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grands moments de solitude 81 (tome 2)
Les paradis artificiels
Ma mère, qui avait été, tout au long de sa vie, pétrie d’a priori, changea, sur ses vieux jours. Rigoureuse — voire rigoriste —, adepte forcenée d’une alimentation saine et naturelle, elle se laissa gagner par les « vices » de l’époque que son esprit défaillant n’était plus à même de contrer. Prenons le Coca-cola, par exemple, qu’elle vouait depuis toujours aux gémonies.
— Le Coca, c’est le diable, répétait-elle souvent.
Et d’affirmer que cette boisson chimique, importée des Etats-Unis, provoquait le cancer et rongeait les boyaux.
Jusqu’au jour où Olivier, par une sorte de revanche facétieuse, lui proposa de goûter « une tite gorgée, pour voir ». Ô surprise, elle trouva cela délicieux, se resservit un verre et finit la bouteille.
Idem pour le cannabis dont je lui fis une tisane « pour l’aider à dormir ». Le résultat dépassa mes plus folles espérances. Elle qui, d’ordinaire, était insomniaque, passa une si bonne nuit que je récidivai, le lendemain. L’effet placébo ayant sans doute joué, elle ne cessa, dès lors, de chanter les louanges de « cette plante miraculeuse qu’on devrait prescrire d’office à toutes les vieilles personnes » et m’en réclama chaque soir.
De sorte que je bénis la maladie d’Alzheimer qui, en altérant sa personnalité, lui permit de découvrir, avant de nous quitter, des voluptés insoupçonnées.
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Commentaires
1YunetteJeudi 13 Août 2015 à 11:45L'alzheimer ? Un bonheur !RépondreHé oui, c'est souvent quand on n'a plus rien à perdre et qu'on a oublié jusqu'à ses idées reçues qu'on fait les plus belles découvertes !
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