• PETITE RÉFLEXION MATINALE 5

     

                                              Râleries d'écrivain

     

             Il ne se passe pas une semaine sans que je reçoive des courriers d’auteurs pour la jeunesse, outrés de voir leurs textes corrigés comme des copies d’écoliers par leurs éditeurs — qui sont, hélas, toujours des éditrices, et généralement inexpérimentées. Tout au long de ma carrière, je me suis élevée contre ce procédé, sachant qu’une œuvre littéraire est un concentré de subjectivité, et que si l’écrivain utilise certains mots ou certaines tournures de phrases, ce n’est jamais par hasard. C’est parce qu’il les ressent ainsi, point barre. Son public n’attend pas autre chose de lui.

             Hélas, la mode, depuis quelques décennies, est au stylo rouge, et aux remarques du genre :

    -       trop de gérondifs

    -       éviter les juxtapositions de verbes (vient de passer, semble être, se met à…)

    -       essayer de plus lier les phrases, que ça fasse plus fluide.

        -   etc, etc.

             Comme si la magie d’un texte se théorisait ! Comme si elle se réduisait à quelques préceptes scolaires !

             Une petite anecdote pour consoler tous ceux qui sont victime de ce faux perfectionnisme. Il y a une quinzaine d’années, j’avais écrit pour Hachette un livre intitulé « Le manège de l’oubli ». La très jeune éditrice (dont j’ai oublié le nom) en charge de la collection à laquelle je le destinais, le lit, me dit : « J’adore ! » et me rend mon manuscrit férocement annoté — en gros, un mot sur deux était à modifier. En fulminant intérieurement, je me plie à tous ses desiderata, et là, elle me déclare, avec une moue candide : « C’est bizarre, je ne l’aime plus. Désolée, je ne peux pas le publier ». J’ai aussitôt envoyé la version intitiale aux éditions Nathan, qui me l’ont sortie dans la collection « Pleine Lune », avec d’admirables illustrations de François Rocca. Ce roman a obtenu de nombreux prix. Puis, la collection ayant disparu, il a été repris par les éditions Lito, comme vous pouvez le voir ci-dessous... 

    manege2 manege1  
    « Nouvelles en ligneLes jolis contes de mémé Georgette »

  • Commentaires

    1
    Mardi 12 Janvier 2010 à 18:45
    caterina
    tout ça c'est dcevante.....

    Comment tu arrive a survivre a ça?
    moi je me sent dejà epuise, et pas parceque je dessin trop!
    2
    Gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:54
    Gudule
    Petit rectificatif : c'est chez Lito qu'est ressorti "Le manège de l'oubli", pas chez Milan. Voilà ce que c'est de collectionner les éditeurs : on finit par s'emmêler les pinceaux !
    3
    Gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:54
    Gudule
    Bah, ce sont les aléa du métier. Si les vexations avaient été réellement insupportables, j'aurais sans doute cessé d'écrire. Mais ça, je ne le voulais pour rien au monde. Tout comme je ne voulais pas devenir aigrie. Alors, bon, à chaque fois, je peste, je râle, je rumine pendant plusieurs jours... puis je me calme et ça repart. On se blinde, à la longue !
    • Nom / Pseudo :

      E-mail (facultatif) :

      Site Web (facultatif) :

      Commentaire :


    4
    Sophie
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:54
    Sophie
    Bonjour !

    Ce livre est celui qui m'a fait découvrir Gudule ^^ Je l'ai lu au collège, et puis ensuite j'ai dévoré tous ceux que j'ai pu trouver jusqu'au "club des petites filles mortes". Il a une valeur particulière, et il était vraiment réussi !
    Excellente continuation à vous, et continuez à nous faire rêver/frissonner/rire... ^^

    Une bibliothécaire ;)
    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :