• LE BEL ÉTÉ 45

     

                                                            LE DEVOIR DE BONHEUR

     

                            Soyons heureux, ne serait-ce que pour donner l'exemple.

                                                                                                     Jacques Prévert


             Rendons à César ce qui est à Césarine : quelqu’un d’autre, me fut, dans ce domaine, d’un grand secours. Un modèle a contrario, voyez ?  L’archétype exact de ce que, à aucun prix,  je ne voulais devenir.

             Cette personne, d’une dizaine d’années mon aînée, se nommait Yolande ; Yolande Neruda. Il fallait la voir arpenter les rues d’un pas de zombie, tractée par son caniche haletant. Elle se rendait sur la tombe de son défunt mari deux à trois fois par jour et n’ouvrait la bouche que pour se plaindre — du temps, en général, surtout s’il était beau.

             — Il fait lourd disait-elle, comme si, tel Atlas, elle portait toute la misère du monde dans son cabas.

    Elle ignorait, je pense, « le devoir de bonheur » que chacun de nous a envers ceux qu’il aime (ou a aimés), et se faisait une gloire d’incarner la souffrance sous son aspect le plus glauque. C’était sa conception de la fidélité. 

            Je plaignais sincèrement sa descendance, qui débarquait chez elle à tout bout de champ pour essayer de la distraire, puis s’en retournait bredouille, la tête et la queue basses.

             ­— Laissez-la tranquille, avais-je envie de dire. Vous voyez bien que son deuil est sa seule raison d’être. En l’en dépouillant, vous la tueriez !

             La vision de Yolande Neruda, à qui, inconsciemment, je me substituais, eût suffi, à elle seule, à me surmotiver.  De sorte que ce fameux « devoir de bonheur » devint mon objectif majeur, mon but, mon point de mire, ma quête sacrée ;  mon Graal.

     

             Or, pour m’aider à le conquérir, ce Graal, qui était mieux placé que le doux Perceval qui partageait ma couche ?

     

     

     

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  • Commentaires

    1
    Dimanche 15 Décembre 2013 à 08:49
    Gudule
    Merci, Ryko,pour la citation que je t'ai empruntée sans vergogne.
    2
    Dimanche 15 Décembre 2013 à 09:06
    melaka
    Tu partages ta couche avec Perceval ? Bah, tant qu'il ne tente pas de t'apprendre les règles du "cul de chouette"... (non, ce n'est pas une position du kama-soutra, cf kaamelott).
    En tout cas, avec toute cette histoire, on en a gros !
    3
    Dimanche 15 Décembre 2013 à 09:24
    Gudule
    Pffffrrrrtttt !
    4
    Dimanche 15 Décembre 2013 à 10:01
    Mêo
    Oh ça lui va bien Perceval ! Mais naan, pas celui de Kaamelott ;-))
    5
    Dimanche 15 Décembre 2013 à 10:15
    Gudule
    Quoique... au niveau de la coiffure...
    6
    Dimanche 15 Décembre 2013 à 10:17
    Gudule
    http://www.youtube.com/watch?v=N-XVU1kcbYg
    7
    Dimanche 15 Décembre 2013 à 10:25
    Ryko
    T'avais pas assez d'un Castor, te v'là nantie d'une perche-cheval ! Mais c'est une véritable ménagerie, ton paddock !
    8
    Dimanche 15 Décembre 2013 à 10:31
    Gudule
    Une arche de Noé pour affronter le déluge !
    9
    Dimanche 15 Décembre 2013 à 10:39
    Ryko
    Oups ! T'as raison. "Arche de Noé" ça fait plus poétique que "ménagerie". Quoique...
    http://www.elisa-paule.fr/Ryko/Corresp-03-12/Noe-Reiser.jpg
    10
    Dimanche 15 Décembre 2013 à 11:13
    Gudule
    Houlà, ces vélos qui veulent se lover avec les zanimaux...
    11
    Dimanche 15 Décembre 2013 à 11:29
    Castor tillon
    @ Ryko : dans certaines versions, Perceval s'appelle Perd-Cheval, et il doit son nom au fait que sa mère, par surprotection, l'a éloigné de la chevalerie.
    (source Castorpédia®)
    12
    Dimanche 15 Décembre 2013 à 11:35
    Gudule
    Et, euh... je ne voudrais pas faire de l'auto-citation (chose particulièrement irritante, mais dans le tome 2 de ma "Ménopause des fées", le Père Cheval, ancien facteur, fait des fresques naïves sur les murs de Paris.
    13
    Dimanche 15 Décembre 2013 à 11:37
    Gudule
    http://fr.wikipedia.org/wiki/La_M%C3%A9nopause_des_f%C3%A9es
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    14
    Dimanche 15 Décembre 2013 à 15:12
    Ryko
    D'après d'autres sources tout aussi frelatées, c'est parce qu'il avait des burnes de bourrin.
    Enfin, c'que j'en dis, hein...
    15
    Dimanche 15 Décembre 2013 à 15:13
    Ryko
    D'aucun prétendent que c'est parce qu'il a poignardé un ancêtre de Philippe Val.
    16
    Dimanche 15 Décembre 2013 à 15:58
    Gudule
    Je n'aurais pas interprété les choses de cette manière, vu qu'avec des burnes de bourrin, on peut faire subir les derniers outrages aux culs serrés, aux pisse-vinaigre et aux aux mous du genou.Alors, pourquoi s'en prendre à son ancêtre ?
    17
    GH
    Lundi 16 Décembre 2013 à 11:31
    GH
    Il y a le récit, savoureux… et les commentaires, régalants !!!
    18
    Lundi 16 Décembre 2013 à 13:38
    Gudule
    Merci, GH, et bienvenue au club. C'est vrai qu'on s'amuse bien !
    19
    Mardi 17 Décembre 2013 à 08:50
    Felipe-emauor wizzz
    Le devoir de bonheur en passant de Prévert à Perceval à cheval sur mon année de naissance voilà qui me recentre sur la joie de vivre !!!
    20
    Mardi 17 Décembre 2013 à 10:58
    Gudule
    @ Felipe : Ah symboles, doux symboles !
    21
    Mardi 17 Décembre 2013 à 11:00
    Gudule
    @ Pata : La guerre des emblèmes, en quelque sorte...
    22
    Pata l
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:29
    Pata															l
    Un antidote en forme d'anti Yolande !!!
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