• La Bibliothécaire

    Je reçois toujours de nombreuses questions concernant La Bibliothécaire. Afin de répondre à tout le monde en même temps, voici l'interview d'une classe de cinquième. Ceux d'entre vous qui auraient besoin de renseignements concernant ce livre devraient y trouver leur bonheur. 

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    Combien de temps vous a-t-il fallu pour écrire ce livre ?

     Un mois environ, à raison de dix heures de travail en moyenne par jour. Ce qui donne (comptez !) quelque trois cents heures de travail. Imganiez une rédaction qui dure trois cents heurs... eh bien, cela donne un livre !

     Comment vous est venue l’idée de ce voyage à travers les livres, et de cette personne qui cherchait ce genre de secret ?

     C'était l'un de mes vieux fantasmes d'enfant, auquel j'ai, en quelque sorte, "donné vie". C'est la chance et le privilège des écrivains de matérialiser leurs rêves ! Lorsque j'avais votre âge et que je lisais un livre qui me plaisait, j'aurais donné n'importe quoi pour pouvoir pénétrer "en vrai" dans ce livre, y rencontrer les personnages qui me fascinaient, participer à l'aventure. Je me suis donc offert ce plaisir avec La Bibliothécaire : j'ai envoyé mes personnages à la rencontre de ceux que j'avais aimés, enfant : Alice, Poil de carotte, Gavroche, etc... Et c'était comme si je le vivais, moi (car les auteurs s'identifient à leurs héros !). J'y ai pris, je vous assure, un plaisir immense !

     Souhaitiez-vous rendre hommage à cette profession ? Si oui, pourquoi ?

     De quelle profession parlez-vous ? Celle d'écrire ? Ne devrait-on pas plutôt parler de "passion" ? Je considère, en effet, comme une chance inouïe de pouvoir vivre — c'est-à-dire gagner de quoi payer mon loyer et entretenir ma famille, sans oublier le Ronron de mon chat et le Canigou de mon chien ! —; je considère, donc, comme une chance inouïe de pouvoir vivre en exerçant ma passion.
    S'il s'agit de la profession de bibliothécaire, oui, j'ai souhaité lui rendre hommage dans ce livre. Je suis très admirative du travail formidable que font les bibliothécaires et les documentalistes, pour donner aux enfants le goût de la lecture. 

     Pourquoi le choix de ces cinq livres ? Ont-ils joué un rôle particulier dans votre enfance ?

     J'ai, bien entendu, choisi les livres qui avaient beaucoup compté dans mon enfance. Mais il y en avait bien d'autres ! Donc j'ai dû, d'une part, faire une sélection (sans quoi, La Bibliothécaire aurait été un pavé de cinq cents pages ! ) et, de plus, choisir des livres qui avaient des "couloirs" entre eux. Ça a été le plus difficile : trouver des points communs entres tous ces textes, par lesquels je pouvais passer de l'un à l'autre. Un véritable jeu de piste !

     Pourquoi avez-vous choisi, dans « Les Misérables », le moment où Gavroche meurt ?

    D'abord, parce que c'est l'un des passages que je préfère, et ensuite, parce qu'il me permettait de "rebondir" sur la mort du Petit Prince.

     Y a-t-il une suite prévue à « La bibliothécaire » ?

     Non, La Bibliothécaire n'a pas été conçue comme un élément d'une série, mais comme un livre isolé. Si je faisais une suite, elle serait forcément moins bonne. La Bibliothécaire 2, le retour, vous imaginez ça ? Ce serait une démarche uniquement commerciale que je trouverais nulle et malhonnête.

     Avez-vous eu des difficultés à le publier ?

     Aucune : j'avais, à cette époque (il y a plus de quinze ans !) un merveilleux éditeur, chez Hachette. Un vieux monsieur érudit, souriant et un peu paternel qui s'appelait Laurent David. Il m'avait déjà édité  La vie à reculons — livre que d'autres éditeurs avaient eu peur de publier, en raison de son thème (le sida), mais lui me l'avait pris sans hésiter. Donc, un jour, je vais le voir avec le synopsis de La Bibliothécaire (le résumé d'une livre en une page). Il le lit devant moi, et je vois son visage s'éclairer au fur et à mesure de sa lecture. Quand il a eu fini, il a siplement dit : "Je prends" avec un grand sourire. Je suis rentrée chez moi le cœur en fête,  et je me suis immédiatement mise à l'ouvrage. Ce monsieur est hélas, depuis bien des années à la retraite, et je n'ai jamais retrouvé un tel éditeur, depuis !

