• LE BEL ÉTÉ 34

     

                                   LES HAPPY END’S NE SONT PLUS CE QU’ELLES ÉTAIENT

     

     

             N’empêche que le scénario tournait au Grand-Guignol. Je m’en ouvris à Olivier que sa sensibilité d’écrivain rendait apte à comprendre mes divagations.

             ­ ­— Tu es en pleine confusion mentale, me dit-il. Mais n’aie crainte, c’est juste l’effet des médocs. J’ai connu ça pendant ma dépression nerveuse. Ne lutte pas, laisse-toi aller, tout reviendra de soi-même à la normale.

             Je m’efforçai de suivre son conseil, mais encore fallait-il pouvoir… Ce laisser-aller, en opposition totale avec ma nature, me demandait un effort immense, un peu comme celui fourni par le passager d’une moto, à qui l’on recommande de suivre sans résister les mouvements de la machine — quitte, dans les tournants, à frôler le bitume de la jambe. Ne pas se raidir pour affronter sa propre peur. Devenir tout mou, tout passif… Or, la passivité, je n’étais pas programmée pour.  Ni la mollesse que je surnommais avec dédain « la moulitude ».

             Afin de me motiver, je me raccrochais à cette idée de scénario qui ne cessait de me surprendre — voire, de m’intéresser par son excès de médiocrité : accumulation de séquences tragiques qui sonnaient faux, dialogues affligeants, inconsistance des personnages, que sais-je encore ?  Je nous revois assis autour de la table, Olivier, Brigitte, Claude, Castor et moi, pour le repas du soir.  Nous évoquions sur le mode plutôt humoristique « la fin du monde qui avait commencé,  non sous forme d’Apocalypse mais par bugs successifs, de préférence minables ». Et chacun d’entre nous d’énumérer  ce qui lui semblait ne pas tourner rond dans cette histoire absconse — à commencer par les aberrations de la météo.

             «  Quelles répliques à la con ! me disais-je, atterrée, en écoutant mes propres paroles, aussi nulles (si pas plus) que celles de mes comparses. Un ramassis de poncifs d’une platitude sans nom. Audiard doit se retourner dans sa tombe. »

            

     

