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LE BEL ÉTÉ 39
LA POUPÉE AUX ARAIGNÉES
Le départ d’Olivier et Brigitte me rendit une autonomie que je croyais avoir perdue. En l’absence de ma belle-fille, il fallait bien que quelqu’un s’occupe de la maison, n’est-ce pas ? Je me réappropriai donc les lieux par un rangement en profondeur ; je recommençai à cuisiner, à faire les courses, à payer les factures, à répondre au courrier en retard — tout cela épaulée par Castor qui, comprenant d’instinct mes besoins, m’offrait son aide sans pour autant me l’imposer.
Parallèlement débutèrent des séances de radiothérapie, nous imposant un aller-retour quotidien à Albi — c’est-à dire plus de cent bornes par jour. Castor, selon son habitude, prit la chose avec bonhomie. Ainsi le personnel de la polyclinique vit–il se pointer, tous les après-midi, un couple de vieux amoureux dont la bonne humeur allégeait l’atmosphère d’une salle d’attente, ma foi, légitimement morose.
Vu l’état de mon crâne, bosselé et couturé d’une part, fortement dégarni de l’autre, j’avais adopté le look casquette-salopette qui, bien que peu flatteur, avait le mérite d’être marrant. Certes, Castor m’eût préférée plus féminine, mais vu la conjoncture, ces critères n’étaient pas de mise. Les vieilles Barbies à moitié chauves en robes coquines, merci bien !
Mon image reflétée par la glace me ramenait souvent à Martine, une poupée d’avant-guerre en carton bouilli, ayant appartenu à ma marraine. Les rares mèches encore implantées dans sa calotte crânienne — par ailleurs amovible — me servaient à faire pivoter son scalp, ce dont je ne me privais guère, et pour cause : une araignée avait élu domicile dans sa tête. Elle s’était même délestée de trois gros œufs blancs à hauteur des yeux, dont le système d’ouverture et de fermeture ne fonctionnait plus depuis belle lurette. Je suivais avec un intérêt mâtiné de répugnance l’évolution du phénomène, qui semble, avec le recul, avoir influencé bon nombre de mes fantasmes. Si j’ai écrit, plus tard, « La poupée aux yeux vivants » et « la petite fille aux araignées », n’est-ce pas en souvenir de mes émois d’alors ? Et le rêve récurrent dont je parlais plus haut ne fut-il pas la conséquence directe de cette ponte saugrenue ?
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Commentaires
Couic couic... Driing dingue... Couic...
@ Ryko. Une roue voilée... Tu peux te balader avec elle dans les lieux publics sans que la maréchaussée te colle une prune ?
Je découvre donc qu'il y a des poupées qui se balancent sur une toile toile d'araignée ! Ça a l'air bien amusant.
Bon, par contre question horreur, je n'y connais que pouic. Si ce n'est les histoires qu'on se racontait quand j'étais aux scouts à la nuit tombée... Quand on dormait à la belle étoile dans une clairière, seules, sans chef. Ou bien, au plus profond de la nuit, lors d'une veille de feu. Ou bien encore, lors d'un jeu de nuit, dans une chapelle désaffectée avec les chauve souris qui volent dans les combles et une chouette effraie qui passe dans le ciel.
C'est surtout l'atmosphère qui compte en fait, il nous est jamais rien arrivé. Par contre, on s'est fichu de sacrées frousses...
Quant à l'horreur, ben ça me fait trop peur en fait... Romans ou films. Jamais lu de Stephen King ou vu de d'Alien ou de Fredy. Je me suis contentée de Dracula (bon quand j'étais en primaire, ça date) et ça va bien. Oui, bon j'ai aussi vu l'exorciste et ça m'a fait rire.
Bref, j'aime pas trop l'horreur, mon imagination travaille trop du coup. Je préfère les contes avec des korrigans, des fées, l'ankou... Bref des trucs naturels et normaux, quoi !
http://lefantasio.fr/index.php?2013%2F12%2F09%2F1220-gudule-guduel-anne-petit-theatre-de-brouillard-in-les-filles-mortes-se-ramassent-au-scalpel-bragelonne
Mais en ce moment, je n'arrive pas à lire. J'ai une quarantaine de BD en retard... Encore plus, si on considère le fait que la plupart sont des suites et que pour m'y retrouver, il faudrait que je relise les X tomes précédents. Plus 3 tomes de la balade de Pern qui m'attendent. Il faut au moins que je décharge la bibliothèque d'attente de la chambre et que je range les BD avant d'en rajouter...
Par contre, quand je lis, le monde peut s'arrêter de tourner et je m'en fous. C'est un peu pour ça que je fais gaffe à pas trop me plonger dans la lecture, sinon la maison risquerait d'être dévastée par 2 minis ouragans.
Alors, j'ai mon tas de lecture, un puzzle en cours, une todo-list qui menace de s'écrouler sur ma tête...
Bon, avec tout ça, j'ai une image à finir… A+33Pata lVendredi 29 Août 2014 à 13:30
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Pour la forme...
L'araignée...
Au plafond de la poupée...
Ou sont-ce seulement les séances de castothérapie qui te donnent cet air pas morose, à lézarder les certitudes mandarines ?