     Qui vous a encouragée à l’écrire ?

     Moi toute seule ! (Et le sourire de Laurent David).

     Pourquoi ce pseudonyme de Gudule ? 

      C'est un clin d'œil à mes origines belges (je suis née à l'ombre des tours de la cathédrale Sainte-Gudule, à Bruxelles).

     Qu’est-ce qui vous a donné l’envie d’écrire ?

     Je suis née avec le désir de raconter des histoires. Du plus loin que je me souvienne, ce rêve m'a hantée. En CP, quand l'institutrice nous a demandé : "Quel métier voulez-vous exercer plus tard ? ", j'ai répondu  : "Ecrivain ou clown". Je ne suis pas devenue clown...

     N’avez-vous écrit que des livres fantastiques ?

     Non, j'écris dans tous les genres (polars, livres-miroirs, dramatiques, psychologiques, science-fiction, humour, etc) et pour toutes les tranches d'âge (de la maternelle à l'âge adulte).

     Avez-vous participé à des concours d’écriture ?

     Non, je pense que l'écriture est un mode d'expression, non une perfromance sportive.

     Avez-vous eu ou avez-vous encore un autre métier ?

     J'en ai eu beaucoup, avant de pouvoir enfin réaliser mon rêve ! J'ai été publiciste, vendeuse au porte-à-porte, scénariste de BD, conceptrice de costumes de théâtre, animatrice radio, et enfin journaliste (et même rédactrice en chef d'un magazine de jeux pour enfants).

     Quelles sont vos sources d’inspiration en général ?

     Tout : ce que je vois, entends, les gens que je rencontre, les événements que je vis ou auxquels j'assiste, les films que je regarde, les livres que je lis, les musiques que j'écoute. Et, bien sûr, ma mémoire. Plus on avance en âge, et plus les souvenirs deviennent une source d'inspiration !

     Il paraît que vous avez fait des études d’art. Pourquoi n’avez-vous pas continué dans cette branche ?

     Je n'étais pas très douée... J'avais deux passions : le dessin et l'écriture. Après avoir exercé les deux pendant quelques abnnée, j'ai choisi celle qui me convenait le mieux.

     Combien de livres avez-vous écrit en tout ?

     Autour des trois cents, mais ça change tout le temps. Il y en a sans cesse de nouveaux ! 

     Combien de temps faut-il en moyenne pour les écrire ?

     Ça dépend de leur épaisseur. Disons entre trois jours et deux mois.

    Quel est le tirage en général ?

     Pour chaque éditeur, c'est différent. Ça peut aller de trois mille à trente mille. Quand ils sont épuisés, les éditeurs les réimpriment. Certains livres, comme La Bibliothécaire, ont déjà dépassé le million d'exemplaires.

     A quel âge avez-vous écrit votre premier livre ?

    L'année de ma sixième (11 ans). Mais il n'a pas été édité, bien sûr. Il n'était pas encore au point ! En revanche, le thème m'a servi trente ans plus tard, pour mon livre "L'école qui n'existait pas".

     

     


     


     
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  • Commentaires

    1
    un admirateur :)
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:54
    un admirateur :)
    Chère madame Gudule (il faut bien commencer)

    je rebondis un peu sur votre interview sur la bibliothécaire, histoire de vous faire part de mon ressenti vis-à-vis de ce livre. Bon, je vous préviens, je n'ai pas vraiment l'intention de vous vous dire ô combien vous m'avez fait découvrir la lecture et tout le bazar, je suis juste là pour vous dire que j'ai aimé, adoré, que j'ai dévoré ce livre, et que je l'aime encore. J'ai toujours du plaisir à le lire, à 16 ans alors que ma première lecture du roman remonte au moins au CM2, c'est dire si ça m'a marqué. Sincèrement, pour moi, c'est un chef d'oeuvre : touchant sans être niais, drôle sans être lourd, il m'est indispensable. Je trouve que vous faites un boulot vraiment formidable (si, si !) vous vivez d'une passion, et ça c'est quelque chose de vraiment génial, et avec le recul, je me rends compte qu'avec ce livre, vous offrez une preuve de votre amour pour l'écriture. Continuez, surtout à nous pondre des merveilles, ça en vaut vraiment le coup. Et puis si vous arrivez a faire lire des livres pour enfants à des jeunôts de 16 ans, c'est que vous devez sûrement avoir un don, ou une super patate cosmique. Merci pour tout :)
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    2
    Gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:54
    Gudule
    Wahou ! C'est un commentaire à vous illuminer la journée, ça ! Maintenant, il faudrait que tu lises mes livres pour adultes (dans le genre "Paradis perdu"), tu verras, j'ai aussi la patate cosmique dans ces bouquins-là !
    En tout cas, merci pour ton message !!!
    3
    Julie
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:54
    Julie
    Bonjour,