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  • Commentaires

    1
    Mercredi 4 Décembre 2013 à 11:53
    Gudule
    C'est exactement ça. Très dur d'être tout mou !
    2
    Mercredi 4 Décembre 2013 à 12:00
    Mêo
    Je revendique le droit à la moulitude, la platitude, la nullitude, la merditude (hein Ryko ?)
    Et pis c'est bon, d'être con (des fois)
    3
    Mercredi 4 Décembre 2013 à 13:07
    Gudule
    La merditude surtout, hein, Mêo ! D'autant qu'elle donne lieu à des histoires réjouissantes (et ça, on en a tous besoin !)
    4
    Mercredi 4 Décembre 2013 à 13:15
    Gudule
    @ Célia : c'est vrai qu'à cette époque, j'avais une capacité de travail qui m'étonne encore aujourd'hui. C'est d'ailleurs ce qui nous a permis de vivre de me livres, ma famille et moi...
    Dans quel coin se trouvait ton établissement scolaire, Célia ?
    5
    Mercredi 4 Décembre 2013 à 13:27
    Ryko
    "Une fin du monde minable" L'idée est très séduisante bien que réaliste. A condition qu'il ne s'agisse pas de TON monde. Faut pas déconner. Ce serait bien la peine d'avoir un ange attitré.
    Pour ce qui est de la moto, je te comprends ô combien ! J'ai roulé à moto pendant ma folle jeunesse (300 000 km en tout). Je ne supportais pas d'être passager, ce qui heureusement ne m'arriva que très rarement, non sans pétoche. J'admirais mes passagères. Fallait-il, qu'elles soient amoureuses, ou barjots, ou les deux !
    Quant à Mêo, revendiquer à la fois la moulitude et la merditude me parait risqué. C'est pousser un peu loin le bouchon.
    6
    Mercredi 4 Décembre 2013 à 13:48
    Gudule
    On a pas mal déliré sur ce thème avec Olivier et Castor. A chaque fois qu'un truc déconnait (du genre bouchon qui tombe dans la bouteille, tu vois ?) on décrétait que c'était la fin du monde. Quant à l'expérience moto, elle est toute neuve chez moi. J'ai toujours eu une peur bleue de ces engins, mais cet été, on a fait des balades Castor et moi, ce qui a laissé mes enfants sur le cul. "Faut-il qu'elle t'aime, a décrété Frédéric à Castor. Non seulement elle n'a jamais accepté de monter à moto avec personne avant toi, mais en plus, elle a attendu d'avoir 68 ans et un cancer..."
    7
    Mercredi 4 Décembre 2013 à 13:51
    Gudule
    @ Ryko : je laisse à Mêo le soin de répondre personnellement à ton dernier com... (pfff, il est con, c'type !)
    8
    Mercredi 4 Décembre 2013 à 14:28
    Mêo
    Ha ha voui, il est con, c'type, crottalors ;-))
    9
    Mercredi 4 Décembre 2013 à 14:29
    Mêo
    En fait j'ai l'impression perso, de ne pas m'être battue mais d'avoir gagné la bataille sans faire exprès. En ayant une confiance aveugle et sourde et muette (muette c'est fastoche oui, gna gna Ryko;-)) en la médecine. J'étais un peu gogole, quoi.
    La gueugneu attitude, ça s'appelle.
    10
    Mercredi 4 Décembre 2013 à 14:49
    Flore
    Quand tu apprends à naviguer, tu apprends à composer avec les éléments... Le vent qui souffle jamais comme il faut, le courant qui te fait faire du surplace. La pétole qui te scotche, la risée qui couche le bateau.
    Du coup on apprend à faire avec : le vent finira bien par tourner, on touchera bien un peu de thermique.
    Et puis en voile légère, quand tu as planté l'étrave dans une vague, que l'équipier a fait un soleil au trapèze, que le barreur a fait du toboggan sur le trampoline... Le cata est retourné (oui, c'est la cata), une fois le fou rire passé, on ressale le tout et c'est reparti, jusqu'à la prochaine fois.
    Et ça c'est parce que, justement, on ne se laisse pas porter eton cherche à se battre et contrecarrer les éléments, alors qu'il vaut mieux les utiliser du mieux possible pour arriver à nos fins...
    11
    Mercredi 4 Décembre 2013 à 14:54
    Gudule
    @ Mêo : je sais pas si le terme "se battre" que tout le monde emploie est bien adapté. Il implique une notion d'armes qu'on maîtrise. Or, on ne maîtrise rien du tout. Donc, l confiance aveugle me semble la meilleure tactique. Tu as bien fait d'opter pour. La preuve ! Et tu n'es pas gogole du tout mais judicieuse.
    12
    Mercredi 4 Décembre 2013 à 14:55
    Gudule
    @ Flore : adorable, ce petit cours de navigation sur le mode métaphorique. Et plein d'un dynamisme joyeux. Merci Flore !
    13
    Mercredi 4 Décembre 2013 à 15:04
    Gudule
    @ Célia : Je suis allée souvent aux alentours de Poitiers. Le fait 'avoir obtenu le prix du roman historique (décerné par l'ensemble des collèges de la région) pour mon roman "Mort d'un chien" (en 1988, je crois) a été déterminant pour la suite de ma carrière. J'en ai toujours été reconnaissante à mes lecteurs pictaviens.
    14
    Mercredi 4 Décembre 2013 à 16:00
    Castor tillon
    Ben je t'en ressortirai, des belles platitudes, tiens. Soyez bon avec les Gudule, après ça.
    15
    Mercredi 4 Décembre 2013 à 16:20
    Gudule
    Tu sais bien que chaque mot sortant de ta bouche est une gorgée de miel, mon cher Castor !
    16
    Mercredi 4 Décembre 2013 à 17:25
    Ryko
    C'est ça qui est fabuleux avec Castor. Ses paroles de miel. Mais comme il parle peu, c'est rare qu'il prenne la mouche.
    17
    Mercredi 4 Décembre 2013 à 17:29
    Ryko
    Oui c'est encore moi. Que veux-tu tout, le monde n'est pas muet comme Mêo qui fait une confiance aveugle à la médecine et reste sourde au charlatanisme.
