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grands moments de solitude184 (tome 2)
Corruption de fonctionnaire
J’étais dans ma période « confitures », et je me disais comme ça, en mon for intérieur : « Ce s’rait p’t’être le moyen d’apprivoiser tes éditrices et de les empêcher de nuire. » Victor Hugo m’en est témoin, la confiture, ça adoucit les mœurs. Sur le buffet du salon s’alignait une dizaine de pots de toutes les couleurs : rouge pour les fraises, jaune pour les abricots, vert pour la rhubarbe et d’un beau mauve ambré pour les quetsches et les figues.
Comme, tel le petit chaperon rouge, j’emplissais mon panier, en vue d’une visite aux mères-grands de chez Hachette, Grasset et Flammarion, on sonna à ma porte ; c’était le loup, bien sûr. Enfin, pas tout à fait : l’employé EDF qui relevait les compteurs. Or, le mien, de compteur, était traficoté — ce qui n’échappa pas au fonctionnaire de service sitôt qu’il eut jeté un œil sur le cadran. Son : « Il y a un problème, ça ne tourne pas ; vous avez bloqué la molette ? » me fit courir dans le dos le frisson du criminel pris en flagrant délit.
Je protestai énergiquement de mon innocence :
— Moi ? Non, non, pensez-vous ! Y a des gens qui font ça ? Je ne me doutais même pas que c’était possible.
À l’évidence, il ne me crut guère.
— Vous risquez 5000 francs d’amende, précisa-t-il en remplissant son bordereau.
Alors moi, le regard en coulisse :
— Euh… vous aimez les confitures ?
En tout fonctionnaire, un gamin sommeille. Celui-là ne fit pas exception à la règle (d’autant que ma maison sentait foutrement bon). Après avoir jeté le document compromettant, il repartit avec mes dix bocaux, en recommandant :
— La prochaine fois, arrangez-vous pour remettre le compteur en route avant l’arrivée de mes collègues. Ils ne sont pas tous aussi cools que moi.
Je promis, en lui souhaitant bon appétit.
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Commentaires
et les cons disent "on" (en anglais), on peut en faire à l'infini, de ces jeux de mots à la manque (pas à la mangue, comme la confiture !)
ah ah ah, ça me rappelle l'ami Frémion : "le copain, c'est celui avec qui on partage son pain, la copine, c'est celle avec qui on partage sa... et le conjoint, c'est celui avec qui on partage le joli mois de juin !"...
S'il avait été vraiment cool, il n'aurait pas piqué TOUTES tes confiotes ! Même moi qui suis une gueule à sucre, je ne l'aurais pas fait.
Le conjoint, c'est comme dans la plomberie : c'est celui avec qui on partage joint, rondelle et robinet. Frémion est un grand romantique.
c'est terriblement sexuel, la plomberie ! c'est sans doute pour ça que les plombiers montrent toujours leurs fesses, au-dessus de l'élastique du string !
@ Castor : faudra que je te présente ma copine Paloma, une plombière espagnole ultra-douée dans l'art subtil de la clé à molette et du string fantaisie.
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Après les cons cierges, les cons fiottes. Va falloir éviter les cons joints, si on veut pas voir radiner tous les fumeurs du web.