• MÉMÉ GEORGETTE 19

                                       

     

             AH, LES P’TITES FEMMES, LES P’TITES FEMMES DE THÉHÉRAN !

     

             — Qu’est-ce que t’as, mémé ?

             — Pas dormi.

             — Pourquoi ?

             — Je pensais à Sakineh.

             — La femme que les autorité iraniennes veulent lapider ?

             — Elle-même, oui. Et toutes celles qu’on bafoue, exécute, défigure, immole, au nom de Dieu...

             — Houlà !

             — Comme tu dis. Je me demande d’ailleurs si les religions n’ont pas été inventées dans ce but exclusif : légitimer les attitudes sadiques envers les femmes. Sacraliser les plus ignobles instincts virils en leur donnant un alibi divin.

             — Comme tu y vas, mémé ! Y a pas que les mecs qui sont pieux, les femmes aussi. Regarde les grenouilles de bénitier !

             — Oui, c’est bien ça le plus curieux : cette adhésion aveugle à son propre malheur. Cette complaisance typiquement féminine qui consiste à s’agenouiller devant le bourreau plutôt que de lui cracher sur les pompes. Et ce au détriment de toute solidarité avec ses sœurs souffrantes... Remarque, on ne peut pas leur en vouloir, c’est une question de survie. Quand tu vois le sort réservé aux insoumises !

             — Dis donc, tu serais pas en train de nous ressasser de vieilles rengaines féministes, toi ?

             — Antireligieuses, plutôt, mais ça revient au même. T’as le choix entre les vierges sacrifiées dans l’Antiquité, les chasses aux sorcières de l’Inquisition, les petites filles excisées en Afrique et dans les pays arabes, les veuves brûlées en Inde, et aujourd’hui, ces femmes détenues dans les prison de l’Islam, auxquelles on extorque des aveux sous la torture et qu’on exécute au nom d’une justice qui n’est qu’une pulsion sexuelle camouflée...

             — Tu crois qu’ils prennent leur pied quand ils lapident ?

             — J’en suis convaincue ! Le but du jeu est là : jouir du martyre d’autrui en gardant les mains propres, puisque l’ignominie se pratique en public et pour la « bonne » cause... Ce n’est pas nouveau, d’ailleurs : jadis, le peuple dansait devant les gibets et les bûchers. Et plus la condamnée était jeune, belle, désirable, plus l’orgasme collectif était intense. Chaque spectateur, en transe, avait le sentiment de la posséder comme jamais il n’avait possédé une partenaire...

             — Eh, ho, tu charries, là : y avait des hommes, tout de même, parmi les victimes !

             — Ouais, des pédés, des intellectuels, des renégats ; la stygmatisation du « non conforme », quoi !  Un plaisir plus cérébral, sans doute, moins folichon, mais qui confortait les mâles dominants dans leur autovolupté de caste... Ils auraient préféré une jolie poulette, c’est sûr, mais couler du plomb fondu dans le cul d’un homo, ça devait également pas mal les titiller. Ou arracher la langue de l’audacieux qui osait mettre en doute le dogme tout-puissant. Ou émasculer l’amant d’une femme mariée que l’on venait de d’écorcher vive sous ses yeux... Sans quoi, pourquoi auraient-ils inventé des supplices aussi raffinés, aussi pervers, et aussi hideusement symboliques ? 

             — Putain, mémé, tu me donnes froid dans le dos !

             — Crois-moi, ma chérie, les religions, quelles qu’elles soient, sont à fuir comme la peste. C'est ce que le genre humain a inventé de pire pour satisfaire sa soif de sang...

             — Il y en a des bonnes, quand même !

             — Que dalle ! Elles sont toutes à mettre dans le même sac. Et ne t’avise jamais de prêter l’oreille à leurs prêchis-prêchas, sinon...

             — Sinon ?

             — T’auras une bonne raclée ! 

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  • Commentaires

    1
    Mardi 7 Septembre 2010 à 14:58
    Mahie
    Voilà qui est dit et bien dit.
    2
    Mardi 7 Septembre 2010 à 15:20
    El Marido!
    Le problème n'est pas tant la religion en elle-même (je suis moi-même pastafariste pratiquant) mais plutôt le mélange des genres religion d'état / politique, qui bien sûr entraîne guerres de religion, radicalisme, intégrisme, etc...
    Même le Japon avec sa tolérance exacerbée de toutes les religions (pacifiques comme shintoïsme, bouddhisme, etc...) a connu ses guerres de religion.
    Mais tous les excès du type burqa, excision, porc, hallal, kascher, discriminations anti-gay, etc... ne sont que des manifestations de peur de l'autre et de rapports de force.
    Les religions, opium du peuple!
    3
    Mardi 7 Septembre 2010 à 15:22
    El Marido!
    Le problème n'est pas tant la religion en elle-même (je suis moi-même pastafariste pratiquant) mais plutôt le mélange des genres religion d'état / politique, qui bien sûr entraîne guerres de religion, radicalisme, intégrisme, etc...
    Même le Japon avec sa tolérance exacerbée de toutes les religions (pacifiques comme shintoïsme, bouddhisme, etc...) a connu ses guerres de religion.
    Mais tous les excès du type burqa, excision, porc, hallal, kascher, discriminations anti-gay, etc... ne sont que des manifestations de peur de l'autre et de rapports de force.
    Les religions, opium du peuple!
    4
    Gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:53
    Gudule
    Opium et, quitte à me répéter, instrument de torture et de destruction. Car la religion, même quand elle n'est pas un outil politique, exacerbe les êtres jusqu'à la folie. Elle exerce sur eux une emprise morbide qui nie leur libre-arbitre et fait fi de toute dignité. Suffit de voir les adeptes des sectes...
    5
    Gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:53
    Gudule
    Je n'inclus pas, bien sûr, dans ce constat horrifique, le Pastafarisme et le culte du Grand Babu, que j'estime parfaitement salubres, et même honorables !
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