• LE BEL ÉTÉ 57

     

                                      

                                                      LE CARNAVAL DES OBSESSIONS

     

             La reprise du traitement, quelques semaines plus tard, se solda par un herpès qui changea mon visage en une face de mérou. Même embrasser Castor devenait une épreuve. Pour lui, je veux dire. Moi, dès qu’il s’approchait, je me planquais derrière mon écharpe, alors que je n’avais  qu’une envie : me fourrer dans ses bras. Mais mon inconscient était aux commandes, et contre ça, nul ne peut rien.

             «  Cesse de te fustiger, tête de mule ! me houspillais-je  sans cesse. Tu n’as rien fait de mal ! Et quand bien même tu serais coupable de je ne sais quoi, la justice immanente, c’est des trucs de gourou »

             Et d’évoquer les « Contes à vomir debout » ( dont c’était l’un des thèmes récurrents), que je publiais jadis, dans la presse underground des années quatre-vingts. 

     

             Pour mémoire, voici un mini-texte extrait de la revue « Lard Frit » et repris en carte postale par la librairie Ailleurs, de Toulouse :

     

                                        

     

     

     

     

                                                                        SOMATISMES

     

             Je sirotais tranquillement mon apéro au comptoir chez madame Irène quand ma copine Marylin se pointe en coup de vent.

             Toute contente, je lui lance :   

                 — Qu’est-ce que tu prends, ma grande ? Un blanc-cass, comme d’hab’ ?

    Au lieu de me répondre, elle s’envoie une baffe magistrale.

    — Non mais, ça va pas ? m’écriai-je, ahurie.

    — J’y suis pour rien, proteste-t-elle, c’est psychosomatique.

     — Pardon ?

      — La culpabilité inhérente au conditionnement judéo-chrétien, t’as déjà entendu causer ? 

    — Euh…

                  — En gros, mon corps me fait payer chacune de mes fredaines.

     — Quel genre de fredaines ?

                   — Tout ce qui est contraire à ce qu’on m’a inculqué lorsque j’étais petite.

                   Ah, cette fois, je crois que je commence à comprendre…

                   — Tu veux dire que la gifle, tu ne te l’es pas donnée exprès ?

      — Non, non : je venais de piquer un tube de rouge à lèvres au Monoprix et ma main n’a pas supporté d’être complice d’un vol. Elle s’est vengée à sa manière, et je peux t’assurer qu’elle a tapé fort, la salope ! J’en ai la mâchoire tout endolorie !        

                    — Et les autres parties de ton organisme ?

       — Idem. Tiens, tu te souviens, l’autre soir, quand on s’est maté le film X de Canal + ? Eh bien, le lendemain, j’avais une méga conjonctivite, même que j’ai dû porter des lunettes noires pendant huit jours.

    — Oups ! Et ta vulvite du mois dernier ?

    — Ça, c’est parce que je me suis farci Jean-Philippe au lieu de rester au chevet de ma vieille tante malade.

             Moi, j’en revenais pas. Des révélations pareilles, ça vous flanque un méchant vertige métaphysique. Face au grand mystère du fond de nos têtes, on est  bien peu de chose, ma bonne dame…