    Je profite de cette interview pour vous poser quelques questions. Je suis étudiante en métiers du livre sur Lille, et deux de mes amies et moi préparons un exposé sur votre travail, et nous aurions voulu avoir des renseignements supplémentaires pour notre compte-rendu.
    Nous voulions d'abord savoir pourquoi vous avez publié chez autant d'éditeurs différents: est-ce un choix de votre part? Pourquoi écrivez vous plus pour la jeunesse? Comment choisissez vous les thèmes que vous abordez dans vos différents romans? Est- ce que votre expérience de journaliste vous a influencé dans votre écriture?
    J'espère que vous aurez le temps de répondre à ces questions, merci beaucoup.
    4
    Gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:54
    Gudule
    Il y a deux raisons pour lesquelles je publie chez autant d’éditeurs différents. Tout d’abord, j’ai une production trop importance pour me contenter d’un seul éditeur. Une maison d’édition publie en moyenne un livre par an et par auteur. Dans le meilleur des cas, cela peut monter à deux ou trois (pour les séries, par exemple). Moi, j’écris entre quinze et vingt ouvrages, en une année. Il me faut donc travailler avec beaucoup d’éditeurs pour écouler ma production.
    La seconde raison est que chaque éditeur a un lectorat particulier, et travaille dans un genre bien défini. Nathan ne publie pas le même genre de livre que Milan ou que Hachette, par exemple. Or, moi, j’aime aborder le plus de genres possibles : polar, SF, fantastique, albums pour tout-petits, romans sentimentaux, textes d’humour, etc. Je choisis donc l’éditeur en fonction du style de publication qui lui est propre.
    Si je publie plus de livres pour la jeunesse que pour adultes, cela tient également à deux choses : premièrement, l’investissement de temps et d’énergie est moins imporant dans un album ou un petit roman de cinquante pages que dans un roman pour adultes, qui en fait trois cents. Deuxièmement, je suis sans cesse sollicitée par les éditeurs pour la jeunesse. En revanche, ce n’est pas facile d’être éditée dans une collection pour adultes quand on a, comme moi, une étiquette d’auteure-jeunesse. C’est une chose regrettable mais à laquelle je me heurte depuis le début de ma carrière.
    Mes thèmes sont toujours des coups de cœur (ou des sursauts de révolte). En tout cas, des sujets qui me touchent assez pour que j’y consacre, corps et âme, des semaines de ma vie. Mais ça, c’est le cas de tous les auteurs !
    Oui, mon expérience de journaliste m’a beaucoup servi. J’ai appris la rigueur, la concision, le sens de la synthèse. La recherche du mot juste, non de la périphrase plus ou moins vaseuse. J’ai apris à aller à l’essentiel de mon sujet, plutôt que de me perdre sur des chemins de traverse. Et, détail technique important : les contraintes du journalisme, au niveau de l’espace, m’ont appris à me plier sans difficulté aux critères des collections, en ce qui concerne les dimensions de mes manuscrits. (En jeunesse, l’éditeur vous donne une fourchette de signes, entre 120.000 « et 150.000 signes, par exemple. Ni plus, ni moins. Personnellement, cela ne me pose aucun problème).
    Voilà. J’espère avoir répondu à vos interrogations.
    5
    julie
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:54
    julie
    Bonjour,
    Je vous remercie d'avoir répondu à mes questions, c'est très sympa de votre part!Je pense que toutes vos réponses vont pouvoir nous aider dans la rédaction de notre exposé.

    Merci encore de votre aide.
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