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LE BEL ÉTÉ 5
LA MORT QUI VIENT
LA MORT QUI VA
LA MORT VÉCUE
LA MORT VISIBLE
BOIT ET MANGE À MES DÉPENS
Paul Éluard
(Notre mort)S’ensuivit, pour Sylvain, une vertigineuse descente aux enfers. Ce chantre — que dis-je ? ce militant de la liberté, se retrouva, du jour au lendemain, prisonnier des multiples contraintes liées au traitement. Médocs, visites bi-quotidiennes des infirmières à domicile, éprouvantes séances de chimio, de radiothérapie ; opérations, anesthésies, piqûres et tout le toutime. Bref, ayant pris en grippe ce corps qui l’avait trahi, il lui rendit, en quelque sorte, la pareille. Lui qui était la vitalité même — santé éblouissante, force colossale, appétit d’ogre — cessa de s’alimenter et ne me toucha plus. Pour cet ex-bon vivant, toute sensualité était devenue maudite. Il ne différenciait plus le plaisir de la douleur, rejetant l’un et l’autre comme une dégradation. J’ai lu quelque part que les victimes de tortures ressentent souvent cela, ce dégoût absolu de leur propre chair. La dysmorphophobie, ça s’appelle, je crois…
Moi, en revanche, je continuais à me sentir invulnérable. Mieux : face au délitement de l’homme que j’aimais, je m’érigeais en bouclier, en citadelle. L’amour est le rempart des mères et des amantes. Leur carapace. Leur armure. La mienne, bien qu’illusoire, me paraissait sans faille, naïve que j’étais.
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Commentaires
1Benoît BarvinMardi 5 Novembre 2013 à 09:12Répondre3; guduleVendredi 29 Août 2014 à 13:31
J'adore ton "gisement de ténacité".4; guduleVendredi 29 Août 2014 à 13:315Pata lVendredi 29 Août 2014 à 13:316; guduleVendredi 29 Août 2014 à 13:31
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