• MÉMÉ GEORGETTE 23

     

                                         

                                        LA FOI DU CHARBONNIER

     

             — Moi, dit mémé Georgette, j’ai été élevée dans la religion. J’étais plutôt pieuse, d’ailleurs. Mais quand même, y avait deux trois petites choses qui me chiffonnaient...

             — Lesquelles, mémé ? 

             — La virginité de la sainte Vierge, par exemple. Ou le fait qu’Eve provienne d’une côte d’Adam. T’as déjà regardé une côte de près ? Pour façonner une femme dans ce petit bout d’os plat, faut vraiment être fortiche !

             — Normal : les bondieuseries, c’est rien que des conneries.

             — Je ne te le fais pas dire. Mais voilà : ma mère n’admettait pas que je puisse mettre en doute la parole de l’Eglise. Il faut avoir la Foi, qu’elle disait, ma môman. La « Foi du charbonnier » (c’était son expression).

             — En gros, elle t’interdisait de réfléchir. Heureusement que les temps ont changé !

             — Pas tant que ça, hélas. Aujourd’hui, ce totalitarisme de la pensée existe toujours — sauf qu’il est le fait des gouvernements et des médias. T’as entendu parler des conspirationnistes, complottistes et autres négationnistes ?

             — Les connards qui prétendent que c’est la CIA qu’a fait péter les twin towers ?

             — Ceux qui se posent des questions, tout simplement. Qui pointent du doigt les incohérences de la désinformation, ses zones d’ombre, ses contradictions, et qui réclament la vérité. Ceux-là, personnes ne les aime. Ils dérangent. Ils font tache. Rappelle-toi de la cabale contre Jean-Marie Bigard et Matthieu Kassovitz qui osaient contester la version officielle du 11 septembre. Tous les noms en « iste », ils y ont eu droit — de même que les noms en « ard », dans le genre de celui que tu viens d’employer. Le simple fait d’émettre l’hypothèse que, peut-être, on leur cachait des trucs, a suffi à en faire, aux yeux de la presse, de la télé et du public, des sortes de fous dangereux. Une vraie Inquisition !

             — Mais pourquoi ?

             — Quand des intérêts supérieurs sont en jeu, ça justifie tous les mensonges, toutes les manipulations, et gare à ceux qui ruent dans les brancards. On en a, en ce moment même, un exemple flagrant avec la mort de Ben Laden. Encore une belle fumisterie, à mon avis. Justifiée, comme toujours, par la « raison d’État ».

             — Hou, je te vois venir, avec tes gros sabots !  Tu vas nous ressortir la fameuse théorie du complot. 

             — Pas du tout, je veux juste qu’on arrête de nous prendre pour des truffes. Comme quand ma mère affirmait que Marie était vierge ou qu’Eve sortait de la côte d’Adam, tu vois ? 

             — Quel rapport ?

             — Moi, une mise à mort qui ne laisse aucune trace et tombe à pic pour bouster le dollars et redorer le blason d’un président, je peux pas m’empêcher de trouver ça suspect. Surtout quand les versions des porte-paroles de la Maison Blanche varient d’un jour à l’autre. Pour pas flairer l’arnaque, faut vraiment avoir le nez bouché. Oui, je sais, j’ai une vilaine mentalité. D’ailleurs, ma mère me le répétait sans cesse : « Dieu n’aime pas les incrédules ». Le système non plus.  

     

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  • Commentaires

    1
    Jeudi 12 Mai 2011 à 17:26
    Dominique Maes
    Suis bien content d'entendre causer la mémé Georgette et de la découvrir toujours alerte ! Bises du pays sans gouvernement.
    2
    frédéric
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:52
    frédéric
    Ouais, c'est tout de même bizarre qu'on veuille pas nous montrer des photos du cadavre qui seraient soi-disant choquantes, où qu'on ne nous ait pas montré d'images de l'immersion (largué dans l'océan, la belle affaire !) quant à l'événement qui tombe à pic pour Obama et l'Amérique, ça rappelle, à une moindre échelle, l'arrestation surprise de Colonna qui a permis à l'ami Sarko de jouir d'un certain prestige à un moment où il en avait besoin.
    De toute façon, quand on nous parle d'un truc, c'est l'arbre qui cache la forêt, et pendant ce temps où les médias focalisent sur l'événement, on ne parle pas du reste...
    3
    Gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:52
    Gudule
    Le gouvernement américain a forcément quelque chose à cacher. Mais quoi ? L'homme tué n'est-il pas Ben Laden ? Ben Laden a-t-il été pris vivant, et est-il gardé au secret dans les prisons étazuniennes ? N'est-il pas décédé de problèmes rénaux il y a plusieurs années, comme le prétendait Bénazir Blutho ? Est-il en cavale avec l'aval de la C.I.A. ? Trop de questions sans réponses entourent cet assassinat programmé. A l'évidence, un procès en bonne et due forme, par ce qu'il aurait révélé de magouilles étatiques, aurait mis trop de monde dans l'embarras. La crainte d'en faire un martyr en l'enterrant décemment, ou celle de montrer une photo "atroce" sont des arguments qui ne tiennent pas la route. Des arguments pour enfants de dix ans, pas pour pour la presse et les autorités internationales.
    4
    Gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:52
    Gudule
    Dernière minute :

    Il semblerait que les Etats-Unis aient décidé de rendre publiques des vidéos saisies chez Ben Laden, histoire de compenser leur manque de transparence (http://www.rue89.com/2011/05/08/les-usa-diffusent-des-videos-de-ben-laden-pour-le-demythifier-202922).

    Je viens de les regarder. Elles sont pathétiques, la première surtout. Alors, de deux choses l'une : ou ce sont des faux (le papi est de dos, donc impossible à identifier) destinés, soi-disant, à briser l'image du leader d'Al-Quaïda — et je ne pense pas que la vision de la vieillesse brise quoi que ce soit, vu que c'est le lot commun ; d'autant que la culture arabe respecte et honore les vieillards. Ou ce sont des vrais, et honnêtement, j'ai du mal à imaginer qu'un commando surentraîné puisse descendre de sang froid un vieillard désarmé. Mais sans doute suis-je naïve. La barbarie humaine est de tous les bords.
    5
    Gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:52
    Gudule
    Eh oui, cher Dominique, Mémé Georgette ne dit plus grand-chose. La faute en est à la grande Lulu et à sa copine Zizita, dont les discussions sur l'actualité se retrouvent chaque mois dans le journal Psikopat, sous ce titre si délicat : "Les pochtronnes". Mais bon, des fois, la coupe est pleine et elle déborde. Alors, obligé, mémé l'ouvre ! On ne peut pas toujours mordre sur sa chique, nom di Djo !
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