine plutôt qu’un père kényan ? C’est moins grave quand ça saute une génération ?

      Euh…

    — Pourquoi le président de la république peut-il dire : « Casse-toi pôv’con » à un citoyen, sans que la réciproque soit autorisée ? On n’est pas tous égaux devant la loi ?

    — Stooop ! Elles sont pas drôles, tes devinettes, mémé ! Je préfère celles des apéricubes ou du Trivial Pursuit ! Tiens, j’en ai une bonne : pourquoi les vaches sont-elles si grosses alors qu’elles ne mangent que de l’herbe ?

      J’en sais rien.

    — Moi non plus. J’fais pareil que toi : je pose des questions qui n’ont pas de réponse. Tu vois comme c’est chiant !

    — Les mystères de la vie sont impénétrables… , soupire mémé Georgette en regardant tomber la pluie. 


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                                     Hallali, ah là là !

     

    « Putain, ça recommence ! hurle mémé Georgette.

      Qu’est-ce qui recommence, mémé ?

    — Ils ont encore dézingué un cerf dans un village. À Avilly-Saint-Léonard, dans l’Oise, cette fois… Heureusement, le maire a porté plainte.

      Mais enfin, de quoi tu parles ?

    — Des chasseurs à courre, pardi ! Comme ceux qui louent notre forêt tous les samedis pour leurs sales divertissements de merde !  

    — On peut louer les forêt domaniales, maintenant ? Première nouvelle !

    — En principe, non, mais les principes, tu sais… Dès qu’il y a du fric à la clé !

      Et les promeneurs, alors ? »

    Mémé hausse les épaules, ce qui signifie : tout le monde s’en tape.

    « Que cette chasse soit inique n’est plus à démontrer, continue-t-elle. Traquer un animal jusqu’à ce que son cœur lâche révulse même les chasseurs « normaux » : la viande du cerf, après un tel stress, n’est plus consommable. D’ailleurs, en général, les chiens le dépècent tout vif…

      Quelle horreur !

    — Mais ce n’est pas tout : dans certaines régions — dont la nôtre — ce « sport » représente un véritable danger pour la population, car les forêts englobent des hameaux. L’année dernière, à quelques kilomètres d’ici, le cerf affolé a défoncé la baie vitrée d’une maison. C’était l’heure du repas, la famille était à table. La meute a déferlé, brisant tout sur son passage. L’animal a été achevé dans la cuisine.

      Et les gens ont laissé faire ça ?

    —Ils on pris leurs cliques et leurs claques pour éviter d’être piétinés ! Mais une pétition a circulé, réclamant l’interdiction de la chasse à courre dans la commune, où ce genre d’accident est courant.

      Et alors ?

    — Que dalle. En haut-lieu, on préfère les « saigneurs » aux péquenots, et les sonneurs de cor aux cueilleurs de champignons ; ça rapporte plus. Et puis, la tradition, n’est-ce pas ce qui fait le charme de notre beau pays ? »

     


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                               Mémé fait de la résistance

     

    « Et merde, grogne mémé Georgette, en écrasant sa clope sur le seuil du troquet. Ne plus pouvoir fumer devant mon p’tit ballon, ça me mine… »

    Elle s’accoude au bar, commande un verre de rouge.

    « Je ne sers plus que du bio, précise le patron. Et pour la demoiselle, ce sera ?

      Une grenadine. »

    J’ai droit à un sirop vaguement rosâtre et pas appétissant du tout.

    « Pourquoi elle est pas rouge, ma grenadine ? », je demande.

    Il me regarde comme j’avais chié une pendule sur son zinc.

    « Le colorant est un poison, lâche-t-il du bout des lèvres.

    — Confidence pour confidence, je préfère le bon vieux préfontaine à cette piquette, objecte mémé en repoussant son verre à moitié plein. Je vous dois combien ?

      Cinq euros trente.

      Oups ! Ça a augmenté ! 

    — La bonne santé se paie, ma p’tite dame. Mon pinard réduit le taux de cholestérol.  »

    Au même moment, à la télé placée au fond de la salle passe un pub pour les yaourts Trouduc, qui facilitent le transit intestinal.

    « Aujourd’hui, tu ne manges plus, tu te soignes, ricane amèrement mémé Georgette. Faudra bientôt une ordonnance pour boire un coup, et  les restos ressembleront à des pharmacies— d’ailleurs leurs cuisines s’appellent déjà “laboratoires”… . Le pire, c’est que tout le monde applaudit ! Et si t’es pas d’accord, y a toujours quelqu’un pour te faire la morale : le sucre, c’est mauvais pour la tension, le gras bouche les artères, fumer donne le cancer, etc…Et le plaisir, dans tout ça, on en fait quoi ? On s’asseoit dessus ? »

    Les consommateurs l’écoutent, bouche bée, comme à un meeting.

    « La secte des bien-mangeants est en passe de devenir la religion officielle, beugle-t-elle. Ne nous laissons pas embrigader dans leur trip castrateur ! Résistons, foutredieu ! Jouissons de nos papilles avant que la dictature de l’hygiène ait notre peau ! »

    Eh bien, vous savez quoi ? Personne n’a applaudi. Triste époque… 

     


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