    18
    Mercredi 4 Décembre 2013 à 17:49
    Gudule
    Est-ce gentil ou pas, ce que tu viens d'écrire ? Des fois, entre le lard et le cochon, ma comprenure balance...
    19
    Mercredi 4 Décembre 2013 à 18:05
    Ryko
    Oh oui, c'est gentil. Mêo n'est pas bavarde,ce qui peut être considéré comme une qualité et elle est la première à en sourire, car l'autodérision fait partie de ses nombreux talents. Je ne vois pas ce qui pourrait entamer mon estime et mon affection pour elle. Mais tu as bien fait de me poser la question. Merci Gudule.
    20
    Mercredi 4 Décembre 2013 à 18:07
    Ryko
    Mais si ta question concerne ma plaisanterie sur Castor, ma réponse sera à peu de chose près la même.
    21
    Mercredi 4 Décembre 2013 à 18:16
    Castor tillon
    Ch'est parche que la mouche tache, cher Ryko.
    Si je parle peu, c'est pour me réguler : je dis tellement d'inepties au mètre cube...
    Gudule a acheté une tapette à mouches rien que pour moi. Dès que je fais mine de l'ouvrir : PAN !
    *outch*
    22
    Mercredi 4 Décembre 2013 à 18:24
    Ryko
    Oh non, il n'est pas bavard, notre Castor. Mais à l'écrit, quel bonheur ! D'ailleurs, je me demande comment Mêo et lui peuvent me supporter. Je leur en sais gré. Et quand ils n'écrivent ni ne parlent, ils ont le talent d'exister.
    23
    Mercredi 4 Décembre 2013 à 18:27
    Gudule
    Menteur ! Il s'agit d'une machette à touches, et quand je t'en envoie un coup, ça fait do, ré, mi la sol... aïeuuu !
    24
    Mercredi 4 Décembre 2013 à 18:28
    Ryko
    En plus d'un tas de talents créatifs... mais je vais finir par phagocyter cette page ! La honte me guette.
    25
    Mercredi 4 Décembre 2013 à 19:00
    Castor tillon
    Oh voui, mon Ryko, parle encore de mes talents créatifs rrrrron rrroOon rrrrrooOooon...
    Si ces pages n'étaient pas là pour qu'on les phagocyte, la honte serait sur moi aussi.
    Phagocytons, phagocytons !
    26
    Mercredi 4 Décembre 2013 à 19:21
    Ryko
    Nan ! C'est trop chiant à écrire.
    27
    Mercredi 4 Décembre 2013 à 19:37
    Gudule
    Tu fagots -cites d'autant plus que depuis quelques jours, c'est toi qui t'occupes de la cheminée, je te signale !
    28
    Mercredi 4 Décembre 2013 à 19:42
    Gudule
    Euh, le message précédent s'adressait au Castor. Quant à toi, Ryko, tu me conjugueras le verge phagocyter à tous les temps de l'indicatif !Non mais... !
    29
    Mercredi 4 Décembre 2013 à 19:56
    Castor tillon
    Hé les mecs, Gudule elle a écrit "LE VERGE", là, au-dessus ! si si !
    30
    Mercredi 4 Décembre 2013 à 19:56
    Gudule
    oups ! mon clavier m'a trahie. Christian ! Veux-tu cesser de transformer mes "verbe" en "verge", petit canaillou !
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    31
    Mercredi 4 Décembre 2013 à 19:57
    Castor tillon
    Bon, y a pas de quoi pouetter un chat, mais...
    32
    Mercredi 4 Décembre 2013 à 20:15
    Gudule
    ... de quoi chouetter un fat ? T'entends ça, Christian. M'en vais te chouetter, moi, tiens, si tu recommnence tes conneries !
    33
    Mercredi 4 Décembre 2013 à 20:50
    Castor tillon
    Un clavier qui s'appelle Christian. Misère. Et moi, j'ai un écran Total.
    34
    Mercredi 4 Décembre 2013 à 21:03
    Ryko
    Désolé. Peux pas conjuvuer le gerbe phavocyter. J'ai un écran d'arrêt.
    35
    Mercredi 4 Décembre 2013 à 21:04
    Tororo
    Mais il faut l'écrire, ce roman pré-post-apocalyptique avec accumulation de séquences tragiques qui sonnent faux, dialogues affligeants, et personnages inconsistants, je suis sûr que ça fonctionnerait! Même pas la peine de citer les exemples illustres: John Kennedy Toole, Ionesco, Fredric Brown... (le lecteur, après, serait soulagé de se dire que des trucs pareils, ça n'existe que dans les livres).
    36
    Mercredi 4 Décembre 2013 à 21:08
    Ryko
    Mais je peux conjurer le verbe GRRR. C'est castoche. Si ça se trouve, Fastor, il connait.... Oups... juguer.
    37
    Mercredi 4 Décembre 2013 à 21:27
    Castor tillon
    Qu'on jugue les trublions sur-le-champ ! Et qu'on leur donne les verbes pour se faire battre !
    38
    Mercredi 4 Décembre 2013 à 21:32
    Gudule
    @ Ryko : Je crois plutôt que tu as une écrampe. Allez, avoue !
    39
    Mercredi 4 Décembre 2013 à 21:34
    Gudule
    @ Castor : pas de pub dans mon blog, steup. Surtout pour des marques d'essence.
    40
    Mercredi 4 Décembre 2013 à 21:35
    Gudule
    @ Tororo : j'ai failli le faire, mais j'ai renoncé par flemme. La flemme, c'est ma fin du monde perso.
    41
    Mercredi 4 Décembre 2013 à 22:52
    Ryko
    TOTAL. Pff. Dire qu'ils ont failli sponsoriser le projet ITER. Tu sais, le centre de recherche et développement sur l'énergie nucléaire à Cadarache. Ben ils se sont dégonflés sous prétexte que "Total-ITER" c'était parlant mais pas vendeur.
    Heu... On parlait de quoi, déjà, ici ?
    42
    Mercredi 4 Décembre 2013 à 23:16
    Castor tillon
    C'est comme le pétrolier ESSO qui voulait sponsoriser le fabricant de processeurs ATI RAGE. Non seulement ESSO-RAGE, c'était limite insultant pour les clients, mais vu la saleté du produit, c'était moralement moyennement défendable.
    43
    Jeudi 5 Décembre 2013 à 00:52
    Castor tillon
    http://nsm08.casimages.com/img/2013/12/05//13120512530614328911792614.jpg

