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grands moments de solitude 99 (tome 2)
La main du diable
Les cancers ont parfois d’étranges conséquences. Celui qui sévissait dans ma tête (oui, le dénommé Guillaume, c’est cela même) me provoquait une paralysie de la main gauche qui me handicapait beaucoup — pour écrire, en particulier. Car non seulement cette main, devenue peu à peu insensible, ne m’obéissait plus correctement, mais j’avais l‘impression qu’elle m’était étrangère. Qu’elle ne faisait plus partie de mon corps, voyez ? Pire : qu’elle était douée d’une autonomie propre au point que je finissais par en avoir la trouille. Comme si — comment dire ? — toute ma maladresse naturelle s’était concentrée dans ce membre indocile afin de perturber mes gestes quotidiens. Ramassais-je un objet ? Elle s’empressait de le lâcher. Prenais-je appui sur elle ? Elle flanchait aussitôt, me précipitant à terre. Empoignais-je une rampe, un accoudoir de fauteuil, un dossier de chaise, une poignée de porte ? Elle refusait de s’y accrocher, alors que l’instant d’avant, elle agrippait obstinément la manche dans laquelle je voulais l’introduire. Bref, elle me jouait mille tours à sa façon, ce qui, bien entendu, me foutait en rogne.
Pourtant, ce n’était pas ça le plus flippant. Le plus flippant, c’était quand elle se faisait passer pour la main de quelqu’un d’autre, se posant à l’improviste sur ma cuisse ou sur mon épaule, telle l’empreinte glacée d’un fantôme. Que de fois je l’ai surprise, grimpant à l’assaut de mon visage comme une grosse araignée ! Ses pattes griffues parcouraient ma peau, s’attardaient sur mes joues, rampaient vers mes yeux, mon nez, mes oreilles. Que de claques elle m’a flanquées, souvent à des endroits sensibles, faisant montre, à mon encontre, d’une hostilité frisant carrément l’autopunition ! Je n’avais d’autre choix, alors, que de l’immobiliser en la coinçant dans ma ceinture ou dans ma poche, voire de l’enterrer sous une tonne d’oreillers pour qu’elle me fiche enfin la paix.
Un jour où je discutais avec Brigitte, elle se referma sauvagement sur son index.
— Mon doigt ! Lâche mon doigt ! paniqua ma belle-fille, en repoussant l’assaillante que je m’efforçais de décrisper à l’aide de ma main droite.
Tout en massant son doigt endolori, Brigitte s’éloigna prudemment de moi.
— Pauvre Michel, l’entendis-je murmurer d’un air compatissant.
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Commentaires
3LunaVendredi 19 Septembre 2014 à 11:26Wopinaise bis !!
(aussi, fallait se douter qu'il ne laisserait pas passer une aussi belle stupidité...)
9LunaVendredi 19 Septembre 2014 à 19:37J'allais le dire....
Et j'en profite pour préciser que même en cochant la petite case ad'hoc "Me prévenir par mail en cas de nouveau commentaire idiot", ça marche pas. Je repassais justement en me disant : aucun des deux zouaves n'a répondu ?? Pas la moindre petite stupidité ?? J'ai poussé un immense soupir de soulagement en constatant que si...
(et le premier qui dit que c'est parce que j'avais pas laissé mon mail dans l'autre petite cas ad'hoc, je le merde)
Voui, le coup de "Me prévenir par mail en cas d'ineptie", ça ne marche que pour les tout premiers. Après, le machin il est dégoûté, et il te prévient même pas, le fourbe. Alors qu'il est payé pour ça, quand même, hein. On lui demande pourtant pas grand-chose.
Et on ne dit pas "je te merde", mais "je te proute", chère Luna. Un peu de retenue, merde. Je sens que je vais te laver la langue au paic citron.
12LunaVendredi 19 Septembre 2014 à 19:51Je t'enverrais tout ça au bagne, pour leur apprendre à vivre, moi. Ah d'mon temps, on connaissait la vraie valeur du travail, on avait du respect.
Merde, prout... Que ce soit semi liquide ou gazeux, ça change rien à l'idée de fond (de culotte), hein...
Ton préveneur par mail en cas d'idiotie devrait clignoter au rouge avec tout ça, ce serait la moindre des choses. Et même te BEEEper bruyamment, genre : "tu regarderas Kaamelot un autre jour, y a plus urgent, là"...
14LunaVendredi 19 Septembre 2014 à 20:12Làs, mon bon ami, point de Kaamelot en vue cette fois. Juste une scène hyper romantique qui s'accommode mal de digressions merdeuses (ou prouteuses)
Ceci dit, ya un orage de ouf et ma connexion ne va donc pas tarder à me lâcher, du coup ça va pas beeeeper longtemps...
oh ben non alors ! ni merde ni prout dans les étreintes, ce serait gâcher (comme dit Mélanie quand Alix mâchouille des chamallows avant de les lui baver dans les cheveux)
bon, ceci dit, tu gardes ton orage, nous, on en en a eu un terrible, avant-hier, même que le castor était en-dessous ; je l'ai récupéré tout mouillé tout fourbu
16YunetteSamedi 20 Septembre 2014 à 02:37Je vous aime, tous les trois :)17LunaSamedi 20 Septembre 2014 à 08:36Alix mérite rien moins que le pilori. On ne bave pas du chamallow. C'est péché.
Nous zossi on t'aime Yuninouchette.
Oh la la, j'aimerai bien voir ce qu'elles donnent, vos réunions de famille, l'ambiance doit être sympa ^^
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Voilà pourquoi les castors ont la queue plate.