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  • Commentaires

    1
    Vendredi 27 Décembre 2013 à 10:06
    Mêo
    Je me souviens de cette carte postale. Ah cette culpabilité judéo-chrétienne !
    On ne peut pas s'empêcher de se demander Pourquoi ?
    Ça rejoint un peu le C'était écrit et donner du Parce que j'ai fait ça c'est finalement se donner le pouvoir de contrôler ce qui nous arrive...
    Quand le lutin va revenir il va nous barder, j'suis sûre ! (J'me sauve, vous m'avez pas vue :-))
    2
    Vendredi 27 Décembre 2013 à 10:09
    Mêo
    Je me souviens de cette carte postale. Ah cette culpabilité judéo-chrétienne !
    Pourquoi il n'apparait pas, mon commentaire ? Je le remets :
    On ne peut pas s'empêcher de se demander Pourquoi ?
    Ça rejoint un peu le C'était écrit et donner du Parce que j'ai fait ça c'est finalement se donner le pouvoir de contrôler ce qui nous arrive...
    Quand le lutin va revenir il va nous barder, j'suis sûre ! (J'me sauve, vous m'avez pas vue :-))
    3
    Vendredi 27 Décembre 2013 à 10:10
    Mêo
    Ah zut, ça l'a mis deux fois. Je vais me faire doublement barder
    4
    Vendredi 27 Décembre 2013 à 12:55
    Gudule
    WHO, RYKO ! Tu bardes pas Mêo hein ! Non parce que mais !
    5
    Vendredi 27 Décembre 2013 à 14:57
    Tororo
    Gourous, faces de mérous! (ça fait un mantra à psalmodier quand on est tenté de succomber à de vieilles superstitions).
    6
    Vendredi 27 Décembre 2013 à 17:51
    Ryko
    Barder Mêo ! Comment serait-ce possible ? Quand elle se paie ma tête, ce qui est extrêmement rare, c'est toujours avec beaucoup de subtilité. Je ne peux me retenir de pouffer. C'est une magicienne. Avec délicatesse elle m'invite à exprimer mes remords d'être venu vous emboucaner avec mes histoires de hasard, hein ?
    Zut, le bois !
    7
    Vendredi 27 Décembre 2013 à 19:06
    Gudule
    Meunon ! Ne lui prête pas de mauvaises intention, à cette toute-charmante. Je suis sûre qu'elle adore tes emboucanages et tes zazards. Et le bois, il est rentré ?
    8
    Vendredi 27 Décembre 2013 à 19:09
    Gudule
    @ Tororo : jolie chansonnette, ma foi. On dirait la liste des mots qui prennent X au pluriel.
    9
    Vendredi 27 Décembre 2013 à 20:53
    Ryko
    Ouais mais j'ai embêté Castor. Pourquoi n'aurait-il pas le droit de croire... heu au... à la fille du père noël. (il est célibataire, le père noël ?)En plus, je ne lui ai pas fait de cadeau sur son blog. Il a fallu que ce soit Zézette qui se tape tout le boulot. Tu vas voir que je vais finir par avoir honte.
    10
    Vendredi 27 Décembre 2013 à 20:54
    Ryko
    Le bois, c'est fait. Avec le pot-au-feu sur la cuisinière à bois. Ça chauffe et ça sent bon.
    11
    GH
    Vendredi 27 Décembre 2013 à 22:21
    GH
    Fais gaffe Ryko; si j'ai bien compris ce que nous raconte la copine à Gudule, tu vas t'attraper une bonne crise d'eczéma culpabilisateur…
    Hum, je suis pas très forte dans la création de mots idiots… pourtant, culpa… etc, ça me paraissait une bonne base de départ
    12
    Vendredi 27 Décembre 2013 à 23:13
    Ryko
    T'inquiète, Géhache, je suis immunisé.
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    13
    Vendredi 27 Décembre 2013 à 23:24
    Ryko
    Je ne prête aucune intention à notre "toute charmante". Elle a juste un don : Comme faire avec la paille des bulles qui virevoltent autour de la poutre.
    14
    Vendredi 27 Décembre 2013 à 23:25
    Ryko
    T'inquiète, Géhache, je suis immunisé.
    15
    Samedi 28 Décembre 2013 à 13:08
    Gudule
    Euh... ça fait un peu dialogue de sourds, votre conversation...
    16
    Samedi 28 Décembre 2013 à 13:40
    Ryko
    Hein ?
    17
    Samedi 28 Décembre 2013 à 14:11
    Gudule
    Euh... elle a dû comprendre Géhache que tu étais immunisé. A moins que ce soit mon ordi qui répète les mêmes phrases en boucle. Auquel cas, j'ai l'air maligne, avec mon dialogue de sourds. La technologie aura notre peau, mon pauvre Ryko. Et notre dignité aussi !
    18
    Samedi 28 Décembre 2013 à 14:14
    Gudule
    Sinon, à part ça, ton histoire de bulles, de paille et de poutre était ravissante !
    19
    Jeudi 2 Janvier 2014 à 19:48
    Gudule
    RYko nous surprendra toujours...
    20
    Pata l
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:29
    Pata															l
    Tiens ? Je croyais avoir commenté moi ? Bon ben comme ça j'aurais pu apprendre (en plus du fait que la culpabilté abime) que Ryko était immunisé ;)
    21
    Pata l
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:29
    Pata															l
    Deux fois !
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