    Euh, alors oui... De quoi parlait-on, déjà ?! Nous aussi on est en pleine confusion mentale, et on n'a même pas l'excuse d'une lésion au cerveau.
    Mea culpa, ma Gudule, méat coule pas.
    44
    Jeudi 5 Décembre 2013 à 04:56
    Ryko
    Vivement aujourd'hui, qu'on commente un nouvel épisode.
    45
    Jeudi 5 Décembre 2013 à 08:45
    Gudule
    C'est vrai qu'on se marre bien dans cette cour de récré. J'adore, en m'éveillant, aller retrouver les copains. C'est la première chose que je fais, d'ailleurs !
    46
    Jeudi 5 Décembre 2013 à 08:49
    Gudule
    Euh... Castor, je te signale que celle-là, je l'ai faite dans "Zoé Borbrygme". Tu ne connais plus tes classiques ou quoi ?
    47
    Jeudi 5 Décembre 2013 à 08:52
    Gudule
    Remarque... y a pas de coperyght sur les jeux de mots, heureusement. Tu imagines la gueule des contrats ?
    48
    Pata l
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:30
    Pata															l
    Le fameux (et inatteignable) "lâcher prise"... S'il est facile quand quand on se perd dans la création d'une œuvre, il tout de suite beaucoup plus compliqué de l'appliquer à sa propre vie, surtout quand celle-ci s'applique à être aussi glauque que possible !
    49
    Célia
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:30
    Célia
    Je me souviens d'une rencontre avec vous lorsque j'étais collégienne (pour votre roman "La vie à reculon" et de l'énergie que vous dégagiez. J'étais très impressionnée en apprenant que vous étiez capable d'écrire un livre en un mois. Je n'ai jamais oublié ce "un mois seulement" car j'écris à la vitesse d'une tortue asmatique.
    Bref, je ne suis pas surprise de découvrir vos difficultés face au laisser-aller et à la molitude. C'est angoissant, de ne plus avoir d'histoire sous le coude.
    50
    Célia
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:30
    Célia
    C'était du côté de Poitiers, au collège Jules Verne. De mon point de vue, la rencontre c'était bien passée.
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