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LE BEL ÉTÉ 23
BRÈVES DE CANCER (SUITE)
— Avez-vous été à la selle ?
Une femme adore qu’on lui pose de telles questions devant son amant !
Histoire d’éluder, je fais « oui, oui » de la tête. Mais l’infirmière insiste :
— Vous êtes sûre ? Parce que sinon, je vous donne un laxatif.
J’élude à nouveau :
— Ne vous inquiétez pas, tout va bien.
À l’évidence, elle ne me croit pas, et sort de la piaule, la moue dubitative, pour réapparaître cinq minutes plus tard, brandissant un suppositoire à bout de doigts.
— Mettez-le quand même, ça stimulera votre intestin.
Euh… on ne pourrait pas parler d’autre chose ? Je sais pas, moi, littérature, cinéma, politique ? Ou même de la pluie et du beau temps ?
J’ignore si, durant ses études, le personnel soignant subit une quelconque formation psychologique, mais à mon avis, non. Partant du principe que tout malade est un cas avant d’être une personne, on le traite comme tel, au risque de piétiner le peu d’honneur qui lui reste. Je pense, entre autres, à ce kiné beau comme le jour, la trentaine, dents blanches, sourire charmeur, se pointant dans la salle de bains alors que je suis en petite tenue pour me proposer « une promenade dans les couloirs » (sans ajouter « mamie » mais en le pensant si fort que je l’entends clairement).
Là, bon, normal, je craque :
— Non mais, ho, allez la faire tout seul, votre promenade ! Vous voyez bien que j’ai pas de culotte !
Tandis qu’il remballe son sourire et s’éclipse, je peste, à l’intention de Castor :
— Il me prend pour une grabataire, ce connard, ou quoi ?
Un « Tu es belle, je t’aime » hilare me rend illico ma dignité en débandade.
Voilà ce que j’appelle de la psychologie !
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Commentaires
PS. Je rigole, mais c'est pas drôle. Toi si. Tu l'es. Mais il faut reconnaître que tu es une vétérante des Grands Moments.
Zut. "vétérante", c'est pas le terme. "Rompue" ? Pff. Je reviendrai quand je l'aurai trouvé.
"Vétéranne"... ? C'est quoi ce mot de macho qu'a pas de féminin ?
Vétérin'... non.
Ou l'accompagnante indigne.
Le mois dernier, mon fils (4 ans) avait foncé sur une porte ouverte à l'école. Bilan : une matinée aux urgences... Et la mère indigne qui dit à son fils dans la salle d'examen "Allez, on fait une photo et on l'envoie à Parrain !".
Le parrain indigne (cousin de la mère indigne et petit fils du papy terreur) a appelé, mort de rire, pour avoir plus de détails. Et était très fier de son filleul qui a mobilisé 4 personnes pour faire un point de suture tout en hurlant malgré le masque sensé faire rigoler...
Épilogue : quand j'ai raconté ça à ma mère (fille du papy terreur), elle m'a dit "Et pourquoi tu m'as pas envoyé la photo aussi ?"... On a la famille qu'on mérite :)
http://s3-ec.buzzfed.com/static/enhanced/web04/2012/10/9/11/anigif_enhanced-buzz-9399-1349796652-9.gif
http://nsm08.casimages.com/img/2013/11/23//13112312593614328911758567.jpg
Sinon Gudule, j'aime beaucoup ta façon d'envoyer promener le kiné. Ceci dit s'il arrive essoufflé à la chambre, c'est qu'il a besoin de plus d'exercice !
Pour mon fils, le mot de la fin est revenu à son parrain "Aucun doute, il nous ressemble...".
Ma fille est plutôt du côté obscur, elle m'a filé 2 coups de boule mémorables. Le premier m'a fait un œil au beurre noir. Le 2ème a fait très peur à mon copain qui a entendu le craquement sourd du à la collision front / nez. C'est qu'elle a la tête dure ma fille, elle tient ça de moi.
Ma mamy s'était faite opérer du genou et je l'appelais pour prendre de ses nouvelles. Elle ronchonne que sa cicatrice fait quand même 35cm de long (elle avait amené son mètre de couture à l'hosto). Compatissante, je lui ai fait part de mon inquiétude "Mais tu vas plus pouvoir te mettre en mini jupe, Mamy ?". Mamy (83 ans) "Mais je me mets jamais en mini jupe !" "Eh ben, c'est pas si grave alors..."
C'est un trait bien caractéristique de la famille : on a tous un sérieux grain.13guduleVendredi 29 Août 2014 à 13:3014guduleVendredi 29 Août 2014 à 13:3015guduleVendredi 29 Août 2014 à 13:3016guduleVendredi 29 Août 2014 à 13:3017guduleVendredi 29 Août 2014 à 13:3018guduleVendredi 29 Août 2014 à 13:3019guduleVendredi 29 Août 2014 à 13:3020guduleVendredi 29 Août 2014 à 13:30
Sinon, tes mésaventures avec tes enfants me font beaucoup rire !
@ Mêo : Castor a toujours le mot qu'il faut au moment où il faut. Ces vieux castoridés sont très forts, dans leur genre !21guduleVendredi 29 Août 2014 à 13:3022Pata lVendredi 29 Août 2014 à 13:3023guduleVendredi 29 Août 2014 à 13:30
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Ah, tu n'avais pas vu le fauteuil roulant ? C'est parce qu'il était garé dans le couloir.
Vous ne verrez jamais un soignant se déplacer dans un hôpital en discutant avec un patient d'égal à égal. Il faut qu'on puisse reconnaître le patient au premier coup d'œil : la chemise d'hôpital ouverte dans le dos, le fauteuil roulant, la potence avec les perfs...
J'ai bossé 5 ans en hôpital (en recherche fondamentale et pas dans un service où il y avait des patients) et je n'ai jamais rencontré personne de si imbu d'eux-mêmes et corporatistes que les médecins hospitaliers. Les types qui essaient de décoder ton badge pour savoir s'ils ne risquent pas de déchoir en te disant bonjour (d'où le jeu de planquer son badge, le mettre à l'envers pour les voir galérer). Ceux qui vont au self en pyjama de bloc pour que personne n'ignore qu'ils sont chirurgiens). Les gens normaux ne vont pas manger avec leur blouse de labo, ils savent bien à quelle point elle est crado même si elle n'en a pas l'air...